Dire que Benoît Hamon n’a pas été franchement soutenu par toute sa famille politique dans cette campagne présidentielle est un euphémisme. Vainqueur de la primaire de la gauche, il a notamment vu son adversaire du second tour Manuel Valls afficher publiquement son soutien à… Emmanuel Macron, trahissant sa promesse faite devant les Français. D’autres poids lourds comme Jean-Yves Le Drian ont emprunté le même chemin. Dans un entretien accordé aux Échos, Benoît Hamon est revenu sur cette situation, héritée selon lui du quinquennat de François Hollande.
"Les ultimes convulsions d'un monde éteint, à droite comme à gauche"
"Avec François Hollande, mon désaccord date de 2014 : je considère, à ce moment-là, que le déséquilibre sur la politique de l'offre va être dommageable et que la courbe du chômage ne va pas s'inverser... Je ne pense pas m'être complètement trompé. Le leader des sociaux-démocrates allemands, Martin Schulz, le dit aujourd'hui à sa manière : "Nous ne pouvons pas continuer à nous enrichir par le fait que tous les autres Européens s'appauvrissent". Je note qu'il m'a encore apporté son soutien ce week-end et qu'il en fait plus pour ma candidature qu'une vingtaine de dirigeants socialistes ou ministres français de premier rang. Tous ces petits calculs, c'est la vieille politique, c'est déjà fini. Une génération de responsables économiques et politiques, de commentateurs aussi, ne perçoivent pas les mutations qui sont à l’œuvre. Nous assistons aux ultimes convulsions d'un monde éteint. À droite comme à gauche", assure-t-il.
"En l’occurrence, c’est même un loup garou !"
Le candidat socialiste s’en est également pris au programme d’Emmanuel Macron et notamment sa proposition de réforme de la taxe d’habitation, parlant même de "loup garou" pour qualifier son rival politique. "Toutes les mesures qui privent les collectivités locales d'une source de financement créent des problèmes et de l'incertitude. Quand c'est flou, il y a un loup et en l'occurrence, c'est même un loup garou ! Moi, je préfère mettre en œuvre une grande réforme de la taxe foncière : la taxe foncière ne portera plus que sur les actifs nets de dette. Si vous avez consenti un emprunt, il est normal que vous payez moins de taxe foncière. (...) Je suis également favorable à un rapprochement entre taxe foncière et ISF avec la création d'un impôt unique sur le patrimoine", explique-t-il.