Loin de s’essouffler, le mouvement social des surveillants de prison a repris de plus belle ce lundi avec de nombreux centres pénitentiaires bloqués par des gardiens qui réclament plus de moyens pour assurer leur sécurité et un meilleur statut. Alors que certaines prisons ont été le théâtre d’affrontements entre manifestants et CRS, la ministre de la Justice Nicole Belloubet a reçu ce lundi les représentants syndicaux pour essayer de résoudre le conflit. Mais Emmanuel Baudin, secrétaire général du syndicat FO-pénitentiaire, reste sur sa faim.
"Si Nicole Belloubet nous écoute, elle ne nous entend toujours pas puisqu’on est très loin de la plate-forme revendicative que Force Ouvrière porte depuis dix jours. Sur le côté sécuritaire, elle se félicite du relevé qu’elle a rendu après les négociations avec l’Unsa et la CGT, mais pour nous, le compte n’y est pas du tout. On demande des moyens rapides pour pouvoir protéger les agents. On veut des choses concrètes, ils ne veulent pas l’entendre ! Quand vous leur parlez de taser, vous avez l’impression de demander quelque chose d’horrible… Sur le plan indemnitaire et statutaire, on est vraiment choqués, on pensait qu’elle aurait des choses à nous proposer depuis Bercy. Mais il n’y a rien, si ce n’est qu’elle propose de nous revoir demain pour discuter de tout ça... Il va falloir qu’elle prenne vraiment conscience de la situation. On a bloqué toutes les prisons, et demain on va recommencer et accentuer le mouvement !", assure-t-il au micro de Sud Radio.
"Le directeur de l’administration pénitentiaire est en train de l’amener dans le mur"
S’il a personnellement dit à la ministre "qu'elle avait l’occasion de faire tout ce que ses prédécesseurs n’ont pas fait", Emmanuel Baudin ne sait pas si elle est vraiment la personne idéale pour mener ces négociations. "Je pense que Nicole Belloubet ne maîtrise pas bien les sujets et qu’elle est très mal entourée. On lui avait promis que le mouvement allait s’essouffler et s’arrêter, eh bien non. On a perdu dix jours, c’est pourquoi je pense qu’il faut que Matignon se saisisse du sujet. On a affaire à un directeur de l’administration pénitentiaire qui la conseille mal et qui est en train de l’amener droit dans le mur", affirme-t-il.
Au-delà des négociations chiffrées autour de l’enveloppe accordée pour remédier à la situation – le chiffre de 200 millions d’euros est évoqué par les syndicats –, Emmanuel Baudin regrette également de n’avoir pas franchement été entendu sur certaines mesures concrètes. "On a des propositions pour la gestion de tous les détenus violents. Je lui ai expliqué que les tasers étaient pour dissuader et non pas s’en servir, je lui ai expliqué pour les menottes, les chiens de défense… En Allemagne, il y en a ! Croyez-moi, quand vous avez un chien devant vous, vous ne pensez pas à faire une agression. C’est du concret, et on peut le faire rapidement !", martèle-t-il.
Réécoutez en podcast toute l’interview d’Emmanuel Baudin dans le 18h Sud Radio