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Le 2nd tour marque la fin d'une campagne présidentielle longue et agitée

Par Jérémy Jeantet

Le duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen marque le terme d'une campagne présidentielle qui n'a pas ralenti depuis les primaires de la droite, en novembre dernier. Retour sur six mois inédits dans la vie politique française.

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Épisode 1 : La droite coupe les têtes

On pensait Nicolas Sarkozy capable de créer la surprise dans les primaires de la droite face à l'archi-favori Alain Juppé. Au final, c'est François Fillon qui est sorti du bois en toute fin de campagne, grâce à des performances remarquées lors des débats, et qui a raflé la mise. Largement en tête au premier tour, le suspens est inexistant pour le second, qui l'oppose à Alain Juppé. Les électeurs de droite ne voulaient pas du duel annoncé entre l'ancien président de la République et l'ancien Premier ministre-maire de Bordeaux- au second tour. Ils ont préféré l'autre ancien Premier ministre, François Fillon, plus à même de rassembler les différentes mouvances des Républicains. Fort de sa légitimité acquise lors de ces primaires, il devient de fait le favori de l'élection présidentielle à venir.

 

Épisode 2 : François Hollande renonce

Quelques jours plus tard, la rumeur enfle. Poussé vers la sortie par Manuel Valls, gêné par la promesse d'organisation de primaires à gauche, le chef de l'État n'a guère d'autres choix que d'annoncer qu'il ne briguera pas un second mandat. Fait historique dans la Ve République pour un président élu cinq ans plus tôt. Mais sa cote de popularité, elle aussi historiquement basse, ne lui permet pas d'aborder d'éventuelles primaires à gauche en position de favori. Après avoir vu Nicolas Sarkozy évincé dès le premier tour à droite, François Hollande a dû s'imaginer ce à quoi auraient ressemblé ses derniers mois à l'Élysée s'il avait, lui aussi, été désavoué par son propre camp. Dans la foulée, c'est son Premier ministre, Manuel Valls, qui profite de l'ouverture pour se lancer dans la course présidentielle, quittant ainsi Matignon où il sera remplacé par Bernard Cazeneuve. Le candidat de la continuité sait qu'il risque de faire face aux mêmes difficultés que celles qui aurait touché François Hollande, mais il veut saisir sa chance.

 

Épisode 3 : Manuel Valls s'effondre

La campagne des primaires de la gauche, qui n'a véritablement démarré qu'après la trêve de Noël, est très courte. Trois débats sont organisés en une dizaine de jours avant le premier tour et les tensions s'affichent clairement entre les partisans de la continuité par rapport au quinquennat écoulé, Manuel Valls en tête, et les représentants des frondeurs, les agitateurs du mandat de François Hollande, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon en tête. Un peu à la surprise générale, c'est le dernier cité qui tire son épingle du jeu et parvient à remporter ce scrutin et devenir ainsi le candidat investi par le Parti socialiste. Après une poignée de main glaciale avec Manuel Valls rue de Solférino, Benoît Hamon débute un long chemin de croix, où il ne parviendra jamais réellement à réunir son camp, tiraillé d'un côté par Emmanuel Macron et de l'autre par Jean-Luc Mélenchon.

 

Épisode 4 : le calvaire de François Fillon

Sans même savourer quelques jours de répit, la campagne pour l'élection présidentielle débute alors par les affaires. Fin janvier, le Canard Enchaîné dévoile des informations soupçonnant François Fillon d'avoir employé son épouse et ses deux enfants comme assistants parlementaires pour un travail que de nombreux témoins mettent en doute. La tempête médiatique débute pour le candidat Les Républicains, qui était encore, avant ces révélations, le favori pour devenir le prochain président de la République. Pendant de nombreuses semaines, les révélations s'accumulent et la pression monte autour de François Fillon, jusqu'à ce jour du 1er mars, où il annule sa visite prévue au salon de l'Agriculture pour tenir une conférence de presse surréaliste, à la mi-journée, dans laquelle il annonce sa future convocation chez les juges d'instruction, préalable à une mise en examen, et où il prononcera cette phrase restée célèbre : "La France est plus grande que mes erreurs". Lui qui avait, depuis plus d'un mois, fixé cet élément comme ligne rouge au maintien de sa candidature, revient sur sa parole. Il se maintient dans la course, coûte que coûte, au grand dam de bon nombre de ténors du parti qui sentent la victoire leur échapper, et débute alors une nouvelle campagne, qu'il passera principalement a dénoncer un complot, tant médiatique que politique, avec les fameuses accusations de "cabinet noir" de l'Élysée.

 

Épisode 5 : la vague Mélenchon et l'échec des partis traditionnels

Dans les dernières semaines avant le premier tour, un nouveau rebondissement inattendu intervient. Jean-Luc Mélenchon, qui plafonnait jusque-là autour de 10 % dans les intentions de vote, réalise une percée aussi impressionnante que la chute de Benoît Hamon. C'est désormais le leader de la France Insoumise qui est en position de force et qui devient un vrai prétendant à l'accession au 2nd tour. D'ailleurs, M. Mélenchon y croit jusqu'après 20h, dimanche 23 avril, disant vouloir rester prudent face aux chiffres annoncés par les médias qui le donnent 4e et battu. Il devra finalement reconnaître sa défaite un peu plus tard dans la soirée, mais a réussi son pari d'incarner la gauche dans cette élection. Ce que n'a pas réussi à faire Benoît Hamon, qui ne récolte que 6 % des suffrages, score historiquement faible pour le Parti socialiste. Malgré sa campagne chaotique, François Fillon ne passe pas loin du 2nd tour, terminant 3e avec 20 % des voix. Insuffisant toutefois pour accéder à un 2nd tour où, pour la première fois, les deux partis historiques de gouvernement sont absents, et qui opposera Emmanuel Macron à Marine Le Pen ce dimanche 7 mai.

 

Après six mois d'une campagne où les rebondissements semblaient quotidiens, le verdict approche. Dimanche soir, la France aura un nouveau président de la République. Si trêve il y a, elle sera toutefois de courte durée puisque les élections législatives qui s'annoncent au mois de juin risquent bien d'être tout aussi animées. Elles viendront conclure une séquence politique historiquement longue, parfois éprouvante, mais qu'il sera difficile d'oublier tant elle a participé à recomposer la vie politique française.

 

 

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