Nicolas Grégoire, ancien membre du parti des Forces démocrates, auteur du livre Pas avant le deuxième tour (auto-édité) était l’invité d’André Bercoff, mercredi 25 septembre sur Sud Radio dans son rendez-vous du 12h-13h, "Bercoff dans tous ses états".
Qui peut le mieux raconter les dessous des emplois fictifs présumés qui seraient "généralisés" dans les partis, qu'un revenant de la politique ? Nicolas Grégoire a adhéré au parti des Forces Démocrates, le parti de François Bayrou à la fin des années 1990-début 2000. Dans son livre Pas avant le deuxième tour, qu'il a du auto-éditer, l'ancien salarié de l'Assemblée nationale et du Sénat balance tous les travers du système politique actuel et son fonctionnement.
Une pratique totalement illégale
À peine avoir adhéré au sein du parti centriste, Nicolas Grégoire est immédiatement embauché en tant qu'assistant parlementaire d'Ambroise Guennec à l'Assemblée nationale, puis de Jean-Jacques Hyest au Sénat. Une embauche qui lui a permis de découvrir des pratiques "très spéciales mais néanmoins courantes". "J'ai été payé par le Parlement et le Sénat", pendant près de deux ans, sans jamais "ne recevoir un seul centime de la part du parti". Pourtant, en pratique, le jeune homme travaille bien pour Forces Démocrates, dans les bureaux du parti politique. "C'est totalement illégal, c'est même précisé dans le contrat d'assistant parlementaire que j'ai lu vingt ans plus tard", témoigne celui qui est devenu journaliste politique. "Le peu de personnes qui savaient que c'était illégal se sont bien gardées de nous le dire", précise-t-il, avant d'estimer "que tous les salariés du parti étaient payés par de l'argent public".
Nicolas Grégoire n'a jamais collaboré avec Ambroise Guennec. "Je travaillais pour le parti et pour François Bayrou mais j'étais payé par l'argent du contribuable", regrette-t-il. François Bayrou était alors son directeur de publication du journal partisan Démocratie Moderne pour lequel il écrivait. Petit à petit, Nicolas Grégoire prend du galon. "Je suis passé de petite main à moyenne main", et il apprend progressivement les petites combines courantes dans les affaires politiques. "On vous explique que vous pouvez faire sauter une contravention. Vous appelez alors quelqu'un pour qui c'est son rôle et vous n'en entendez plus jamais parlé", citant un "cabinet noir" de Claude Goasguen, alors maire du XVIe arrondissement de Paris. Même pratique lors d'un différend de voisinage. "Une fois, mon voisin qui écoutait de la musique trop forte a reçu à ma demande une lettre de la Mairie de Paris, le menaçant de demander à son propriétaire son expulsion, s'il ne baissait pas le volume de sa musique".
Une pratique "généralisée"
Le salarié de François Bayrou ne restera que deux ans auprès du ministre de l'Éducation de l'époque. Mais il en a tiré des leçons sur les pratiques de la vie politique. "Les emplois fictifs sont quelque chose de généralisés et d'universel dans tous les partis", avance-t-il. Il démarque deux formes d'emplois fictifs. "Il y a celui où l'on se met directement l'argent dans sa poche ou dans celle d'un proche", prenant pour exemple l'affaire de François Fillon, ou encore "la pratique qui permet de détourner l'argent public pour alimenter une ambition politique ou un travail qui n'a rien à voir avec le travail parlementaire", citant les enquêtes en cours sur Marielle de Sarnez et Marine Le Pen.
Mais ces enquêtes n'ont pas l'air de changer profondément les mentalités. "Rien ne change jamais malheureusement en politique, ça continue", affirme-t-il, dévoilant quelques nouvelles techniques pour ne plus être inquiété dans les enquêtes : "Ils sont plus prudents aujourd'hui, ils envoient des mails pour avoir des traces en cas d'enquête".
Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.
Retrouvez André Bercoff et ses invités du lundi au vendredi sur Sud Radio, à partir de midi. Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !