Lors du premier tour des élections législatives, l'abstention des électeurs les plus jeunes a encore battu des records. Pourquoi un tel désintérêt ?
Législatives : "une offre politique éloignée de la jeunesse"
"Je ne mettrais pas la cause du côté de la jeunesse, mais de l’offre politique, éloignée dans son contenu de ce que peut attendre la jeunesse, estime Michel Wieviorka, sociologue et directeur d’études à l’EHESS. Elle vote quand même un peu plus pour Mélenchon d’un côté et Marine Le Pen de l’autre que pour d’autres candidats."
L’offre politique réformiste, centriste, de droite classique ne lui convient pas. Ces partis extrêmes "disent quelque chose qui peut plus intéresser la jeunesse. Si vous regardez ce qu’a incarné le président Macron pendant cinq ans, les deux premières mesures ont été la suppression d’un impôt concernant les riches et des 5 euros par mois d’aide pour les étudiants."
[#SudRadio] 📣 #legislatives2022 : #abstention massive chez les jeunes
🗣@MichelWieviorka : "Je ne mets pas la faute sur la jeunesse mais sur l'offre politique. Elle ne correspond pas aux attentes des jeunes" pic.twitter.com/jcdmEVQdf4
— Sud Radio (@SudRadio) June 14, 2022
Une relation culturelle au monde différente
N'est-ce pas aussi un problème d’éducation et de devoirs civiques ? "De mon temps, on appelait cela l’instruction civique, rappelle Michel Wieviorka, sociologue et directeur d’études à l’EHESS. Cela fait des dizaines d’années qu’on dit que ce n’est pas adapté, que cela ennuie les élèves, que c’est confié à des enseignants qui ne sont pas forcément bien préparés." Faudrait-il être plus concret sur le vote et la vie politique ? Quid du vote électronique sur smartphone au lieu de le faire à l’ancienne dans une cours d’école ? "Je pense que les jeunes sont dans une culture, un fonctionnement, un rapport au numérique, à la télévision, différents."
"Ils sont dans une relation culturelle au monde qui les entoure qui n’est plus la même que les générations plus anciennes. Donc, ce n’est pas du tout que cela les désintéresse, qu'ils ne s’engagent pas, que la politique ne les concerne pas. C’est que cela ne va pas dans le sens de cette culture numérique. Ce n’est pas un hasard si beaucoup de jeunes se sont intéressés à Jean-Luc Mélenchon. Il leur a parlé d’autonomie, d'écologie, d'environnement, ce qui les passionne."
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