Marlène Schiappa - fermeture des lieux culturels : "C’est une décision extraordinairement difficile qu’a pris le Premier ministre"
Jean Castex a annoncé les nouvelles mesures sanitaires liées au déconfinement, modifiées par rapport à ce qui était prévu. Notamment, un couvre-feu élargi, y compris au Nouvel An, et le maintien de la fermeture des lieux culturels font partie des changements majeurs par rapport à ce qui avait été annoncé par Emmanuel Macron. Le milieu de la culture a rapidement fait entendre sa colère. "Bien sûr, je les comprends", déclare Marlène Schiappa. "Chacun s’était préparé pour potentiellement ouvrir le 15 décembre", explique la ministre qui déclare avoir même pris des billets pour le 16 décembre "pour accompagner la réouverture des théâtres, des cinémas, des cabarets, etc.". "C’est une décision extraordinairement difficile qu’a pris le Premier ministre, mais la décision est fondée vraiment sur la situation sanitaire."
Les professionnels du spectacle ne comprennent pas leur fermeture, alors qu’ils peuvent réguler les flux, tandis que les Français s’amassent dans certains magasins et galeries marchandes. La ministre déléguée chargée de la Citoyenneté rappelle qu’une "clause de revoyure" a été fixée au 7 janvier par Jean Castex "avec l’espoir que collectivement nous continuons à respecter les gestes barrières, que les Français observent très bien", tient-elle à préciser.
31 décembre : "Il y aura un certain nombre de contrôles afin de faire respecter le couvre-feu"
Le 31 décembre 2020, fête plutôt appréciée par les jeunes, il y aura un couvre-feu et donc aucune festivité dans la rue. Les jeunes, privés durant quasiment toute l’année 2020 d’interactions sociales, espéraient pouvoir faire la fête, espoir douché par le Premier ministre. "Je ne vais pas donner des leçons de morale, mais je crois que les Français ont aussi montré cette capacité à se réinventer pendant la période du confinement", déclare la ministre citant notamment les "apéros Zoom en vidéo".
Elle déclare qu’elle passera le 31 chez elle "sans amis" mais souligne qu’on peut toujours inviter des amis. "Après, il faut pouvoir loger les gens, et tout ça dans le respect des 6 adultes maximum". Certains Français, explique-t-elle, vont donc "faire la fête la journée" et "profiter des espaces de liberté qui existent". "Je ne dis évidemment pas que c’est facile, je conçois que ce soit difficile, frustrant et même que ça mette en colère."
Elle tient malgré tout à préciser que "Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a annoncé hier qu’il y aurait un certain nombre de contrôles afin de faire respecter le couvre-feu et faire en sorte que l’ordre public soit respecté", prévient-elle.
Mila : "Il ne faut pas la laisser tomber"
Le projet de loi sur les principes républicains vise le séparatisme mais également la haine en ligne. La jeune Mila, au centre d’une affaire de harcèlement et de menaces de mort depuis plusieurs mois, a été virée de son lycée militaire et son père interpelle les pouvoirs publics. "J’ai lu avec beaucoup d’intérêt la lettre de son père", déclare Marlène Schiappa, très engagée dans la défense de la jeune fille. "Dans sa lettre, son père dit justement ‘Jean-Michel Blanquer et Marlène Schiappa ont beaucoup soutenu Mila et se sont démenés, etc.,’ et je l’en remercie". La ministre déléguée demande à avoir "le dossier" justifiant les raisons pour lesquelles "cette jeune fille a été exclue de cet établissement". "Je pense qu’il ne faut pas la laisser tomber. Nous sommes déjà mobilisés pour essayer de trouver des solutions".
Pour la ministre déléguée, "la place d'une enfant et d'une adolescente est à l'école. On a une adolescente qui veut être scolarisée, et là, on la blâme, on blâme cette jeune fille, parce qu’elle est menacée de mort. Je vais continuer à me démener pour trouver une solution pour cette jeune fille, assure-t-elle. Donc je trouve que c’est un peu une double peine pour Mila". "Elle ne va pas fuir et se cacher toute sa vie."
