Le tête-à-tête vient à peine de débuter, et Marine Le Pen tique déjà sur le nom de l’émission : "Ce sont les Français qui embauchent, pas les journalistes", lance t-elle à son interlocuteur, Jean-Jacques Bourdin. Le ton est donné par celle qui réaffirme d'office ses positions anti-européennes : "Je suis candidate à la présidence de la République française, pas à l’Europe". Raison pour laquelle elle a demandé, la veille, sur le plateau de TF1, à ce que soit retiré le drapeau d’une Union européenne qu’elle juge appelée à "mourir", et qui se comporterait en plus "en ennemi" contre la France.
La troisième fille de Jean-Marie Le Pen se veut très critique concernant le droit du sol. Elle juge le territoire français "perméable" et donc propice aux attentats. "Est-ce qu’on se donne les moyens aujourd’hui de répondre aux dangers qui existent ? Moi, je vous dit non" commente t-elle. C'est pourquoi elle désire mettre en place de nouvelles mesures concernant le droit du sol et les migrants. Son leitmotiv ? "Le risque zéro n’existe pas", malgré le déploiement des policiers et des militaires dont elle salue le travail. Elle déplore également leur manque de moyens et d’ordres clairs provenant des politiques. "Ce qui est honteux, c’est de ne pas tout mettre en œuvre pour diminuer la menace".
"ll y a une déraison ambiante dirigée contre moi"
Quand il se penche sur la vie privée de son interlocutrice, notamment ses prémices politiques, M. Bourdin n’hésite pas à fouiller dans les archives. À l’aide d’une vidéo de sa première apparition publique à la télévision, en 2002, il la replonge dans son face-à-face virulent avec un certain Jean-Luc Mélenchon qui lui répondait "Mais c’est qui celle-là ?!". La jeune avocate de l’époque a tracé sa route depuis, évoquant tour à tour ses enfants, son emploi de député européenne, son amour pour les chats … et son livre de chevet : La légende des siècles de Victor Hugo.
Concernant le choix de son père de voter pour elle lors de l'imminente élection présidentielle, Marine Le Pen avoue ne pas être surprise. "Il est patriote, ça ne m’étonne pas de lui", dit-elle. Elle rebondit par ailleurs sur les propos de l’ancien président du Front National concernant la guerre d’Algérie. "La colonisation a beaucoup apporté à l’Algérie : hôpitaux, routes, écoles...". Bourdin ne manque pas de la renvoyer à ses propos sur le Vel’ d'Hiv’, qui ont fait récemment polémique. Marine Le Pen assure avoir simplement prolongé la vision gaullienne et être une constante victime d’acharnement.
Elle fait part de son admiration pour Richelieu, le "personnage politique qui a crée l’État français moderne", mais également pour Michel Sardou et Dalida, dont les chansons viennent conclure son "entretien d’embauche". Elle cédera sa place demain matin à Jean-Luc Mélenchon, comparé précédemment à Alexis Tsipras, le premier ministre grec.
Alexandra SEGOND