Lubrizol ? "Je n'ai pas de doute sur la transparence du gouvernement"
Les autorités jouent-elles la transparence au sujet de l'enquête sur l'incendie Lubrizol à Rouen, s'interroge Patrick Roger ? "Là dessus, je n'ai pas de doute affirme Barbara Pompili, députée LREM de la Somme (ex-EELV) et présidente de la commission du développement durable à l'Assemblée nationale. Ils donnent les informations qu'ils ont. Mais oui, il faudrait retravailler la façon dont ça a été géré. Ils ont compris le besoin de la population de savoir, mais malheureusement, les analyses, ça prend quelques jours".
Les autorités sont peut-être allées trop vite pour dire qu'il n'y avait pas de danger, alors que les résultats ne sont pas définitifs. "Une pluie noire, ça doit impressionner et ça pose question. Je suis élue de la Somme : chez nous aussi, un nuage est passé, et quatre jours après, on nous dit de ne pas manger ce qui est issu des fermes dans telle ou telle commune, en sachant qu'on peut dans la commune d'à-côté. Cela pose question sur la manière dont on doit gérer ces crises. Sur les mesures immédiates, les gens ont été confinés, le boulot a été fait. Mais on sent qu'il y a peut-être un manque sur la gestion à plus long terme, notamment sur les pollutions diffuses."
"J'organise dans ma commission mercredi une audition de la ministre Elisabeth Borne"
Concernant les analyses, en tant que présidente de la commission du développement durable à l'Assemblée nationale, certaines informations sont-elles transmises ? "Comme ils ne cachent rien, j'ai les mêmes informations que tout le monde explique Barbara Pompili. Mais on a besoin de mieux comprendre comment ça a fonctionné ou dysfonctionné. J'organise dans ma commission mercredi une audition de la ministre Elisabeth Borne, où tous les députés pourront venir pour l'interroger". Faut-il un grand débat à l'Assemblée nationale également ? "On sent que les parlementaires, et c'est bien normal, veulent jouer leur rôle de contrôle de l'action du gouvernement, et on regarde comment faire".
Y aura-t-il une commission d'enquête parlementaire ? "Ça peut être un moyen, des députés demandent une commission d'enquête parlementaire, d'autres une mission d'information... Le support, on verra bien. Mais en tout cas, il y aura quelque-chose." Corinne Lepage réclame de nouvelles analyses. "On voit qu'on est dans un changement de société. Aujourd'hui, les citoyens, les associations et les élus veulent être associés aux décisions quand il y a ce genre de choses. Sur les risques technologiques, on est en retard sur l'association des populations. Il va falloir qu'on se penche sur la question de savoir comment on fait, en gestion de crise, pour que tout le monde soit associé : pourquoi pas des analyses menées par des associations indépendantes ou par d'autres organismes publics".
"Il y a des risques de pollution diffuse qu'on a du mal à évaluer"
Des associations parlent de "cancer Lubrisol" et d'autres parlent de "Tchernobyl français". "On ne peut pas comparer des accidents nucléaire et technique sur l'impact immédiat et des années après. Tchernobyl a fait des milliers de morts et il y a encore des conséquences des décennies plus tard. Par contre il y a des risques de pollution diffuse qu'on a du mal à évaluer. La pollution de l'air, de l'eau, des sols, les impacts sur nos produits agricoles : aujourd'hui on a une question sur la méthodologie, qui est perfectible. Au moins que ce genre de choses nous serve de leçon et qu'on sache assez vite la composition des suies pour savoir ce qu'on va faire après".
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