C'est demain jeudi que le gouvernement dévoilera les 5 ordonnances destinées à réformer le Code du Travail. Ardemment défendues par le camp du président Marcon, qui a fait de ce chantier l'un de ses chevaux de bataille pour le quinquennat, ces ordonnances sont pourtant loin de faire l'unanimité. On en parle avec Jean-Claude Mailly (Secrétaire général de Force ouvrière).
Bonjour Jean-Claude Mailly. Première question : comment sentez-vous cette rentrée politique ? Les patrons se réjouissent de la future loi et vous, en tant que représentant syndical, qu'en pensez-vous ?
J'ai toujours dit depuis le début, en reprenant une formule paysanne qui est de dire que "c'est à la fin du marché que l'on compte les bouses", que l'on devait attendre demain, jour où on aura le contenu exact des ordonnances. Ce que je sais, c'est que nous avons décidé d'être dans la concertation. Ça part d'un texte très libéral, on a pu bouger des choses, je l'espère en tout cas, on a pu en obtenir certaines mais il y aura des points de désaccord.
D'une façon générale, comment est le climat en cette rentrée ?
Il y a beaucoup d'inquiétudes et beaucoup d'attentisme. Les gens se demandent ce qu'il va se passer. Qu'est-ce qui va être décidé ?
Ce qui explique la baisse de la cote de popularité d'Emmanuel Macron ?
Oui, il y a eu quelques annonces du type "baisse des APL" et "des contrats aidés". Les gens commencent à s'inquiéter, à juste titre, comme les retraités par exemple, inquiets de l'augmentation de la CSG qui va pénaliser leur pouvoir d'achat. Donc, ça fait beaucoup de choses...
... on est dans le concret, on est dans le dur ?
Oui, on est dans le dur, bien sûr. Parce qu'en ce qui nous concerne, il y a à la fois le dossier qu'on évoquera demain sur le marché du travail, mais il va y avoir l'assurance chômage ensuite, la formation professionnelle. Il y a aussi l'histoire de la CSG, le pouvoir d'achat, la fonction publique donc il y a beaucoup de dossiers sur la table.
Concernant ces fameux "contrats aidés", il y en avait 500 000 il y a quelques années. Les geler, c'est supprimer des emplois, êtes-vous inquiet ?
C'est un coup de rabot qu'ils ont fait. À la limite, qu'on discute de l'efficacité de ces contrats. Moi je pense que c'est utile, parce que ça remet le pied à l'étrier à des gens qui sont loin du travail. Normalement, ça doit se traduire par un emploi à la fin, ce qui n'est pas toujours le cas. Il aurait fallu dire "on en discute" et on regarde après comment on les remplace. Or dans l'immédiat, on ne remplace pas, on supprime...
... il y a des rentrées scolaires qui sont justement menacées à cause de ça...
Le gouvernement nous dit par exemple que concernant ceux qui aident les enfants, que l'on appelle les AVS dans l'éducation nationale, il va faire très attention et ne pas en supprimer dans les petites communes, celles qui ne tournent plus sans ces emplois aidés. Il n'en reste pas moins qu'il y a une chute brutale qui n'est pas compensée et la raison est uniquement budgétaire. Même si, comme à chaque fois, les gouvernements chargent la barque et refont beaucoup de contrats aidés avant de partir, c'est vrai. Mais ce n'est pas une raison, on aurait dû attendre...
...on est allé trop vite ?
Oui mais pourquoi ? Pour des raisons strictement budgétaires... Je pense que le budget 2018 va être quelque chose de serré également qui va générer des oppositions.
Revenons-en aux ordonnances. Comment ça va se passer demain ? Vous n'avez pas eu accès au texte ?
Non, on n'a pas le texte entre les mains... Mais ce n'est pas la première fois qu'on discute de dossiers sans qu'on nous remette le texte à la fin. Par contre, il y a eu, depuis le mois de juin quasiment, énormément de réunions, de concertations, on a discuté de tout. Après, ils écoutent, ils n'écoutent pas, c'est ce que je vais voir demain. Je pense qu'il y aura des choses qu'on a obtenues, peut-être pas beaucoup, et je pense aussi qu'on a évité beaucoup de choses.