L'accord LFI/PS pour les législatives, la position du parti Les Républicains, la crise sanitaire et la situation de l'hôpital... Philippe Juvin a répondu aux questions de Patrick Roger.
Accord LFI/PS pour les législatives : "François Mitterand doit se retourner dans sa tombe"
La France Insoumise et le Parti Socialiste ont annoncé, le 4 mai 2022, avoir trouvé un accord en vue des législatives de juin 2022. Très rapidement, les éléphants du parti ont critiqué cette position, certains, comme Bernard Cazeneuve, annonçant même quitter le Parti Socialiste. "Je pense que la politique, ça ne doit pas se faire sur du casting, mais sur le fond", explique Philippe Juvin. "François Mitterand doit se retourner dans sa tombe", estime-t-il, du fait des positions très différentes entre le Parti Socialiste historique et La France Insoumise. L’accord PS/LFI pour les législatives devrait notamment remettre en cause la loi El Khomri "qui a été votée, me semble-t-il, sous François Hollande", souligne l’élu de La Garenne-Colombes.
S’il estime que, dans tous les partis politiques, il y a des lignes différentes chez les membres, "ça c’est banal, c’est même normal et assez salutaire", il critique la ligne finale issue de l’accord. "La ligne qui gagne n’est pas celle du Parti Socialiste qu’on connaissait avant."
"70% des Français soit n’ont pas voté, soit ont voté pour un parti qui conteste les institutions"
Chez Les Républicains, des tensions sont nées à la suite de l’échec de Valérie Pécresse et en amont des législatives. Certains seraient même tentés de s’allier avec La République en Marche, voire de rejoindre le parti présidentiel. "Je n’ai jamais quitté Les Républicains", précise Philippe Juvin. Il considère "que le pays est extrêmement fractionné, j’ai très peur de la cohésion du corps social", confie le maire de La Garenne-Colombes.
"Je rappelle, quand même, que 70% des Français soit n’ont pas voté, soit ont voté pour un parti qui conteste les institutions." Il explique avoir tenté de dire, au sein des Républicains, qu’il fallait travailler "comme le font les Allemands", avec des partis de gouvernement qui s’opposent mais qui créent des alliances pour gouverner. "Mais je suis minoritaire, je l’accepte."
Législatives : "Les Républicains vont rester dans la position où ils sont, c’est-à-dire dans l’opposition"
Un conseil national du parti Les Républicains se tiendra samedi 7 mai 2022, en vue des législatives. Une réunion qui pourrait aggraver la fracture. "Je pense qu’aux Républicains, la majorité accepte qu’il y ait une minorité." Philippe Juvin estime que ce sera la ligne majoritaire qui restera majoritaire dans la stratégie politique pour les législatives 2022. "Les Républicains vont rester dans la position où ils sont, c’est-à-dire dans l’opposition."
De fait, le maire de La Garenne-Colombes pense que le parti présentera ses candidats sans passer d’accord en amont avec LREM. Toutefois, il concède qu’il "y en a qui peuvent choisir de partir", notamment pour rejoindre le parti présidentiel. "Ce n’est pas mon cas", assure-t-il.
Philippe Juvin : "Nous héritons, après l’épidémie, d’un système de santé qui est en miettes, qui est fatigué"
Également chef des Urgences de l’Hôpital Pompidou à Paris, Philippe Juvin assure que "le Covid, ça va beaucoup mieux". "Il y a moins de cas, moins d’hospitalisations… nous ne sommes plus débordés par le Covid." Pour autant, la situation reste compliquée dans les hôpitaux : "nous héritons, après l’épidémie, d’un système de santé qui est en miettes, qui est fatigué".
Entre le personnel de santé fatigué, le personnel manquant et celles et ceux qui veulent arrêter, la situation est critique. "On a des interventions de bloc qui ne peuvent pas se faire aujourd’hui, parce que nous manquons de personnel." Un manque que Philippe Juvin explique par la fatigue des gens : "ce n’est pas un problème d’argent".
Réintégration des soignants non-vaccinés contre la Covid : "Dans mon service, il n’y a quasiment pas de personnel qui n’était pas vacciné"
Cette situation pose de nouveau la question de la réintégration des soignants suspendus car non-vaccinés. Faut-il les réintégrer ? "Je ne sais pas répondre à cette question", confie Philippe Juvin. S’il y a "des arguments qui plaident en faveur", il déclare que cette réintégration pourrait tout simplement ne rien changer à la situation. "Par exemple, dans mon service, il n’y a quasiment pas de personnel qui n’était pas vacciné. Donc ça ne changerait pas la donne."
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