Le 4 septembre dernier, Laurent Wauquiez s'est placé en détachement de son poste au Conseil d’État. Une pratique qui va lui permettre de cumuler des points de retraite et d'avancement pour un poste qu'il n'occupe pas dans les faits. Interpellés par cette pratique, nos confrères de Lyon Capitale se sont interrogés sur sa légalité.
"Ce que fait Laurent Wauquiez est tout à fait légal, mais..."
Invité du Grand Matin Sud Radio, le rédacteur en chef du mensuel lyonnais Raphaël Ruffier-Fossoul nous explique la situation de l'ancien ministre tout en précisant d'abord ce que permet le cadre légal. "Depuis la loi Cahuzac, il est interdit aux parlementaires de se mettre en détachement, ils sont mis en disponibilité d'office", rappelle-t-il. "Derrière la sémantique, il y a une différence de taille : en détachement, on conserve les droits à l'avancement et à la retraite, alors qu'en disponibilité on n'a plus de cotisations", poursuit le journaliste.
Quel ne fut donc pas son étonnement lorsqu'il a appris que "Laurent Wauquiez avait été en détachement jusqu'aux dernière législatives". "On a été surpris et on a voulu vérifier. La loi n'était pas claire pour nous donc on a posé la question au Conseil d'État et après vérifications faites, la situation était légale puisqu'il avait jusqu'à la fin du mandat pour se mettre en disponibilité", explique-t-il. "Ce que fait Laurent Wauquiez est tout à fait légal", insiste-t-il, tout en émettant cependant une réserve d'ordre moral. Et notre confrère de citer l'exemple de François Hollande, qui "avait fait polémique", lorsque ce dernier "avait cotisé à la Cour des comptes toute sa carrière alors qu'il n'y avait que très peu travaillé". L'ex-chef de l'État avait finalement renoncé à ce détachement en 2012 quand il avait été élu président. Preuve que ces pratiques sont monnaie courante dans le paysage politique, ce que dénonce par ailleurs Yvan Stefanovitch dans son ouvrage à charge "Rentiers d’Etat" (éditions du Moment).
Grâce à ce détachement, Laurent Wauquiez "touchera, à la fin de sa carrière, une retraite du Conseil d'État où il n'a travaillé que 2 mois", ce qui peut légitimement interpeller, selon Raphaël Ruffier-Fossoul car "la droite est beaucoup montée au créneau sur cette question, estimant que quand on est élu de la République, on ne doit pas avoir cette assurance". La pratique pose donc question, d'autant plus lorsqu'elle concerne un élu perçu comme le chantre de l'anti-assistanat. Tout cela fait en effet un peu désordre. Interrogé par notre invité sur cette question, M. Wauquiez n'a pas voulu répondre. Ni lui, ni son entourage n'ont ainsi souhaité faire de commentaires. Aurait-il des choses à se reprocher ?