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Les cadeaux de François Hollande aux "recasés" de la République

Par Jérémy Jeantet

Au crépuscule de sa présidence, il ne reste plus grand monde autour du chef de l’État. Et pour cause, la plupart de ses proches et soutiens ont déjà quitté le navire, tanguant, de la "présidence irréprochable", habilement replacés à des postes figurant parmi les plus prisés du pays.

François Hollande © AFP / THOMAS SAMSON

La pratique est habituelle, comme l’emploi de ses proches comme assistants parlementaires, mais elle est de celle qui détournent les Français de la politique. Alors que la présidence Hollande vit ses derniers jours, les proches, conseillers et soutiens du chef de l'État se cherchent un avenir pour le moment où les ors de la République ne leurs seront plus accessibles. Ils le trouvent, grâce à de nombreux coups de pouce de celui qui s'apprête à quitter l'Elysée.

Ainsi, on apprend ce jeudi dans Le Figaro que la ministre de la Culture, Audrey Azoulay, est candidate à la direction de l’Unesco, à Paris, sur proposition de l’Élysée. Une reconversion prestigieuse pour celle qui a remplacé Aurélie Filippetti rue de Valois, mais qui se fait au mépris des équilibres géopolitiques de l’institution, explique Le Figaro, citant un diplomate pour qui "les pays arabes veulent ce poste" et entendent bien succéder à la Bulgare Irina Bokova.

C’est que la vie post-7 mai 2017 semble être la préoccupation majeure des proches du président de la République. Et ce dernier, loin de se concentrer sur les derniers jours de son mandat, entend bien calmer leurs craintes.

Les recasés du Gouvernement

Parmi ces prestigieuses nominations, on retrouve quelques noms célèbres pour avoir participé, plus ou moins longtemps, comme Audrey Azoulay, aux équipes gouvernementales de François Hollande. Impossible de ne pas penser à Laurent Fabius qui a récupéré la présidence du Conseil constitutionnel à la suite de Jean-Louis Debré. Un bien beau cadeau pour celui qui fut le ministre des Affaires étrangères de François Hollande. Marie-Arlette Carlotti, ancienne ministre déléguée au handicap, ne s’est pas retrouvée dépourvue quand son exercice ministériel s’est terminé. Elle a hérité de la présidence du Haut comité pour le logement des personnes défavorisées.

Même s’ils n’étaient pas membres du Gouvernement, d’autres socialistes ont bénéficié de nominations plus politiques que méritoires. Ainsi, Bernard Roman, ancien député PS du Nord, a été catapulté président de l’Arafer, l’autorité de régularité des autoroutes et du ferroviaire. Rien de tel pour libérer sa circonscription pour le socialiste François Lamy.

Plus surprenant, François Hollande a même décidé de récompenser les déserteurs. Ainsi, Pascal Terrasse, député PS de l’Ardèche, qui a annoncé qu’il rejoignait le mouvement d’Emmanuel Macron et qu’il ne serait pas candidat à sa réélection aux législatives, vient d’être nommé inspecteur général de l’administration du développement durable.

Les bons plans de la promo Voltaire

La mémoire du président serait-elle vacillante ? S’il semble avoir occulté son "ennemi sans visage", il n’en a pas pour autant oublié ceux qui ciraient, avec lui, les bancs de l’ENA dans la célèbre promotion Voltaire.

Parmi ces camarades qui ont bénéficié des liens indéfectibles noués dans l’antichambre de la haute fonction publique, on retrouve Colette Horel, devenue conseillère d’État, quatre ambassadeurs, Frédérique Bredin, présidente du Centre national du cinéma, Jean-Marc Jouaillac, PDG d’Air France KLM ou encore André Martinez, président d’Icade, une filiale de la Caisse des dépôts et de consignation. Sans oublier Michel Cadot, devenu préfet de police de Paris.

Un avenir doré pour ses conseillers

Avoir tenu aux côtés de François Hollande pendant tous ces mois difficiles mérite bien une juste récompense. La garde rapprochée du président de la République n’a pas trop à s’inquiéter pour son avenir, puisque Philippe Vinçon, son conseiller agriculture, a été nommé à la direction générale de l’enseignement supérieur et de la recherche, Marie-Hélène Aubert, sa conseillère développement durable, est devenue inspectrice générale de l’administration, Laurence Boone, sa conseillère économie, a été nommé chez Axa, le groupe dirigé par Henri de Castries, un autre membre éminent de la sacro-sainte promotion Voltaire.

Mais ce n’est pas fini. Son conseiller aux affaires économiques et financières, Jean-Jacques Barberis, a rebondi chez Amundi, du groupe Crédit Agricole. Sa conseillère justice, François Tomé, a été nommée au Conseil d’État, quand son conseiller politique, Vincent Feltesse, a rebondi à la Cour des comptes.

Quand aux plus proches, ils ont hérité des postes les plus prestigieux, comme sa directrice de cabinet, Sylvie Hubac, devenue directrice du Grand Palais, ou Pierre-René Lemas, secrétaire général de l’Elysée, propulsé directeur général de la Caisse des dépôts et consignations. Certains ont même hérité d’un joli fauteuil au soleil, à l’instar de Thierry Lataste, son directeur de cabinet nommé préfet de Nouvelle-Calédonie.

Au beau milieu d’une présidentielle marquée comme jamais par les affaires et les soupçons de corruption, François Hollande n’arrête pas ses cadeaux, pensant certainement pouvoir passer entre les gouttes. A moins que ses amis ne soient les plus à même de maintenir la République irréprochable...

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