Hervé Morin : "il y a eu tellement de défauts d’anticipation depuis neuf mois ou dix mois de la part du gouvernement"
Les laboratoires Pfizer et BioNTech ont annoncé, lundi 9 novembre 2020, avoir trouvé un vaccin contre la Covid-19, en tout cas selon les premiers résultats. "C’est une formidable nouvelle pour nous tous", estime Hervé Morin, président de la région Normandie. Toutefois, "ça ne va pas fondamentalement changer notre vie en 2021" car "on ne pourra pas vacciner toute la population".
De plus, la France est "le pays qui accepte le moins la vaccination", ce que confirme un sondage Ifop publié le 10 novembre 2020 qui dévoile que moins de 60% des Français sont prêts à se faire vacciner contre la Covid-19. Pour le président des Centristes, "c’est une belle leçon, aussi, sur la confiance dans la science et dans le progrès, face à tous les complotistes de la Terre".
"On imagine que les premiers vaccinés seront les plus touchés par la maladie", juge l’ancien ministre qui rappelle qu’il faut "que pour une fois l’État anticipe correctement", en particulier au niveau de la logistique et le stockage. Une inquiétude, pour Hervé Morin : "il y a eu tellement de défauts d’anticipation depuis neuf mois ou dix mois" de la part du gouvernement, qu’il n’a plus totalement confiance.
Il y a "au moins 35.000 cas par semaine" chez les jeunes
Les enseignants des collèges et lycées de France sont appelés à faire une grève sanitaire le 10 novembre 2020 pour protester contre les mesures mises en place dans les établissements, jugées insuffisantes. "L’organisation est en place" souligne le président de la région Normandie, qui ne manque pas de critiquer le ministère de l’Éducation nationale qui "s’était endormi, assoupi, durant l’été, au moment où au contraire il aurait fallu préparer très clairement les conditions du déconfinement". "Je n’ai jamais compris pourquoi on avait rouvert les facs avec des amphi pleins avec 500-1.000 jeunes" alors que ces derniers ne respectent pas au mieux les gestes barrière. "Sur les lycées, je continue à penser qu’on aurait pu dédoubler les classes, avoir des classes hors des murs, bâtir un système dans lequel une partie des cours étaient prodigués à distance. Il fallait le faire dès le mois de septembre".
Alors que le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, annonce qu’il y a "3.500 élèves contaminés par semaine dans les établissements scolaires, ces chiffres sont complètement fantaisistes", estime Hervé Morin. En extrapolant les données générales des contaminations en France, Hervé Morin analyse qu’il y a "au moins 35.000 cas par semaine" chez les jeunes, "au-delà du fait que beaucoup de jeunes sont eux-mêmes asymptomatiques. On voit bien que les chiffres qui sont annoncés par l’Éducation nationale ne correspondent pas à la réalité." Pour lui, il aurait fallu "bâtir un système dans lequel on espaçait les classes, on espaçait l’ensemble des structures" afin de limiter les contaminations.
Les présidents de régions sont "prêts à faire des efforts", souligne Hervé Morin. "Je rappelle que les Régions ont presque toutes acheté des ordinateurs portables pour lutter contre la fracture numérique. Est-ce que l’Éducation nationale en a acheté un seul ?" interroge-t-il.
L’ancien ministre juge nécessaire de bâtir "un modèle qui soit le plus solide possible" car, selon les experts, il y a un risque de troisième vague de contaminations.
Petits commerces : "on pourrait très rapidement mettre en place le système allemand"
Les commerces, toujours fermés, sauront jeudi 12 novembre 2020 s’ils pourront rouvrir dès cette semaine, mais la balance n’est pas en leur faveur. Le président de la région Normandie estime, lui, que "clairement, on pourrait très rapidement mettre en place un système, qui est le système allemand. On ne peut pas leur reprocher de manquer de rigueur !" souligne-t-il.
Outre-Rhin, "c’est un client pour 10 mètres carrés dans un commerce de proximité rappelle Hervé Morin. Mettons en place des mesures qui permettent aux commerces de proximité qui vivent un cauchemar de pouvoir ouvrir".
"Edouard Philippe se débrouillait bien ; il avait une stature d’homme d’État"
Jean Castex, nouveau Premier ministre après Edouard Philippe, est jugé par certains comme n'étant pas à la hauteur de la situation, l’ancien Premier ministre étant regretté par certains. "Je constate que c’est compliqué de devenir Premier ministre quand on a peu d’expérience en politique", souligne Edouard Morin.
" Je pense que l’expérience ce n’est pas totalement inutile." Comme d’autres, il semble regretter Edouard Philippe : "je pense qu’Edouard Philippe se débrouillait bien et qu’il avait une stature d’homme d’État".
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