Ian Brossat : "Le gouvernement ne travaille avec personne, est complètement bunkerisé !"
Jean Castex, lors de sa conférence de presse du 7 janvier 2021, a annoncé que ni les lieux culturels, ni les bars et restaurants, ni les salles de sport ne pourront rouvrir pour l’instant. Pour Ian Brossat, porte-parole du PCF, il s’agit surtout d’un "changement de braquet" : "le gouvernement change sa stratégie de vaccination parce qu’il y a eu des polémiques". Pour lui, c’est une bonne nouvelle que le gouvernement permette "enfin à la stratégie de vaccination de monter en puissance". Toutefois, "tout cela donne quand même un terrible sentiment d’improvisation permanente".
La vaccination devrait être accélérée par le gouvernement, mais les détails restent à définir, notamment le rôle des municipalités. À Paris, Ian Brossat confie ne rêver que de pouvoir organiser des choses. "La ville de Paris ne peut pas le faire indépendamment de l’État et indépendamment de l’Autorité régionale de Santé." Il rappelle que la municipalité a proposé depuis des semaines "des lieux de vaccination, proposé du personnel municipal pour vacciner, proposer, y compris, de louer des frigos à -80 degrés" afin de stocker le vaccin. "Pour l’instant, la perche que nous avons tendue à l’État n’a pas été saisie", l’exécutif répondant "ce n’est pas utile".
Le maire adjoint de Paris en charge du logement souligne que "nous sommes évidemment prêts à participer à tout cela", tout comme "l’ensemble des collectivités locales". "Mon sentiment, c’est que si le gouvernement était tellement en difficultés avec sa stratégie de vaccination, c’est parce qu’il ne travaille avec personne, c’est parce qu’ils sont complètement bunkérisés." Quant à savoir si le gouvernement agit politiquement contre Anne Hidalgo, Ian Brossat déclare qu’il "n’ose pas imaginer une chose pareille". "Et je ne pense pas, d’ailleurs, que ce soit le cas." Pour lui, "on a affaire à des gens qui sont tellement convaincus d’avoir la science infuse qu’ils pensent pouvoir se passer des collectivités locales".
"Le gouvernement ne prend pas la mesure des risques qui existent dans l’école"
Le couvre-feu à 18h, contre 20h dans les zones peu à risque, pourrait être étendu à une dizaine de départements en France, alors qu’il en concerne déjà 15, selon Jean Castex. Quant à savoir s’il faut l’instaurer dans la capitale, Ian Brossat explique ne pas avoir "tous les éléments pour juger". "Ce qui est sûr, c’est qu’on sent que la situation sanitaire est extrêmement préoccupante" alors que l’objectif de 5.000 cas par jour s’éloigne.
"Si ça s’aggrave la semaine prochaine, je comprendrais que des mesures soient prises", souligne le porte-parole du PCF. Une hypothèse qui pourrait se réaliser "parce qu’on a ce variant britannique qui est manifestement hors de contrôle".
Les écoles, qui restent ouvertes, font craindre la création de clusters. Un avis partagé par Ian Brossat, lui-même ancien professeur : "quand j’entends le ministre de l’Éducation nationale expliquer qu’il n’y a pas de problèmes dans les cantines, attendez, mais on rêve ?" Pour lui, il est évident que dans les cantines, "où les gens n’ont pas de masque, il y a un risque de contamination".
"La décision qui a été prise de les maintenir est une vraie question. Après, c’est vrai que c’est compliqué si on fermait les cantines." L’inquiétude est réelle, selon le maire adjoint, dans le système scolaire, autant de la part des professeurs que des parents. "Je pense que le gouvernement ne prend pas la mesure des risques qui existent dans l’école, bien sûr."
"Toute une série de secteurs sont dans des difficultés énormes, il faut les aider"
Certains élus appellent à un troisième confinement, une mesure décidée par certains pays dans le monde. "Je n’en sais rien", précise Ian Brossat quant à la question de reconfiner ou non. "C’est une responsabilité qui relève du gouvernement."
Les restaurants, les bars, les salles de spectacle et de cinéma resteront encore fermés, sans réelle visibilité sur une date de réouverture. "Je comprends évidemment les difficultés" des professionnels de ces secteurs, souligne l’élu. "On a quand même toute une série de secteurs qui sont dans des difficultés énormes. Il faut les aider.
Si la ville de Paris a pris des mesures pour aider les professionnels, comme sur la gratuité de certains loyers dont elle a la maîtrise, "je ne comprends pas que le gouvernement soit plus ferme vis-à-vis des compagnies d’assurance". "Quand on voit l’argent que se font les compagnies d’assurance, et qu’on voit qu’elles n’aident pas ces professions qui sont en difficulté, il y a quand même un certain nombre de questions à se poser."
S’il faut "soutenir ces secteurs", répète Ian Brossat, "on voit bien qu’aujourd’hui, rouvrir les restaurants, ça ne serait pas raisonnable. Donc il y a besoin de les aider, mais il y a aussi besoin de tenir compte de la situation sanitaire".
"Je déteste Trump, je déteste ses idées, mais qu'un président encore en activité se fasse censurer, ça pose question !"
Ian Brossat refuse de faire un parallèle entre la violente intrusion de manifestants pro-Trump au Capitole et les Gilets Jaunes : "la mobilisation des Gilets Jaunes était extrêmement massive, rappelle-t-il, ceux qu'on a vus au Capitole étaient en réalité une poignée ! Cela dit, il y a toujours des risques de débordements qui existent, reconnaît-il, et le populisme existe aussi en France".
Donald Trump a vu tous ses comptes sur les réseaux sociaux supprimés. "Pour être honnête, je déteste Trump, je déteste ses idées, mais qu'il ne puisse pas les exprimer sur Twitter et qu'un président encore en activité se fasse censurer, je trouve que ça pose question !".
Présidentielles : "Je soutiendrai mon candidat qui sera sans doute Fabien Roussel"
Anne Hidalgo a des ambitions présidentielles. Peut-elle rassembler la gauche ? s'interroge Patrick Roger. "Je ne sais pas à l'heure actuelle si elle sera candidate, elle prendra sa décision le moment venu, précise Ian Brossat. C'est une personnalité qui compte à gauche, estime-t-il, elle est maire de la capitale, elle a été réélue, elle a beaucoup de qualités. Mais je suis communiste, rappelle-t-il, je soutiendrai mon candidat qui sera sans doute Fabien Roussel. Je suis convaincu que le parti communiste a des propositions à faire et pour porter des propositions, il faut avoir un candidat à l'élection présidentielle".
Des mouvements sociaux s'annoncent fin janvier. "Qu'il y ait une colère et qu'elle puisse s'exprimer notamment sur le terrain social, c'est normal ! estime Ian Brossat. Il y a bien sur la crise sanitaire, mais le risque est que la crise sociale dure plus longtemps que la crise sanitaire. Nous soutiendrons ces mobilisations", annonce-t-il.
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