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Luc Carvounas : "Macron a une grande méconnaissance du fonctionnement des territoires"

Par Benjamin Jeanjean

Député (Nouvelle Gauche, ex-PS) du Val-de-Marne, Luc Carvounas était l’invité ce mardi de Territoires d'Infos, la matinale de Sud Radio et Public Sénat présentée par Cyril Viguier, avec la presse quotidienne régionale. Selon lui, les derniers jours ont montré une conception très particulière des institutions chez Emmanuel Macron.

"Dire à 20% des administrés que c’est à eux de supporter le coût du fonctionnement de la collectivité, c’est un mauvais signal". Sur le plateau de Territoires d'Infos, la matinale de Sud Radio et Public Sénat présentée par Cyril Viguier avec la presse quotidienne régionale, le député (PS) du Val-de-Marne Luc Carvounas a montré son opposition à la proposition d’Emmanuel Macron de supprimer la taxe d’habitation pour près de 80% des Français, tout comme les économies supplémentaires que le chef de l’État a demandées aux collectivités locales ce lundi (13 milliards d’euros lors du prochain quinquennat, contre 10 annoncés lors de la campagne).

"Ces trois milliards en plus, c’est le zig et le zag entre Édouard Philippe lors de son discours de politique générale et le président de la République. Il l’impose en disant aux collectivités : "Mon choix politique, c’est vous qui allez le supportez". Dans ma ville d’Alfortville, nous avons fait sept millions d’euros d’économies lors du précédent quinquennat. On nous demande de faire les efforts, mais on les a fait, les efforts !", s’est-il insurgé. "Nous avons un président de la République qui a une grande méconnaissance du fonctionnement des territoires", a-t-il insisté.

"Extrêmement inquiet de la manière dont le Président a tapé sur le chef d’état-major"

Membre de la commission Défense et forces armées de l’Assemblée nationale, Luc Carvounas est également revenu sur la polémique qui opposé le général Pierre de Villiers au président de la République, assurant ne pas voir en quoi le haut gradé avait "franchi une ligne rouge". "Nous avons le chef d’état-major des armées qui se rend à la commission de Défense de l’Assemblée nationale, à huis clos, avec les représentants de la nation. Je rappelle que le Parlement est censé contrôler l’exécutif, c’est notre rôle. Je suis donc extrêmement inquiet de la manière dont le président de la République a tapé sur le chef d’état-major devant des militaires qui étaient juste heureux de défiler le lendemain au 14 juillet. Quel message cela renvoie-t-il ? Que si le ton de l’échange avec les parlementaires ne convient pas au Président, ce sera un limogeage habillé ? (…) Un président de la République qui fait ça lorsqu’il n’est pas content de ce qui se dit à huis clos, ça en dit long sur le fonctionnement des institutions selon celui qui est censé en être le garant...", déclare-t-il.

"Macron veut que la haute administration fasse politique et société"

Fustigeant également le bashing gouvernemental actuel envers les fonctionnaires, Luc Carvounas déplore la vision de l’administration du président de la République. "Il l’avait annoncé. Il a recruté des ministres experts, en ne leur donnant que dix conseilleurs. Il souhaite que la haute administration fasse politique et fasse société. Ce n’est pas ma vision des choses", déplore-t-il.

Un autoritarisme qui se traduit également dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, selon Luc Carvounas. "On a voté la loi d’habilitation pour les ordonnances un 13 juillet au soir à 21h15, à un moment où les députés sont censés être dans leurs circonscriptions pour la fête nationale. Aujourd’hui, on fait voter au canon un texte sans même qu’on ait eu la copie des échanges entre les syndicats et le gouvernement. C’est la première fois que je vois cela, avec 308 députés LREM qui sont en réalité une machine à voter contre tout ce que propose l’opposition", dénonce l’élu de la 9ème circonscription du Val-de-Marne.

"Quand Defferre a fait 5%, les Hamon et Valls de l’époque ne sont pas partis"

Enfin, cet ancien proche de Manuel Valls a également abordé la situation politique et financière délicate du Parti socialiste, qui va voir ses dotations publiques s’effondrer prochainement. "C’est un moment forcément difficile. Il faudra voir nos dépenses et nos recettes et ne pas aller trop vite. Il faut se mettre au boulot. Moi je me suis retroussé les manches en acceptant d’aller dans cette direction collégiale. Quand Gaston Defferre a fait 5%, moins que Benoît Hamon, les Hamon et Valls de l’époque ne sont pas partis. Nous on va faire le job, on va redresser la maison, parce que moi je crois au socialisme, à l’heure où tout le monde parle d’insoumis et de marcheurs. C’est nous qui avons fait l’abolition de la peine de mort, les 35 heures, le mariage pour tous...", insiste-t-il.

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