"Manuel Valls n'a pas eu raison de tenir, le pourrissement n'est pas la bonne solution" proteste Marie Noëlle Lienemann sur le plateau de Territoires d'Infos. La sénatrice PS de Paris appelle à la reprise des négociations entre le gouvernement et les syndicats et à la suppression des articles de la loi travail qui créent la discorde : "je pense qu'on peut négocier puisqu'on est pour le dialogue social. Pourquoi on voudrait le dialogue social dans les entreprises et pas avec les partenaires sociaux ? On a franchement autre chose à faire dans le pays que d'être obligé d'être dans une situation de tension comme nous l'avons à la veille de l'Euro. À partir du moment où il y a des points clés à dénouer, j'appelle à la reprise de la négociation et aux retraits des articles qui créent la discorde. On verra s'il y a un accord majoritaire ou pas, et surtout sur quoi. Aujourd'hui, le président de la République n'a pas ouvert ses portes."
"La France a besoin de savoir où elle va"
Interrogée par les éditorialistes de la presse quotidienne régionale, Marie-Noëlle Lienemann regrette le manque d'une vision d'avenir cohérente : "C'est quoi l'intérêt général du pays ? Au bout d'un moment, on n'est pas dans la combine politique. Pour colmater des brèches que le gouvernement a ouvertes, on est en train de disperser des réponses qui ne donnent pas une vision d'avenir. Voilà la France qu'on nous propose, "le c'est moins pire". Ce sera encore pire avec la droite, donc acceptons des reculs. C'est le slogan permanent : ça va mieux, mais ce n’est pas bon. Non, la France a besoin de savoir où elle va."L'ancienne ministre dresse le même constat concernant la venue de François Hollande au 99ème congrès des maires de France aujourd'hui. La baisse de dotations de l'Etat de 3,7 milliards aux collectivités sera-t-elle réévaluées ? D'accord sur le fond avec une relance des investissements, elle exige la définition d'un cap : "Il faut une politique de relance, mais il faut qu'elle soit ciblée. Est ce qu'on est bien au clair sur le fait que pour soutenir la demande intérieure, il faut redresser le pays dans la justice, pour la justice sociale ? Est-ce qu'on est bien clair de où l'on doit mettre nos efforts ?" s'interroge-t-elle. Une "impression de cafouillage" règne selon elle autour des décisions politiques, mais surtout de la communication du président de la République : "On n'a pas une stratégie redistributive d'ensemble. La redistribution est vécue au cas par cas, pourquoi sur les uns et pas sur les autres. Les communautés locales sont les premiers grands investisseurs de ce pays. Si le président prend des orientations pour relancer l'investissement des collectivités, très bien, mais il faut faire attention à la manière. Tout ça donne une impression de cafouillage : comment on va financer, le but, les priorités ? Pour que ça marche, il faut une adhésion des Français. On est dans une tension dans ce pays qu'il faut absolument desserrer. On oppose les uns aux autres, on donne l'impression que notre avenir est derrière nous, que nos avancées sociales sont des luxes supplémentaires."
"Au grand rendez vous pour chercher une voie alternative à l'ultralibéralisme"
Si Marie Noëlle Lienemann refuse de parler de mensonge de la part de François Hollande, elle reconnaît des "concessions d'orientation" à rebours de l'Histoire : "François Hollande n'a pas tenu ses engagements, il a fait des concessions, pas simplement de forme, mais d'orientation, à la droite et au Medef. Et d'une certaine façon, à rebours de l'Histoire. Nous sommes dans une période où partout dans le monde, le consensus libéral de la mondialisation heureuse est percuté. Je pense que nous sommes au rendez-vous du grand changement qui est en train de s'opérer dans le monde entier, celui de chercher une voie alternative à l'ultralibéralisme." À savoir quelle personnalité politique est à même de réaliser de ce grand changement, l'ancienne ministre, candidate aux primaires du parti socialiste, espère que ces dernières permettront à la gauche de trouver une ligne politique qui rassemble : "je constate que la gauche est très basse, que François Hollande a réussi à fracturer de manière lourde la gauche. Le parti socialiste a les primaires dans ses statuts. Cela permettra de trouver une personnalité qui fédère, car il ne faut pas être piégé par la Vème République. Nous avons besoin d'un débat politique de haut niveau et pas de petites combines de bas étages". Regardez l'interview de Marie Noëlle Lienemann, sénatrice PS de Paris et ancienne ministre, invitée de Territoires d'Infos sur Sud Radio et Public Sénat.