Le député LREM de la Creuse, porte-parole d'En Marche et conseiller d'Emmanuel Macron sur les questions agricoles, annonce qu’une commission d'enquête parlementaire va tirer un premier bilan de la loi alimentation au cours des six prochains mois. Son but : vérifier que la grande distribution joue vraiment le jeu dans les négociations commerciales.
Pour cet agriculteur de profession, "sur le lait, ça va un peu mieux grâce aux États généraux, et à la conjoncture. Les cours sont un peu remontés. Mais il y a encore des grands soucis dans la viande. C’est notre mission de faire appliquer ces États généraux de l’alimentation, et cette loi qui en est issue. Des contrats tripartites sont signés entre agriculteurs, intermédiaires et distributeurs, avec de la transparence sur les marges et les coûts de production. Après, il y en a qui font beaucoup de com’ et pas grand chose derrière."
"Leclerc ne se bat pas contre les grands groupes"
Les négociations commerciales annuelles se terminent en cette fin de semaine. L'occasion de faire un premier bilan de la loi alimentation, et de pouvoir "tirer les conséquences s’il y a eu des insuffisances côté grande distribution". La commission d'enquête parlementaire, étudiera quelles méthodes, "bien souvent déloyales", sont utilisées par la grande distribution, et en tirer les conséquences. "Il va falloir regarder toutes les factures et vérifier si la descente de la valeur va bien jusqu’aux producteurs. Le seuil de revente à perte a été mis en place, mais on voit bien que certains distributeurs essaient de le contourner", souligne Jean-Baptiste Moreau. À commencer par "un certain qui écume les plateaux télé, qui fait des déclarations d'amour aux agriculteurs mais qui serre le kiki à tout le monde". Pour l’ex agriculteur, "le principal pouvoir d'achat que Leclerc a défendu, c'est avant tout le sien. Depuis 30 ans, c’est un des principaux responsables de la crise agricole. La guerre des prix qu’il a déclenché a détruit un milliard d’euros par an de valeur dans la filière agro-alimentaire. Il a mis à genoux un certain nombre de PME de l'agroalimentaire. Contrairement à ce qu'il dit, il ne se bat pas contre les grands groupes : ce sont les PME qu’il étrangle."
De vraies distorsions de concurrence en Europe
L’ouverture des frontières n’a-t-elle pas constitué une concurrence déloyale ? "Le problème aujourd'hui n'est pas l'importation, mais la chute de la consommation, notamment dans le secteur de la viande", estime Jean-Baptiste Moreau. Face aux produits venus de Pologne ou de Roumanie, "il faut davantage de contrôle, une vraie DGCCRF [direction de la concurrence et de la répression des fraudes, ndlr] au niveau européen, pour contrôler en interne et en externe, et aller voir les procédés de production dans les pays d’origine. Car, aujourd’hui, on a de vraies distorsions de concurrence." Mais la politique agricole commune européenne a cependant aussi "sauvé l’agriculture française. Elle n’existerait plus sans l’Europe."
Le porte-parole d'En Marche réagit par ailleurs aux déclarations de la tête de liste RN aux élections européennes, sur une invasion de bœuf aux hormones sur le marché européen et des poulets chlorés du brésil : "Jordan Bardella ferait mieux de parler de ce qu’il connaît. Le bœuf aux hormones, ce n’est pas possible. Il y a des contrôles à l’arrivée. On le détecterait parfaitement. Dans la loi "égalim", un amendement interdit de commercialiser en Europe des produits qui sont fabriqués avec des produits interdits en Europe."
Selon Jean-Baptiste Moreau, "les plus grandes distorsions de concurrence sont sur le salaire, le social, le fiscal, plus que sur les normes environnementales. En France, on demande plus de normes environnementales. Sur le glyphosate, ce sont aussi des attentes sociétales à prendre en compte, mais il faut emmener nos partenaires européens dans la même direction. Sinon, on met un boulet au pied de nos agriculteurs. Il ne faut pas faire attention à pas mettre des filières dans le rouge."
Enfin, face à la pollution aux particules fines, pourquoi ne pas développer davantage le bio-éthanol ? "Je suis favorable, au fait d’en avoir dans toutes les stations d’une certaine capacité. Le bio-éthanol ne résoudra pas forcément tous les problèmes de particules fines, mais peut donner un nouveau souffle à l’agriculture française avec la production de ces bio-carburants et réduire notre dépendance aux carburants fossiles."
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