Les fonctionnaires descendent dans la rue ce mardi, à l’appel de la totalité des syndicats de la fonction publique. Pour Nathalie Arthaud, porte-parole de Lutte Ouvrière et invitée politique du Grand Matin Sud Radio ce mardi, les raisons à cette colère sont nombreuses. "Le gel du point d’indice, la suppression du jour de carence et des emplois aidés, qui ont des conséquences très graves dans les services publics, ainsi que l’augmentation de la CSG dont on nous dit qu’elle sera compensée, mais qu’est-ce que c’est que cette histoire de prime ? On a tout un discours qui témoigne d’un mépris vis-à-vis du fonctionnaire, une petite musique qui laisse entendre que dans la fonction publique il y a beaucoup de fainéants, etc. Cette colère doit s’exprimer pour qu’on se fasse respecter", clame-t-elle.
"Les travailleurs sont pressés comme des citrons"
L’ancienne candidate à l’élection présidentielle (2012 et 2017) ne fait par ailleurs pas de différences entre le secteur public et le secteur privé dans son analyse de la situation économique actuelle. "On demande des efforts et des sacrifices aux salariés. Je m’élève contre ça, parce que regardez ce qu’il se passe aujourd’hui du côté des plus fortunés, avec la baisse de l’ISF. Toute l’économie fonctionne pour une minorité, pour une frange toujours plus réduite, pour une bourgeoisie qui accapare toujours plus de richesses. On voit que les profits ont explosé tous les records. Vous avez les chiffres du premier semestre de 2017 : 52 milliards de bénéfices annoncés pour les entreprises du CAC40 ! Les travailleurs sont pressés comme des citrons, et c’est vrai dans le privé comme le public", assure-t-elle.
Alors que le projet du gouvernement de supprimer près de 120 000 emplois aidés a beaucoup fait parler ces derniers mois, Nathalie Arthaud ne décolère toujours pas. "Je suis révoltée d’entendre le gouvernement dire qu’il fera tout ce qui est en son pouvoir pour faire reculer le chômage, alors qu’au bout du compte il met en place l’un des plus grands plans sociaux du pays ! Ils nous expliquent que les emplois aidés avaient des inconvénients pour ceux qui en bénéficiaient… Mais ils avaient au moins ça ! Qu’ils les améliorent, qu’ils mettent de la formation, qu’ils assurent une pérennité de ces emplois. Il y a cette politique de systématiquement détruire le peu qui peut marcher pour les plus démunis", se désole-t-elle.
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"Mélenchon veut que tout le monde s’aligne derrière lui"
D’un point de vue plus politique, Nathalie Arthaud a par ailleurs réitéré sa méfiance à l’encontre de Jean-Luc Mélenchon. "Je manifeste contre la politique de Macron, mais je ne veux pas marcher pour Jean-Luc Mélenchon car on ne défend pas la même politique. Je l’ai toujours expliqué : il veut rééditer l’union de la gauche, être reconnu comme le leader de la nouvelle gauche et que tout le monde s’aligne derrière lui. L’union de la gauche, les travailleurs l’ont connue. Ils se souviennent de Mitterrand, de Jospin et de Hollande, qui avait aussi tenu des discours contre la finance et qui a été élu pour faire finalement une politique pour les intérêts des grands groupes et contre le monde du travail. (...) Le monde du travail doit se faire respecter par le rapport de force, car par en haut rien ne changera ! Prenez l’exemple d’Alexis Tsipras en Grèce. Pour moi, Tsipras est un Mélenchon qui a réussi parce qu’il a été élu sur la base d’un programme qui contenait beaucoup d’engagements vis-à-vis des plus pauvres. Aujourd’hui, il est la courroie de transmission des financiers européens...", explique-t-elle.
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Enfin, Nathalie Arthaud n’oublie pas pour autant les petits patrons dans sa défense des travailleurs. "Je sais que beaucoup de patrons souffrent du poids et du diktat de la finance, ils ont eux aussi leurs problèmes et leurs difficultés. Je sais qu’ils sont souvent entre le marteau et l’enclume, entre d’un côté la banque qui demande le paiement du prêt et de l’autre le client qui veut casser les prix. Je sais tout cela, mais c’est le système capitaliste ! On est dans une jungle où les gros mangent les petits. Je défends l’idée que la société puisse s’organiser sans exploitation et sans ces grands groupes capitalistes qui imposent leur domination", rappelle-t-elle.