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Hervé le Bras : "Emmanuel Macron est brillant mais peu empathique, un peu Asperger"

Le président de la République devrait travailler sa fibre populaire, selon Hervé Le Bras, historien, démographe et directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS), invité du "Petit déjeuner politique". Selon lui l'automobile, comme outil de travail indispensable, s'avère être la raison profonde de la révolte des gilets jaunes, plus encore que la question fiscale. Une France périurbaine, et un sentiment d'abandon, qui correspondent pour lui.... au vote "Chasse pêche nature et traditions" durant la présidentielle de 2002.

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" La voiture, c'est la première des libertés: la liberté de mouvement"

Une raison profonde à la crise des gilets jaunes, selon Hervé Le Bras: "Ils ont touché quelque-chose qui n'est pas seulement de l'ordre du niveau de vie, des taxes... On touche à quelque-chose d'important: la voiture. Tout ceux qui soutiennent le mouvement sont ceux pour qui la voiture n'est pas un luxe. Ils se sont senti menacé dans leur instrument de travail. 80 km/h, taxe carbone...".

"La diagonale du vide, la France des voitures, des services publics qui s'éloignent"

Pour cet universitaire, la France rurale n'est pas celle qui se paupérise le plus, bien que le sentiment d'abandon soit fort. "La plus grande pauvreté est dans les villes moyennes, mais la ruralité souffre de la disparition des services publics, c'est la diagonale du vide, la France de ceux qui utilisent les voitures. Il y avait une espèce de pacte implicite: d'accord, les services publics s'éloignent mais on vous donne les moyens de vous déplacer avec votre voiture et des routes bien entretenues".

Les gilets jaunes? "Chasse pêche nature et traditions en 2002"

Hervé Le Bras le reconnait, il s'attendait a priori à voir apparaître la carte du vote Rassemblement national ou France insoumise, en analysant la France des gilets jaunes. Sauf que non:

C'est plutôt hors-politique. Plutôt les abstentionnistes. S'il fallait faire un parallèle, ça correspond au vote "Chasse pêche nature et traditions de 2002. Une population et des thématiques qui n'étaient pas représentées dans les partis traditionnels.

En 2017, il y avait quatre France au premier tour, recoupées par deux clivages, analyse t-il : "D'une part Macron contre Le Pen, et de l'autre Fillon contre Mélenchon. C'était un peu les régions opposés. Un couple ouvert/fermé (Macron/Le Pen) passé au devant du couple gauche/droite ou riches/pauvres (Fillon Mélenchon). Cela fait au moins quatre France".

"Emmanuel Macron devrait avoir une fibre un peu plus populaire"

L'historien démographe, qui en appelle à se méfier des analogies avec 1789 et la Révolution française... Et de citer Karl Marx. "L'histoire se répète, mais la seconde fois, c'est une caricature".

Comment le pouvoir macronien a t-il répondu à cette crise? Plutôt mal, à en croire Hervé Le Bras. "C'est un avis personnel, mais il lui manque une fibre un petit peu plus populaire. A Bourtheroulde, c'était brillant mais ça manquait d'empathie, on aurait dit qu'il repassait son grand oral de l'ENA. Un côté un peu hors-sol, ou même, comme disait quelqu'un, un côté un peu Asperger dans sa façon d'être"

Selon lui, pour sortir de la crise, il aurait fallu saisir la balle au bond, au sujet du référendum d'initiative citoyenne que réclament les gilets jaunes. "C'était une occasion. Le grand débat, ça me rappelle celui de Sarkozy sur l'identité nationale: c'est pas un bon format".

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