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Les militants socialistes appelés à voter pour l'orientation du parti

Par Jérémy Jeantet

Le chemin du parti socialiste vers l'élection présidentielle de 2017 s'écrit en partie ce jeudi, avec le vote des militants pour désigner un courant majoritaire. Le résultat de la motion menée par Jean-Christophe Cambadélis, soutenue par le Gouvernement, sera particulièrement scruté.

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Jean-Christophe Cambadélis sera-t-il conforté dans son fauteuil ? Premier secrétaire du parti socialiste sans encore avoir été désigné par les militants, la motion qu'il dirige cherchera a dégager une majorité la plus large possible lors du vote des militants, ce jeudi.Un 2e tour sera organisé si nécessaire et les résultats seront actés à l'occasion du Congrès du PS qui se déroulera à Poitiers du 5 au 7 juin.

4 motions en lice

La motion A, baptisée "Le renouveau socialiste" et dont le premier signataire est Jean-Christophe Cambadélis, réalise la performance de réunir Manuel Valls et Martine Aubry sous un même pavillon. Si le soutien du Premier ministre ainsi que des membres du Gouvernement était attendu, celui de la maire de Lille a surpris, alors que beaucoup de frondeurs espéraient la voir rallier leur cause. La motion B, "A gauche pour gagner", est menée par Christian Paul, député de la Nièvre. C'est le courant fédérateur des frondeurs, ceux-là même qui ont fait peser un doute sur l'issue du vote de la loi Macron à l'Assemblée, poussant le Gouvernement à avoir recours au 49-3. Occupant l'aile gauche du PS, ils demandent une inflexion de la politique économique gouvernementale et espèrent un score important pour obtenir gain de cause. La secrétaire nationale Florence Augier dirige la motion C, intitulée "Osons un nouveau pacte citoyen et républicain". Inconnue par rapport aux autres, cette motion entend représenter la base des militants du parti et propose d'accélérer la politique d'emplois aidés, avec un objectif de 150 000 nouveaux contrats d'ici à 2017.Enfin, la motion D, dite "La Fabrique", menée par Karine Berger, se veut non alignée. C'est la motion dont la dynamique est la plus favorable dans ces dernières heures qui précèdent le vote. Pressentie pour obtenir un résultat quasiment négligeable, la motion dirigée par la députée des Hautes-Alpes pourrait, selon les estimations les plus optimistes, réaliser un score à deux chiffres et donc bel et bien peser sur le Congrès de Poitiers.

Quelles conséquences ?

Le soutien du Gouvernement à la motion A va forcément inciter à surveiller son résultat. Avec une large majorité, l'exécutif sortirait conforté dans la politique sociale-libérale qu'il mène depuis trois ans et accentuée depuis l'arrivée de Manuel Valls à Matignon.Un score inférieur à 50 % lors de ce premier tour sonnerait en revanche comme un réel désaveu des militants envers cette politique. Mais de là à influer sur les orientations, il y a encore un pas qui paraît difficilement franchissable. Plus qu'une nouvelle façon de gouverner, c'est surtout un parti divisé qui ressortirait d'un tel résultat, avec tous les problèmes que cela peut engendrer, à deux ans de l'élection présidentielle. Une crise d'identité et de leadership qui pourrait convaincre le parti d'organiser des primaires.Enfin, sans majorité absolue, il faudrait un second tour, le 28 mai, pour départager les deux motions qui sont arrivées en tête. Et là, les tractations iraient bon train pour dégager une majorité.

De vraies divergences ?

Parmi les frondeurs, la principale critique envers les signataires de la motion A consiste à dire que ce qu'elle prône n'est en rien compatible avec la politique menée par le Gouvernement depuis l'arrivée de François Hollande à l'Elysée. Un argument recevable. Encadrement des loyers, réorientation du pacte de responsabilité vers l'emploi plutôt que les entreprises, réforme fiscale, généralisation du CV anonyme... A lire les propositions de la motion menée par le premier secrétaire, difficile de ne pas y voir une liste de certains des renoncements de François Hollande depuis qu'il est à la tête de l'Etat. Face à leurs contradictions, les membres du Gouvernement assument et expliquent que signer une motion ne signifie pas être en accord avec chaque ligne qu'elle contient. "La prochaine fois qu'il signera quelque chose, il le lira avant", a lancé de son côté François Lamy, ancien ministre de Jean-Marc Ayrault, à propos du ministre du Travail François Rebsamen, sur le plateau d'I-Télé.Si Martine Aubry a fait le choix de l'unité en ralliant la motion A, les militants pourraient se montrer moins indulgents envers le Gouvernement. Le résultat dira si un scénario similaire au fiasco du Congrès de Reims, en 2008, est possible.

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