Emmanuel fêtera ses 100 jours à l'Élysée le 15 août. Si une série de promesses de campagne ont rapidement été mises en œuvre, le président de la République paie déjà, en termes de popularité, plusieurs errements très médiatiques.
Deux textes emblématiques de son début de quinquennat ont été adoptés lors de la session extraordinaire du Parlement, sur la moralisation de la vie politique et sur l'autorisation donnée au gouvernement de réformer le code du travail par ordonnances.
Mais la cote du chef de l'État a déjà fortement décroché. De 62 % d'opinions favorables au lendemain de son élection, Emmanuel Macron ne satisfait plus que 36 % des Français, selon un sondage Ifop pour Le Figaro paru vendredi.
"Emmanuel Macron sort de l'état de grâce pour rentrer dans l'atmosphère et assumer le coût politique de ses arbitrages", commente Jérôme Fourquet, de l'Ifop.
En cause, notamment, une série de mesures impopulaires qui ont agacé les Français, à commencer par les fonctionnaires, ulcérés par le gel du point d'indice ou le rétablissement du jour de carence, et les retraités, furieux de la hausse de la CSG.
Des couacs et une communication hasardeuse
Plus que ces mesures, qui étaient annoncées dans son programme, le président de la République paie aussi plusieurs couacs qui ont écorné l'image de l'exécutif. La plus emblématique étant peut-être la démission du chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers, après des échanges verbaux musclés avec Emmanuel Macron sur la réduction du budget alloué aux armées.
Les hésitations sur la suppression de la taxe d'habitation pour 80 % des ménages et le coup de rabot sur les APL ont également détourné nombre de Français du président de la République.
"Le risque qui guette aujourd'hui le président, c'est que les Français passent progressivement du 'Il est brillant et réussit tout ce qu'il entreprend' à 'En fait, tout ça, c'est de la com'", a souligné Jérôme Fourquet.
D'autant que la rentrée s'annonce mouvementée sur le front social, alors que le contenu des ordonnances sur le droit du travail sera dévoilé le 22 septembre. SUD et la CGT ont déjà appelé à une journée d'action le 12 septembre et les Insoumis de Jean-Luc Mélenchon préparent un "rassemblement populaire" le 23.
Le bouclage du budget 2018 promet lui aussi d'être délicat, avec la promesse d'une baisse de 11 milliards des prélèvements obligatoires, qu'il faudra conjuguer avec de nouvelles économies.
Sur la forme, Emmanuel Macron a d'emblée voulu imposer son style fait de "parole rare", de distance avec la presse. Ce qui a parfois entraîné une communication malheureuse de l'Élysée, comme lorsqu'il a fallu justifier l'absence de prise de parole le 14 juillet. Raison invoquée par la présidence à nos confrères du Monde : la pensée du chef de l'État serait "trop complexe" pour s'abaisser aux questions-réponses avec les journalistes.
Une "évolution" de la communication présidentielle interviendra à la rentrée, a annoncé le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner. Une annonce en forme d'aveu du risque de fractures qu'entraînent ce positionnement.
Son apparition, façon "Top Gun", moulé dans une combinaison de pilote sur la base aérienne d'Istres, a également déchaîné un flot de commentaires railleurs sur les réseaux sociaux.
Un début de quinquennat perturbé par les affaires
Sans oublier les nombreuses affaires qui ont plombé les premières semaines du quinquennat, entraînant la démission du gouvernement de deux piliers, Richard Ferrand et François Bayrou.
Autre écueil, celui de la position que doit occuper Brigitte Macron. Face à une pétition ayant recueilli 300 000 signatures, Emmanuel Macron a renoncé à doter la Première Dame d'un véritable "statut". L'Élysée a annoncé qu'il se contentera de préciser "son rôle public".
Rare éclaircie parmi tout ce marasme, l'action du président de la République sur la scène internationale a recueilli bon nombre de commentaires positifs, même s'ils ont été atténués par l'invitation de Donald Trump au défilé du 14 juillet.