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Manon Aubry : "Après le fiasco des masques, des tests, on a celui du vaccin"

Manon Aubry, députée européenne LFI, était l’invitée du “petit déjeuner politique” de Patrick Roger le 5 janvier 2021 sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 7h40.

Manon Aubry LFI
Manon Aubry interviewée par Patrick Roger sur Sud Radio, le 31 mars, dans “L’invité politique”.

Manon Aubry : "C'est à se demander si ceux qui nous gouvernent ne sont pas de dangereux amateurs"

La campagne de vaccination en France, jugée très lente par rapport à celle des autres pays européens, continue de faire polémique. Manon Aubry, députée européenne La France Insoumise, demande "de la clarté et de la lisibilité" au gouvernement. "On nous dit qu’il y a 500.000, 600.000 doses de vaccins en France aujourd’hui disponibles ; comment elles vont être déployées sur tout le territoire ? Quelle distribution entre les différents départements, les différents hôpitaux ?" Elle s’interroge sur la gestion et la logistique : "quand on entend qu’il y a 5.000 vaccins qui ont été transportés à Nice dans un taxi, on se dit qu’en termes de logistique… pardon ?"

Le gouvernement, pour expliquer la lenteur de la vaccination, avance la prudence et la défiance des Français envers le vaccin. "Franchement, ils voudraient rendre méfiants les Français, ils ne s’y prendraient pas autrement. Et en réalité, ils masquent leurs incuries derrière cette pseudo-prudence", estime Manon Aubry. Elle confie avoir le sentiment que "2021 commence comme 2020 s’est achevé", entre impréparation et amateurisme. "Après le fiasco des masques, des tests, on a celui du vaccin". Elle se demande, de fait, "si ceux qui nous gouvernent ne sont pas de dangereux amateurs".

 

"Je ne sais pas si c’est la bureaucratie ou l’administration, en tout cas il y a un problème d’organisation"

La bureaucratie et l’administration sont également mises en cause pour expliquer les lenteurs dans la distribution des vaccins en France. "Je ne sais pas si c’est la bureaucratie ou l’administration, en tout cas il y a un problème d’organisation", estime la députée européenne. Elle prend en exemple l’Inde, pays bien plus grand que la France, qui a annoncé être en mesure "de vacciner 300 millions de personnes". "Je me dis : si à l’échelle du territoire français on n’est pas capables de le faire, c’est à se poser des questions, mais de manière plus générale sur l’organisation territoriale française".

Olivier Véran, ministre de la Santé, s’est dit opposé au principe des "vaccinodromes", de grands lieux de vaccination massive comme les ont organisés certains pays. "On a vu dans le passé que ça n’a pas été forcément le plus efficace", concède Manon Aubry. "La voie à privilégier doit être celle du médecin traitant, y compris pour lever des doutes, des questions", car les Français lui font confiance. Néanmoins, elle rappelle que "des Français n’ont pas de médecin traitant" et qu’il y a des déserts médicaux en France, ce qui pourrait créer des problèmes dans la gestion de la vaccination. "Il va falloir potentiellement trouver des alternatives, pourquoi pas des pharmaciens ?"

 

"Je comprends les doutes des Français au vu de la manière dont le gouvernement a organisé cette campagne de vaccination"

La stratégie vaccinale choisie par la France prévoit une vaccination prioritaire pour les personnes âgées, car elles ont le taux de mortalité le plus élevé, et les personnels soignants, avant une extension progressive à toute la population. Manon Aubry souligne l’hésitation du gouvernement sur cette stratégie : "d’abord c’étaient les personnes âgées, puis ils ont ajouté les soignants. De nouveau, on voit l'impréparation et l'amateurisme du gouvernement" déplore-t-elle.

Quant à savoir s’il faut étendre plus rapidement la cible de la vaccination, notamment envers les enseignants, elle juge qu’il faut qu’on sache auparavant si "le vaccin protège de la contamination". "Tant qu’on n’a pas cette réponse, je pense qu’il faut privilégier les personnes à risque pour savoir si les autres personnes doivent se faire vacciner".

 

"Personne ne croit à la volonté de démocratiser d'Emmanuel Macron ni à sa colère mise en scène de manière grotesque"

Alors que l’opposition au vaccin est très importante en France, la députée européenne LFI est claire : "moi, si on me pose la question de me faire vacciner, oui je vais me faire vacciner". Toutefois, elle tient à préciser qu’à 31 ans et sans facteurs de comorbidité, "je pense que je vais être la dernière à être vaccinée". "D’ici-là, on aura aussi un peu plus de recul." Pour autant, elle comprend les doutes des Français sceptiques "au vu de la manière dont le gouvernement a organisé cette campagne de vaccination". Pour lever ces doutes, elle conseille aux Français d’en parler à leur médecin traitant.

Sur le Conseil des citoyens tirés au sort, "c'est un gadget un peu tardif ! Pour elle, personne ne croit à la volonté de démocratiser d'Emmanuel Macron alors qu'il décide de tout, tout seul à l'aide d'un conseil de défense opaque, ni à sa colère mise en scène de manière grotesque dans le JDD ce week-end. En réalité, il y a un homme qui est responsable, il s'appelle Emmanuel Macron et il doit prendre ses responsabilités" affirme-t-elle. Par ailleurs, "le gouvernement manque de clarté, de lisibilité et de transparence tient-elle à souligner, ils alimentent le scepticisme quand ils ne sont pas capables d'être transparents par exemple sur les contrats pharmaceutiques".

 

Appels à la grève fin janvier : "Nous allons nous joindre à ces appels"

Philippe Martinez, le leader de la CGT, a dit qu'il appellerait sans doute à des mouvements sociaux à la fin du mois de janvier en raison d'une inquiétude sociale. "Nous allons nous joindre à ces appels, car l'inquiétude est majeure explique Manon Aubry, quand on voit que le nombre de bénéficiaires du RSA a augmenté de 10%, que le nombre de pauvres a augmenté de 1% dans ce pays, que les licenciements commencent à se profiler à tour de bras dans des grandes comme des petites entreprises qui mettent la clef sous la porte, alors qu'elles ont touché des aides de l'État".

 

"On voit à quel point les discours sur le protectionnisme en pratique n'ont pas duré longtemps"

Un accord d'investissement sera signé entre l'Union européenne et la Chine : "s'il y a une leçon à tirer de la crise que l'on vient de vivre, c'est qu'on a besoin de se protéger estime Manon Aubry, que le libre-échange est dangereux. Pour produire les vaccins et les médicaments, on dépend de l'étranger ! déplore-t-elle. On va continuer à signer à tour de bras des accords de libre-échange. On voit à quel point les discours sur le protectionnisme en pratique n'ont pas duré longtemps et ont été brûlés sur l'autel du libre-échange et de la concurrence qui malheureusement ne nous a pas sauvés de la crise l'an dernier".

 

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