Quand on est abstentionniste, on a souvent une bonne raison... C'est le cas de François: "Je vais à un mariage, donc je vais pas voter. La procuration? Je n'y ai pas pensé !" Philippe lui non-plus n'ira pas voter dimanche, mais ce n'est pas dans ses habitudes de boycotter l'isoloir: "Pour moi ça sera une première. J'ai toujours voté." Lui parle de vote-sanction contre le président, et s'interroge: "Peut-être que, ne pas voter ou s'abstenir, ça peut lui faire infléchir sa politique..."
"Abstentionniste par conviction"
Pour d'autres, l'abstention est plus viscérale: c'est même un combat pour Jeanne : "Je fais mon abstentionnisme engagé. C'est n'importe-quoi, la politique aujourd'hui. On dirait une télé-réalité: qui va gagner, entre Marine, Mélenchon, où je sais pas qui?..."
L'Union européenne, trop lointaine et désincarnée?
56% des Français ont prévu de s'abstenir dimanche, selon le dernier sondage d'Opinion Way. Frédéric Micheau en est le directeur des études d'opinion : "Plus l'élu, plus la collectivité est proche, et plus le citoyen vote." Une règle qui explique que l'abstention soit beaucoup plus forte pour les européennes que pour toute autre élection, d'autant que les Français connaissent mal le fonctionnement de l'Europe et le visage de leur député : "Ce sont des élus qui sont très largement inconnus, avec des taux de notoriété extrêmement faibles. Or il faut qu'une institution soit incarnée pour susciter la mobilisation électorale." Dimanche, on pourrait battre un nouveau record d'abstention. Le précédent datait des européennes de 2009: plus de de 59% des Français s'étaient abstenus.