La Corse s’apprête-elle, à moyen ou long terme, à réclamer son indépendance ? Alors que les courants séparatistes ont le vent en poupe ces dernières années en Europe (référendum en Écosse, tensions extrêmes en Catalogne), l’île de Beauté ouvre en 2018 une nouvelle page de son histoire administrative avec une nouvelle collectivité prenant la suite des deux Conseils départementaux de Haute-Corse et de Corse du Sud. Un statut qui est toutefois loin – pour l’instant – de signifier l’autonomie selon André Fazi, maître de conférence en sciences politiques à l’université de Corse.
"La collectivité territoriale de Corse, l’équivalent de la région sur le continent, fusionne avec les deux conseils départementaux et donc agrège les compétences, les personnels, les financements de ces trois organismes. On crée une collectivité plus puissante – c’est certain – et dirigée par des nationalistes. En revanche, d’un point de vue constitutionnel, la Corse n’est pas devenue autonome aujourd’hui. Si elle doit le devenir, il faudra réviser la Constitution, ce qui n’est pas une chose facile", relève-t-il, alors que la nouvelle région sera dirigée politique par l’indépendantiste Jean-Guy Talamoni et l’autonomiste Gilles Simeoni.
Si la question corse demeure sensible dans l’opinion publique, ces nouvelles compétences ne sont pas une grande première dans l’histoire française, loin de là. "Il y a différentes collectivités autonomes qui adoptent des règles à la place du Parlement en matière d’urbanisme, de fiscalités, etc. On peut citer Saint-Martin ou Saint-Barthélémy par exemple, et les Français le savent très peu ! En revanche, ce qui n’existe pas, c’est la co-officialité d’une langue régionale ou le statut de résident corse auquel prétendaient les nationalistes. Aussi bien juridiquement que symboliquement, ce serait selon moi plus compliqué à obtenir", explique André Fazi.
Propos recueillis par Quentin Vaslin