Dans son allocution, Emmanuel Macron a semblé vouloir comprendre la colère face à la réforme des retraites. Mais était-il sincère ?
Moins de mépris, plus de dépit
"La question des intentions est toujours délicate, commente Élodie Mielczareck, sémiologue, auteur du livre "Ce que les gestes et les mots disent des autres". On peut repérer des moments où correspondent ce qui est dit et l’expression faciale. Il y a parfois de petits décalages. Pour une fois, il y avait de réelles attentes en termes de dynamique relationnelle. Les gens disaient "on va regarder son attitude, voir s’il va apaiser les tensions."
"En termes d’expression faciale, on n’était pas dans les mêmes états émotionnels qu’en mars. Il y avait beaucoup de sourires. Emmanuel Macron a dû travailler là-dessus. Il avait d'ordinaire souvent un petit rictus avec un sourire asymétrique. C’est codifié comme un sourire de mépris. On a eu beaucoup moins d’expressions de mépris, et plus de dépit pour montrer qu’il était impacté par la situation."
🗣️@lasemiologie : "Ses mots évoquent la colère, son visage non. Elle n'est pas incarnée, pas vécue. Quand il dit qu'il entend cette colère, j'ai des doutes" #allocutionpresidentielle #ReformedesRetraite
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— Sud Radio (@SudRadio) April 18, 2023
Emmanuel Macron : "Un discours qui est plus lu qu’incarné"
"Il y a tout de même un paradoxe chez Emmanuel Macron : le fait qu’il gesticule énormément quand il prend la parole, analyse Élodie Mielczareck. Mais quand on rentre dans la qualité de l’émotion, l’expressivité pure, c’est plus étonnant. Autant les mots évoquent, autant son visage ne porte pas, n’incarne pas cette colère quand il dit « j’entends la colère ».
Emmanuel Macron apparaît-il convaincant durant ces 13 minutes ? "C’est la difficulté. Sans doute veut-il être dans la maîtrise de son discours. Donc il y a un prompteur. On voit au mouvement des yeux que c’est un discours qui est plus lu qu’incarné. C’est assez désastreux en termes de discours politique, cela donne des corps automates. Il arrive à donner le change en gesticulant beaucoup. En discours, une stratégie a émergé ces dernières semaines : il a troqué le "je" pour le "nous". C’est culpabilisant pour celui qui reçoit, mais adroit : c’est une manière de se déresponsabiliser, de dire "nous sommes responsables collectivement".
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