Empêtré dans les affaires des assistants parlementaires au MoDem, François Bayrou, ministre de la Justice, est "en mesure de défendre" la loi sur la moralisation de la vie publique, selon Jean-Baptiste Lemoyne. "Je pense que compte tenu des signaux qu’il a envoyé en disant 'je suis garde des sceaux, je n’ai pas à connaître des éléments de cette procédure', il a donné un ordre formel au parquet de ne pas transmettre les informations au service de son ministère. Je trouve ça plutôt vertueux", a dit le sénateur de l’Yonne, soutien de la première heure d’Emmanuel Macron. Selon lui, la crédibilité du Garde des sceaux est intacte du fait de son engagement "depuis de nombreuses années sur ce sujet". "Ce qui compte, c’est que ça change. J’ose espérer qu’on ne verra plus un certain nombre d’affaires qui ont altéré le lien entre les citoyens et les politiques", a-t-il ajouté.
François Bayrou a été "maladroit"
Jean-Baptiste Lemoyne a tout juste concédé que l’appel de François Bayrou à un dirigeant de Radio France, pour s’opposer au passage d’un reportage sur l’affaire des assistants parlementaires, était "maladroit". "On est aujourd’hui dans un monde d’open data XXL. On ne peut plus dissocier la fonction de l’homme, tout ce que nous faisons est vu à travers le prisme de la fonction que nous occupons", a poursuivi le sénateur de l’Yonne. Néanmoins, il réfute toute idée d’une entrave à la liberté de la presse au sein de l’exécutif. "C’est normal que les journalistes interrogent et enquêtent, mais inversement, les journalistes, dans leur travail, doivent respecter leurs différents interlocuteurs", a expliqué Jean-Baptiste Lemoyne, considérant que "les employés du MoDem interrogés ont peut-être eu le sentiment d’être malmenés, chahutés".
Le sénateur de l’Yonne a également dit vouloir sortir de l’anecdotique "comme François Hollande l’a été" pointant du doigt la publication du livre "Un président ne devrait pas dire ça", de Gérard Davet et Fabrice Lhomme. "Le fonctionnement politico-médiatique est tel qu’à un moment il faut préserver les messages essentiels. Hier (mardi), on a presque moins entendu parler du plan antiterroriste d'Emmanuel Macron et de Theresa May que de ce feuilleton", a regretté l’élu.
Des législatives totalement acquises à la majorité présidentielle
Interrogé sur les législatives, et plus précisément le cas de la 18e circonscription de Paris, où Myriam El Khomri et Pierre-Yves Bournazel, se présentent tous les deux sous l’étiquette de la majorité présidentielle, Jean-Baptiste Lemoyne n’a pas réussi à trancher. "Que le meilleur gagne", a-t-il résumé saluant "le courage" des deux candidats. Plus largement, sur le renouvellement des élus à l’Assemblée, le sénateur de l’Yonne a dit ne pas s’inquiéter des novices. "J’ai accueilli de nombreux nouveaux députés, ils se mettent très vite dans le bain parce qu’il y a une envie d’agir", a expliqué l’élu. "Il y a une aspiration profonde à ce que les carrières de 30 ou 40 ans en politique cessent", a-t-il ajouté précisant que "la vie politique c’est apporter sa pierre à l’édifice, pas enchaîner les mandats".
Concernant la fracture entre les citoyens et les élus, Jean-Baptiste Lemoyne s’est déclaré favorable à l’introduction d’une dose de proportionnelle aux élections législatives "pour permettre à tous les courants d’être représentés", mais il a aussi rappelé que "le mal est plus profond". "C’est aussi ce qui a légitimé la création d’En Marche il y a un peu plus d’un an. Souvenez vous, c’est le parti qui a ouvert des centaines de milliers de porte pour construire un diagnostic du pays et bâtir un projet", a expliqué le sénateur, qui y voit une des raisons du succès d’En Marche aux élections, notamment législatives. Dimanche, après le second tour, la République en Marche devrait obtenir la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Selon Jean-Baptiste Lemoyne, cette situation a une vertu : "éviter la tragi-comédie qu’on a vécu sous le dernier quinquennat" avec l’opposition formée par les frondeurs au sein du groupe socialiste.
Enfin, au lendemain de la rencontre entre la Première ministre britannique, Theresa May, et Emmanuel Macron, Jean-Baptiste Lemoyne a appelé "à repenser l’Union européenne et son fonctionnement" face au Brexit. "En matière migratoire, en matière de défense, alors que l’Europe a des compétences, on a eu l’impression qu’elle était absente". Et ça ne fait aucun doute pour le sénateur LR, Emmanuel Macron est attendu pour "être la locomotive" de ce changement. "Ce sont les démagos qui veulent tuer l’Europe alors qu’on a besoin d’un continent uni face à la Chine et aux États Unis", a-t-il conclu.