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Les difficiles relations de François Fillon avec les médias

Par Benjamin Rieth avec AFP

Depuis le début des affaires autour de François Fillon, les relations entre les journalistes et le candidat LR se sont tendues. Dernier épisode en date : une interview annulée mercredi dans le Monde.

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François Fillon n’aura pas le droit à son interview sur mesure dans Le Monde. Le quotidien a affirmé mercredi avoir annulé un entretien avec le candidat Les Républicains car ce dernier aurait refusé de "répondre à des questions portant sur les affaires pour lesquelles il a été mis en examen".

"Nous avons refusé parce qu'il nous semblait indispensable d'interroger François Fillon sur la moralisation de la vie publique, sujet essentiel du débat démocratique en cours. Et parce qu'il nous semble évident, par ailleurs, que les hommes et femmes politiques n'ont pas à décider des questions qui leur sont posées", a indiqué Luc Bronner, le directeur de la rédaction, dans un article intitulé "Pourquoi l'entretien de François Fillon au Monde n'a pas eu lieu". "Nous regrettons vivement cette attitude", a déploré Luc Bronner.

D’autres interviews annulées

Ce n’est pas la première fois durant cette campagne qu’une interview avec François Fillon tombe à l’eau. Sur BFMTV et RMC, Jean-Jacques Bourdin a accusé le candidat LR de "se dérober" après avoir refusé une date d’interview. Une accusation que le candidat LR a qualifié de mensongère, avant de se dire prêt à s'y rendre si une autre date était trouvée.

La semaine dernière, le quotidien La Dépêche du Midi, journal dont le directeur général est Jean-Nicolas Baylet, fils de Jean-Michel Baylet, ministre PRG de l'Aménagement du territoire, n’avait également pas hésité à dénoncer le refus de François Fillon de répondre à certaines questions. Le quotidien régional avait ainsi publié toutes les questions auxquelles il avait refusé de répondre, portant sur les affaires.

Des relations de plus en plus compliquées

La relation entre les journalistes et François Fillon s’est dégradée tout au long de la campagne, au fur et à mesure des révélations, notamment celles du Canard Enchaîné ou de Mediapart. Lors d’une conférence de presse le 6 février dernier, quelques jours seulement après de nouvelles informations sur le possible emploi fictif de son épouse Penelope Fillon, le candidat LR avait sèchement renvoyé dans ses cordes une journaliste du média d’investigation en ligne. "Vous êtes de Mediapart, c’est ça ? Voilà. Moi je n’ai jamais eu de redressement fiscal. Je vous le dis au passage. Oui, il y a des choses parfois qui doivent être dites", avait lancé François Fillon.

Ces échanges ont donné le ton d’une campagne où les journalistes sont devenus peu à peu une cible des attaques du candidat et de ses soutiens. François Fillon s’est ainsi dit "lynché" par "un tribunal médiatique" qui en a "trop fait". Dans les meetings, les sifflets sont devenus récurrents contre les journalistes présents pour couvrir la campagne du candidat. Début avril, des journalistes de Quotidien et Petit Journal ont été pris à parti lors d’un meeting porte de Versailles à Paris. L’un a été giflé par un militant, et une équipe a été expulsée de l’endroit qui leur avait été réservé.

Plusieurs incidents à Nice

Rebelote, lundi dernier lors d’un meeting à Nice. Deux journalistes de Buzzfeed ont affirmé avoir été menacés physiquement par le service de sécurité alors qu’ils filmaient dehors des agitateurs qui avaient crié "rends l’argent !" en plein discours du candidat LR. François Fillon, lui, a profité de cette interruption, pour mettre en cause les journalistes présents, dont quelques uns sont sortis pour suivre les deux personnes expulsées. "C’est drôle. Il suffit qu’il y ait une personne qui émette un jugement critique pour que l’ensemble des médias sortent de salle pour le suivre. Une. Une ! Une !" a-t-il lancé montrant du doigt le carré réservé aux médias et laissant le public siffler pendant de longues secondes.

Regarder la vidéo à partir de 42'30''

Plusieurs journalistes sur place ont alors évoqué des insultes telles que "journalopes" ou "merdias" de la part des militants autour d’eux, raconte Libération. Une journaliste de BFMTV s’est même fait cracher dessus par un homme.

Sur Europe 1, le lendemain, François Fillon a affirmé ne rien à voir avec ces sifflets. "Si la presse se fait siffler, ça n’est pas à ma demande. Il faut aussi parfois vous poser la question de savoir si vous avez zéro responsabilité dans cette situation", a réagi le candidat, avant d’ajouter : "Il y a un peu de colère chez les militants, qui sont des hommes et des femmes engagés, et qui ont eu l’impression que la victoire allait leur échapper".

Ces relations, aujourd’hui électriques entre le camp Fillon et les journalistes, ont été dénoncées par le Syndicat National des Journalistes dans un communiqué appelant "François Fillon et ses soutiens à se ressaisir et à faire cesser ce 'spectacle' indigne d'une démocratie, avant que ne survienne un grave incident dont ils porteraient alors l’entière responsabilité".

Enfin, preuve de l’hystérisation de cette campagne, plusieurs journalistes de Mediapart et du Canard Enchaîné ainsi que les quatre magistrats du pôle financier en charge de l’affaire Fillon ont reçu une lettre de menaces accompagnée d’une balle de 22 Long Rifle.

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