Nicole Bricq, sénatrice La République en marche de Seine-et-Marne et ex-ministre de François Hollande, est décédée ce dimanche matin à l'âge de 70 ans, ont annoncé à l'AFP des sources gouvernementales. Elle s'est éteinte à l'hôpital de Poitiers (Vienne), "des suites d'une chute accidentelle dans un escalier" samedi soir. L'ancienne ministre, qui fut l'une des premières parlementaires socialistes à rejoindre Emmanuel Macron après la création d'En Marche, sera inhumée "dans les jours qui viennent à La Rochefoucauld", en Charente, sa ville natale, a précisé Philippe Bonnefoy, son ancien chef de cabinet au ministère du Commerce extérieur.
Au PS depuis 1972
Née en 1947, Nicole Bricq avait adhéré au Parti socialiste en 1972 "dans la foulée de 1968", rejoignant le Ceres, courant considéré comme la gauche du PS et alors animé par Jean-Pierre Chevènement dont elle s’est éloignée au fil des ans. Élue députée de Seine-et-Marne en 1997 face à Jean-François Copé, elle était ensuite devenue sénatrice en 2004. Forte de son expérience sur les questions économiques, elle était devenue en 2011 rapporteur général du budget au Sénat, première femme à occuper ce poste prestigieux. Ces derniers jours, elle avait décidée de jeter l’éponge et de ne pas se représenter aux sénatoriales de septembre en Seine-et-Marne, en raison notamment d'une candidature dissidente.
Après la victoire de François Hollande à la présidentielle de 2012, Nicole Bricq avait également été nommée ministre de l'Écologie, poste qu'elle n'avait occupé qu'un mois, avant de devenir ministre du Commerce extérieur jusqu'au remaniement de mars 2014. Rugueuse dans ses rapports avec autrui, elle se justifiait : "On dit d'un homme qu'il a du caractère, mais d'une femme qu'elle a mauvais caractère". "Je me suis faite moi-même, j'ai mes convictions !", avait-elle lancé, "toujours tendre avec les faibles et dure avec les forts". Connue pour son franc-parler, elle avait commis une gaffe en mars 2014 en chuchotant à l'oreille du Premier ministre d'alors, Jean-Marc Ayrault, sans savoir qu'elle était enregistrée, que la nourriture à l'Elysée était "dégueulasse" et qu'avec Matignon, "y a pas photo".
Hommage du monde politique
La mémoire de Nicole Bricq a été saluée dimanche par de nombreuses personnalités de tout bord. Nicole Bricq "était une femme libre, au grand sens de l'État. J'apprends avec tristesse son décès. Cette amie engagée nous manquera beaucoup", a tweeté Emmanuel Macron. "Élue de talent, elle aura marqué la vie politique de notre pays par son investissement de chaque instant, notamment au sein de notre Haute assemblée. Ces derniers jours encore, elle a témoigné en séance d'un grand sérieux et d'une force de travail considérable, qualités reconnues de tous au Sénat", a réagi auprès de l'AFP François Patriat, président du groupe REM au Sénat. La "carrière de Nicole Bricq fut caractérisée par sa compétence, la défense de ses convictions et son intelligence. Trois traits majeurs de sa personnalité reconnus tant par ses ami-e-s que par ses adversaires politiques", a salué le PS.
"Son sens du devoir, son courage et sa sincérité nous manqueront", a affirmé le Premier ministre Édouard Philippe dans un communiqué. Manuel Valls a évoqué une "militante, entière, sincère, réformiste", Bernard Cazeneuve une "grande ministre et remarquable parlementaire" et Jean-Marc Ayrault "une femme forte de ses convictions". L'ex-ministre Myriam El-Khomri a salué une femme "courageuse, engagée, pleine d'humour" et le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb sa "haute idée de la France". Le sénateur LR Roger Karoutchi a écrit "qu'au-delà de nos différends, elle faisait honneur au Parlement".