La loi qui sera discutée par le Parlement devrait permettre de protéger les adolescents harcelés. "Notre idée, c’est de les protéger mieux" notamment par la création d’un "délit de mise en danger de la vie d’autrui par divulgation d’informations personnelles". "Vous avez des gens, liés aux islamistes, qui ne lancent plus sur les réseaux sociaux des menaces de morts ou des fatwas en tant que telles, mais qui donnent des infos, mine de rien, d'une manière qui semble anodine. C'est ce qui s'est passé pour Samuel Paty, rappelle-t-elle. On lance des appels au meurtre", déclare Marlène Schiappa. Maintenant, divulguer des informations personnelles ou familiales sur des profs, des journalistes, des fonctionnaires de la République, dans le but de leur porter atteinte sera un délit qui sera condamné".
"Pas un euro d’argent public ne sera versé aux ennemis de la République"
La loi prévoit de mieux contrôler les financements des associations, entre autres. "La liberté d’association, on n’y touche absolument pas. Mais la liberté d’association ne va pas avec l’obligation, pour l’État, de vous verser de l’argent. Vous pouvez avoir une association sans subvention".
"Ce que nous voulons, c'est protéger les maires, les élus locaux". Elle souligne que le maire de Montpellier, qui a créé une charte de la laïcité pour les associations, se retrouve face "à des associations qui lui disent ‘cette charte n’est pas légale, on n’en veut pas, on la refuse’ voire ‘on va l’attaquer en justice’". La ministre déléguée à la Citoyenneté explique donc que le gouvernement prévoit de mettre "dans la loi, un contrat d’engagement sur les principes républicains et sur la laïcité, qui permettra aux élus locaux de le faire signer". "Pas un euro d’argent public ne sera versé aux ennemis de la République."
Qui pourra procéder aux contrôles ? s'interroge Patrick Roger. "C'est le travail des CLIR, les cellules de lutte contre l'islamisme et le reclus communautaire, explique Marlène Schiappa, qui existent autour du préfet et du procureur de la République dans tous les départements. Ils se réunissent tous les 15 jours ou tous les mois, et passent en revue les dossiers des associations et des entreprises signalées comme radicalisées. On va construire les termes de ce contrat d'engagement avec les élus et les associations", souligne-t-elle.
Marlène Schiappa : "L'infidélité, le polyamour, les trouples, les plans à trois restent autorisés"
La loi prévoit aussi de lutter contre la polygamie et les mariages forcés en France, qui sont déjà interdits. "Vous savez, il y a plein de choses en France qui sont interdites et qui se font quand même." Marlène Schiappa souligne qu’il y a malgré tout "200.000 femmes qui vivent dans un mariage forcé en France". La loi prévoit donc de "renforcer le pouvoir des ONG et des associations" et notamment un renforcement en cas de signalement. "L’officier d’État civil aura l’obligation de recevoir les futurs mariés et de faire un signalement au Procureur de la République si jamais il considère qu’il y a un doute."
La ministre déléguée tient à préciser que "la polygamie est absolument déjà interdite, mais que l'infidélité, le polyamour, les trouples, les plans à trois restent autorisés. C'est la polygamie qui est interdite en France, parce que se marier permet d'avoir accès à des droits. Nous ne pouvons plus donner des titres de séjour à des personnes qui sont polygames".
"Je suis favorable à ce qu’on interdise le voile pour les petites filles de 4 ans"
La crainte du gouvernement est que la Charia, la loi islamique, soit perçue comme au-dessus de la loi républicaine. Une réalité, pour Marlène Schiappa : "quand on voit des pratiques telles que l’excision" ou encore "les certificats de virginité"… "Je crains l’obscurantisme, de manière générale."
Sur le port du voile, la ministre déléguée rappelle qu’il "y aura un amendement de la députée Aurore Bergé et du député Jean-Baptiste Moreau" pour interdire le port du voile pour les plus jeunes filles. "Moi, philosophiquement, je les soutiens : je suis favorable à ce qu’on interdise le voile pour les petites filles de 4 ans".
Néanmoins, "les mères voilées peuvent accompagner les sorties scolaires, à mon humble avis" ; Marlène Schiappa rejoint ici l’avis du Conseil d’État, qui a déjà tranché sur la question.
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