Emmanuel Macron aime-t-il la province ? Pas vraiment, à en croire les récents propos de Laurent Wauquiez, candidat à la présidence des Républicains, qui a dénoncé les formules récurrentes du chef de l’État contre les citoyens issus de la France dite périphérique. Députée de Paris et porte-parole du groupe LREM à l’Assemblée nationale, Olivia Grégoire a rebondi sur ces propos lors du Grand Matin Sud Radio ce lundi.
"Je trouve ça assez triste. Je ne reconnais pas la France qu’il est en train de décrire. Il fait le fond de commerce d’une droite un peu dure. Il n’y a pas que moi qui suis mal à l’aise, Éric Woerth l’a dit hier. Si je l’avais en face de moi, je lui dirais déjà d’accepter le débat dans son propre parti avec Florence Portelli et Maël de Calan. Refuser de s’exprimer avec ses partenaires, c’est aussi une façon de démontrer qu’il y a très peu de dialogue à droite. Je pense aussi qu’il tape comme un sourd car il n’est plus entendu. Quand on n’est pas entendu, on utilise des mots extrêmement violents, ce qu’il est en train de faire", déclare-t-elle.
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— Sud Radio (@sudradio) 30 octobre 2017
Olivia Grégoire trouve notamment "remarquables" les propos du Président en Guyane, où il avait déclaré la semaine dernière ne pas venir en "Père Noël". "Ça fait des années qu’on ment aux Français, qu’on leur promet monts et merveilles. Emmanuel Macron a un langage de vérité, ça change dans cet univers. On a un Président qui est dans le réel. Il a dit ce qu’il avait à dire. (...) Au-delà de faire ce qu’ont fait les autres, à savoir promettre en vain des milliards, il décide de mettre en place une réforme institutionnelle qui sera portée l’année prochaine. On est en train d’améliorer la situation en Guyane, ça prendra un peu de temps, mais pas à coups de milliards non financés", indique-t-elle.
"La dynamique #balancetonporc doit atteindre la sphère réelle"
La députée de Paris est également revenue dans cette interview sur les manifestations de femmes ce week-end contre le harcèlement sexuel, qui fait suite à une grande mobilisation sur Internet ces dernières semaines. "Il est très important de ne pas rester dans le virtuel sur ce sujet. La dynamique #balancetonporc est quelque chose de positif et permet de libérer une parole enfouie depuis plusieurs années, mais il est vital que cela atteigne maintenant la sphère réelle et qu’on puisse dénoncer ceux qui ont fait du mal. (…) La parole se libère. Lorsque les femmes étaient acculées à ce type d’actes, ne parlaient pas. Cela va prendre du temps, nous sommes au tout début d’un long processus. Il faut être vigilant sur ce processus en faisant le tri entre e grain et l’ivraie. Il ne faut pas condamner à vau-l’eau et a priori. Les réponses judiciaires proposées à partir de l’année prochaine pourront permettre d’avancer", promet-elle. "Il y a des témoignages qui remontent à moi, notamment sur les frotteurs, très problématiques dans le métro parisien où des hommes se collent aux femmes avant de sortir de la rame pour ensuite recommencer de rames en rames. C’est une agression physique sur les femmes qu’il est important de réprimander", ajoute-t-elle.
.@oliviagregoire : "Je suis députée de Paris et je prends les transports en commun. Je connais le harcèlement de rue" pic.twitter.com/5fUCbNbYqU
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Olivia Grégoire a par ailleurs évoqué le cas de la réforme de l’université, prochain dossier brûlant de l’agenda politique du gouvernement, soupçonné par certains observateurs de vouloir introduire la sélection à l’université. "On est encore en train de toucher à un sujet très épineux et lourd, un sujet tabou. Le gouvernement se rend compte que cela ne fonctionne pas. Aujourd’hui, 60% des inscrits en première année ne passent pas en deuxième année, et 70% des jeunes n’atteignent pas la troisième année de licence. Le constat est donc clair : l’orientation ne fonctionne pas. L’idée n’est pas de parler de sélection : plus on en parle, moins on fait la bonne démarche. Il faut dépasser ces tabous. Emmanuel Macron essaye juste de dire qu’il est important que les bacheliers puissent être orientés vers des filières qui leur plaisent mais qui leur permettent aussi d’avoir un job et d’évoluer dans leur carrière professionnelle. Ce qui va être proposé, c’est de passer dans une dynamique de choix où les professeurs et les universités auront leur mot à dire, et où les étudiants préserveront le choix final de leur orientation. (…) L’énergie de la jeunesse fait que des manifestations sont toujours possibles. Nous sommes en concertation depuis le mois de juillet. Aujourd’hui, la Fage ne s’est pas déclarée contre cette réforme, plutôt en soutien. Le signal budgétaire est aussi important. Le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche est en hausse, avec 235 millions d’euros de plus pour l’enseignement supérieur. Au-delà de la réforme, il y a aussi un soutien budgétaire pour que nos étudiants soient mieux formés et mieux orientés", déclare-t-elle.
"À LREM, nous ne sommes pas des godillots"
Enfin, la porte-parole des députés LREM à l’Assemblée nationale s’est défendue de tout autoritarisme au sein de son groupe parlementaire. "C’est un peu fou, mais Richard Ferrand ne nous demande pas tous les mardis en réunions de groupe à 11h d’être sur la même ligne, comme des oisillons sur une ligne à linge ! Ce n’est pas l’esprit de La République En Marche. Nous sommes un groupe riche, il y a des spontanéités et des points de vue divergents qui s’expriment, on l’a vu sur l’ISF. Nous ne sommes pas des godillots, nous sommes libres de pouvoir s’exprimer au sein du groupe", assure-t-elle.
Réécoutez en podcast l’interview d’Olivia Grégoire dans le Grand Matin Sud Radio