Alors que la campagne électorale présidentielle bat son plein actuellement, l’un des temps forts attendus pourrait-il tout bonnement passé à la trappe. C’est bien possible. En effet, en décidant de programmer un grand débat télévisé réunissant les 11 candidats le 20 avril au soir, soit trois jours avant le premier tour, France 2 ne s’est pas fait que des amis parmi les candidats. Le premier à dégainer a été Jean-Luc Mélenchon, le candidat de la France insoumise, qui s’en est prise à la chaîne publique dans un billet publié sur son blog.
Mélenchon et Macron pas très chauds pour le 20 avril
"La chaîne ne s’est pas demandée si nous sommes d’accord pour mettre en jeu toute notre campagne 48 heures avant le vote, ni ce que nous avions prévu de faire à cette date, ni s’il est décent et conforme qu’une campagne électorale s’achève par un événement auquel il est impossible de répliquer le cas échéant", a-t-il lancé ce mardi. Emmanuel Macron a lui aussi mis en suspens son accord pour participer à ce débat. "Un débat à onze suffira, et pas un débat de dernière minute", a-t-il dit en conférence de presse, s’en remettant au CSA pour s’organiser avec les chaînes (Ndlr : un premier débat à onze candidats aura lieu le 4 avril sur Cnews et BFMTV).
Dupont-Aignan dénonce la "lâcheté" et la "peur" de Mélenchon et Macron
Mais tous les acteurs politiques ne sont pas de cet avis. Dans un communiqué publié ce mardi, Nicolas Dupont-Aignan a fustigé l’attitude de ses deux concurrents, lui qui n’avait pas été convié au premier débat sur TF1. "Après avoir cautionné par leur participation le débat sur TF1 entre « favoris » des sondages, ces deux candidats refusent de confronter leurs programmes respectifs avec l’ensemble des autres candidats trois jours avant le 1er tour de l’élection présidentielle. (...) Alors que plus de la moitié des Français n’ont toujours pas fait leur choix, l’organisation d’un tel débat constitue une véritable bouffée d’oxygène pour notre démocratie à trois jours du premier tour. (…) La lâcheté et la peur dont Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron font preuve démontrent que ni l’un ni l’autre ne sont à la hauteur de la fonction pour laquelle ils candidatent", a-t-il déclaré, remerciant par ailleurs la direction de France 2 pour l’organisation de ce débat.
Sur son compte Twitter, le chef de file des députés socialistes, Olivier Faure, a lui aussi regretté l’attitude de Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron.
Pas banal que les candidats à la #Presidentielle2017, qui ne sont pas passés par un débat de primaires, refusent maintenant débat TV
— Olivier Faure (@faureolivier) 28 mars 2017
Le CSA se dit "préoccupé"
Quoi qu’il en soit, le CSA lui-même s’est emparé de la question. Dans un communiqué rendu public ce mercredi, l’instance de contrôle audiovisuel s’est interrogée sur la pertinence de cette date, faisant part de sa "préoccupation". "Cette préoccupation est relative à l’émergence possible à l’occasion de ce débat d’éléments nouveaux de polémique électorale auxquels des candidats mis en cause ne seraient pas en mesure de répondre utilement compte tenu de la brièveté du temps qui leur serait laissé. (…) Le CSA souligne sa disponibilité pour mettre en œuvre un dialogue aussi rapide que possible tant avec les candidats à l’élection qu’avec les radios et les télévisions se disposant à organiser de telles émissions, en vue de parvenir à un accord général conforme aux principes applicables au débat électoral", peut-on lire dans ce communiqué.