C’est un courrier qui fait parler dans le microcosme politique parisien. La maire de Paris, Anne Hidalgo, a en effet envoyé une lettre aux locataires de logements HLM de la capitale pour les informer des conséquences de la baisse programmée des APL, mesure gouvernementale ô combien controversée depuis cet été. Adjoint (PCF) à la mairie, en charge du logement, Ian Brossat justifie au micro de Sud Radio une telle démarche.
"La décision de baisse des APL va avoir des conséquences très concrètes sur les locataires du parc social, il est donc normal de les informer sur les conséquences désastreuses que cette mesure va avoir sur l’entretien du parc social et sur la construction de logements sociaux. Je pense que la maire de Paris est parfaitement légitime à écrire ce courrier aux locataires. Il y a 450 000 Parisiens qui vivent dans ces logements HLM, il est légitime de les informer", déclare-t-il d’emblée.
"En quoi cela vous gêne-t-il que la maire de Paris dise la vérité ?"
Alors que les élus de La République En Marche fustigent une méthode "digne du Parti Communiste des années 1970", l’adjoint au maire réplique fermement. "C’est assez risible, il y a des collectivités de tous bords qui ont entamé exactement la même démarche partout en France. Des élus de droite ou de gauche écrivent aux locataires HLM pour les informer. Quand j’entends des élus LREM dire ça, j’ai envie de leur dire : "En quoi cela vous gêne-t-il que la maire de Paris dise la vérité ?" Il y a eu beaucoup de propagande du gouvernement visant à faire croire que cette mesure n’aurait aucune conséquence. En réalité, elle en aura, et le rôle d’un maire est de défendre les locataires et de les informer. (…) Je vois surtout dans la réaction des élus LREM un peu de fébrilité. Dans toutes les villes de France, les maires écrivent aux locataires HLM et plus largement à leurs administrés pour les informer. C’est ce que fait Anne Hidalgo. Je pense qu’il faut que tout le monde se calme, cette démarche est parfaitement légitime. Par ailleurs, ce courrier est co-signé par des présidents d’office HLM, dont certains ont soutenu Emmanuel Macron à la présidentielle !", lance-t-il.
"Une escroquerie en bande organisée"
Selon Ian Brossat, la baisse des APL aura des conséquences directes sur les locataires. "Cette mesure va très concrètement conduire à Paris à piquer 50 millions d’euros dans la caisse des bailleurs sociaux. 50 millions d’euros ! C’est une escroquerie en bande organisée. Il est parfaitement normal que la maire de Paris proteste contre une mesure qui va avoir des conséquences très négatives. Ce qui va se passer, c’est que les bailleurs sociaux n’auront plus la capacité de refaire la cage d’escalier quand c’est nécessaire, de changer l’ascenseur quand il est en panne, etc. Tout ça parce que le gouvernement a décidé de piquer ces 50 millions d’euros", déplore-t-il.
Réécoutez en podcast l’interview de Ian Brossat sur Sud Radio