Le Front national ne s’attendait pas à une telle déconvenue au premier tour des élections législatives. Invité de Territoires d’Infos sur Public Sénat et Sud Radio, Jean-Lin Lacapelle, secrétaire général adjoint du FN, a admis que son parti "avait mal estimé la démobilisation" et ne pensait pas qu’elle serait "aussi massive". Néanmoins, le Front national continue de vouloir croire qu’il peut être le principal opposant à Emmanuel Macron. Jean-Lin Lacapelle a donc sonné le rappel des troupes. "Je demande aux électeurs de ne pas aller à la pêche, il n’y aura pas Roland Garros, qu’ils n’aillent pas à la plage. Dimanche prochain, on va aux urnes et on vote pour le candidat" a lancé le responsable du parti qui a estimé possible la constitution autour de Marine Le Pen "qui sera notre chef politique et la leader de l’opposition".
Le FN pour une proportionnelle intégrale
Pour Jean-Lin Lacapelle, le scrutin du second tour dimanche prochain se résume donc à une alternative très simple, entre "les pleins pouvoirs pour M.Macron et les Républicains" et l’opposition, "celle de Marine Le Pen". Pour autant, alors que les sondages donnent entre cinq et quinze députés pour son parti, le secrétaire général adjoint du FN n’a pas voulu se mouiller sur une estimation du nombre d’élus Front national dimanche soir. "De la même manière que nous avions mal estimé la démobilisation des gens au premier tour, je ne sais pas s’ils vont se mobiliser", a-t-il botté en touche tout en laissant entendre que "les électeurs de Marine Le Pen vont être représentés de façon marginale", ce qui est "anormal dans une démocratie".
C’est notamment pour cette raison que le Front national plaide pour un changement du mode de scrutin aux élections législatives. Comme l’a rappelé Jean-Lin Lacapelle, le FN souhaiterait "une proportionnelle intégrale avec une prime pour la liste arrivée en tête, ce qui permet d’éviter toute fragilité gouvernementale et d’avoir une opposition plurielle". Le secrétaire général adjoint du parti voit donc plutôt d’un bon œil le projet d’Emmanuel Macron sur l’incorporation prochaine "d’une dose de proportionnelle". "C’est une bonne nouvelle que l’on évoque", a jugé le responsable FN tout s’interrogeant sur "comment on mesure et on qualifie une dose". Jean-Lin Lacapelle aurait d'ailleurs aimé voir ce changement apparaître dans la loi de moralisation de la vie publique du ministre de la Justice, François Bayrou.
Emmanuel Macron tient "un discours contradictoire"
Le secrétaire général adjoint n’a pas manqué également de se plaindre du traitement de la justice dans l’affaire des assistants parlementaires européens. Alors que le Front national est sous le coup d’une enquête, Jean-Lin Lacapelle aurait aimé voir la justice agir plus rapidement concernant le MoDem et François Bayrou. "Il y a deux poids, deux mesures", a assuré le responsable du FN pour qui la justice a agi beaucoup plus rapidement concernant Marine Le Pen. "Cela semblait très urgent avant le premier tour et puis comme par hasard, maintenant, plus de nouvelles, plus d’affaire du Front national, plus de convocation devant la justice". Pour Jean-Lin Lacapelle, il est clair qu’il y a eu une fusion volontaire de "l’agenda judiciaire avec l’agenda électorale". Le secrétaire général adjoint du FN a également dénoncé le "discours contradictoire d’Emmanuel Macron" concernant la moralisation de la vie politique. "M.Ferrand aurait dû démissionner" selon le responsable du FN après les révélations du Canard Enchaîné, tout comme François Bayrou.
Interrogé sur le rapport du Défenseur des droits sur la situation des migrants à Calais - Jacques Toubon s’est inquiété des "atteintes aux droits fondamentaux" - Jean-Lin Lacapelle dit déplorer "le mauvais accueil qui leur ait réservé". Et pour régler cette situation, la solution du secrétaire général adjoint du FN est toute trouvée : "Je suis totalement pour l’immigration zéro", a-t-il dit avant d’ajouter : "Nous n’avons pas les capacités pour intégrer les migrants. Il est temps aujourd’hui d’arrêter de dérouler le tapis rouge".