Décriée avant même le début des concertations, la réforme de la loi Travail, l'un des grands chantiers du quinquennat Macron, est désormais enclenchée avec la présentation jeudi des ordonnances, dont le contenu doit notamment permettre davantage de souplesse au sein des PME et des TPE. On en parle avec Hervé Lambel, le président-fondateur du Cerf (Créateurs d'emplois et de richesse de France) qui se montre plutôt sceptique.
En réaction à la publication des ordonnances, la CGT, par l'intermédiaire de Phlippe Martinez, a déclaré qu'il s'agissait de la fin du contrat de travail. Est-ce que vous êtes d'accord ?
Ah non pas du tout ! Je pense que la CGT est dans la posture pour essayer de mobiliser dans l'optique de la journée de manifestation, programmée avant même la publication des fameuses ordonnances. Mais on est très très loin de la fin du contrat de travail et puis surtout, même s'il y a des avancées et beaucoup d'annonces, il y a, à mon sens, une très très grande déception pour les petites entreprises.
Pour quelles raisons ? Qu'est-ce que vous auriez souhaité pour les petites entreprises ?
Tout le discours de présentation porte sur les TPE et PME mais de l'autre côté, on nous parle beaucoup notamment de la réforme et du plafonnement d'indemnités prud'homales. Ce que tout le monde passe sous silence, c'est qu'en fait aujourd'hui le licenciement va coûter plus cher. Et donc on a, en contrepartie de toutes les dispositions qui ont été prises, une augmentation du coût du licenciement de 25 %... Avec ou sans prud'homme, quand vous licenciez le salarié, les indemnités légales de licenciement augmentent de 25%.
Estimez-vous que ces mesures ne sont pas de nature à créer du travail, qu'elles ne vont pas encourager les petits patrons ? Certains disent que ces derniers seraient satisfaits car ils pourraient dorénavant recruter plus facilement.
Ça, c'est le deuxième enseignement. Le gouvernement a eu une démarche d'ouverture et de réflexion qui concerne toutes les entreprises et ça c'est une excellente chose. La méthode, a priori, a plutôt l'air de porter ses fruits. Mais ce qui est confirmé aujourd'hui, quand on voit le satisfecit de toutes les organisations - notamment patronales - c'est l'absence totale de représentativité réelle des organisations. Donc le gouvernement a parlé avec des organisations qui ne sont pas représentatives mais qui du coup se satisfont d'un résultat qui ne satisfera pas les entreprises ni les salariés.
C'est un premier pas, mais il va y avoir de nouvelles négociations, notamment sur la formation, les assurances chômage et l'ensemble des mesures d'accompagnement, n'est-ce pas ?
Soyons très clairs, le gouvernement n'a pas prévu de nouveau round de négociations et les entreprises demandent de la stabilité. Donc globalement, on est parti pour que tout ce qui a été décidé hier soit en place pour les 5 ans du quinquennat. Il y a dedans des avancées incontestablement, des tentatives d'ouverture. Maintenant, on dit que c'est beaucoup les TPE, notamment le renforcement du pouvoir des branches. Les branches vont conserver un rôle extrêmement important. Et donc, à travers les branches, les organisations ne sont pas suffisamment représentatives et pas suffisamment efficaces dans l'accompagnement des entreprises et des salariés. On n'améliorera pas fondamentalement la situation des entreprises et surtout pas des petites.
>> Retrouvez l'intégralité du podcast de l'interview :