Troisième dose du vaccin contre le Covid, gratuité des tests, situation en Guadeloupe, budget 2022, risque d'inflation, campagne des présidentielles : Olivier Dussopt, ministre chargé des Comptes publics, répond aux questions de Patrick Roger.
Olivier Dussopt : "La question n'est pas de revenir à la gratuité des tests, mais que tout le monde se fasse vacciner"
Face à la "cinquième vague fulgurante", selon les mots de Gabriel Attal, la stratégie du gouvernement reste la même : inciter à la vaccination. Pourquoi, comme le demandent Yannick Jadot et d'autres, ne pas rendre à nouveau les tests gratuits pour éviter de décourager le dépistage ? "Les tests ont été gratuits pendant 18 mois", rappelle Olivier Dussopt qui souligne que la France a été "le seul pays à avoir pratiqué la gratuité des tests". Si les tests sont désormais payants, "les deux doses du vaccin sont gratuites, et la troisième dose de rappel est aussi gratuite pour tous ceux qui y sont autorisés". "Nous sommes le pays qui pratique le plus de gratuité et qui rend le plus disponible et accessible l'ensemble des traitements et des protocoles contre le virus du Covid", soutient-il. "La question n'est pas de revenir à la gratuité des tests, la question est que tout le monde se fasse vacciner", précise le ministre pour qui, "la vraie réponse c'est la vaccination, ce qui est le plus efficace".
[#SudRadio] @olivierdussopt "Les tests ont été gratuits pendant 18 mois. Nous avons été le seul pays à le faire avec le Danemark. Nous ne reviendrons pas à la gratuité des tests" #Covid_19
— Sud Radio (@SudRadio) November 22, 2021
"Le coût de cette campagne de vaccination n'a pas changé, il va s'élever pour 2021 autour de 5 milliards d'euros. Nous avons inscrit dans la loi de financement de la sécurité sociale pour 2022 3,5 milliards d'euros pour financer la troisième dose. Si nous devions avoir besoin de plus de crédit pour vacciner, nous trouverons les crédits", assure-t-il.
Guadeloupe : "Sans ordre, il n'y a pas de discussion possible"
En Guadeloupe, l'État a envoyé des policiers en renfort après les manifestations et les émeutes de ces derniers jours, consécutives à l'obligation vaccinale pour les soignants. "Je crois que plusieurs sujets s'entre-mêlent les uns aux autres", précise Olivier Dussopt. "Il y a une volonté d'agitation organisée par quelques minorités qui souhaitent mettre à profit politique une période d'inquiétude", déplore-t-il, espérant un retour au calme et au maintien de l'ordre.
Le ministre assure la mobilisation du gouvernement, annonçant "un certain nombre de réunions et de concertations". "Le maintien de l'ordre est quelque chose de tout à fait fondamental", estime Olivier Dussopt pour qui "sans ordre, il n'y a pas de discussion possible". Le gouvernement fait valoir sa politique spécifique aux territoires d'outre-mer. "Il y a un accompagnement en matière de fiscalité, de soutien à l'investissement" et un volet entier du plan de relance consacré à l'outre-mer. "Les dispositifs d'urgence sont restés, dès lors qu'il y avait des contraintes" liées aux mesures sanitaires", précise-t-il.
PGE : "Pour les entreprises les plus en difficultés, la durée peut être, sous l'autorité du juge, quelque peu allongée"
Concernant le remboursement des aides versées pendant la crise sanitaire, certains demandent un allongement supplémentaire. Olivier Dussopt rappelle que les Prêts Garantis par l'État sont encadrés par les règles européennes, "un PGE ne peut pas excéder 6 ans, il faut qu'il soit remboursé sous 6 ans, même lorsque la première échéance de remboursement est décalée de un ou deux ans". "Nous avons obtenu avec Bruno Le Maire que pour les entreprises le plus en difficultés, la durée puisse être sous l'autorité du juge quelque peu allongée", note le ministre.
Olivier Dussopt rappelle les nombreux reports d'échéances de cotisations sociales pour les indépendants et les sociétés. "Une partie de ces échéances ont été annulées", souligne-t-il, le reste devant rembourser "cette dette sociale". Si habituellement, l'Urssaf prévoit des plans d'étalement de six mois pour rembourser une dette. Le ministre se félicite d'avoir repoussé ce délai à "douze mois minimum, voire 36 mois". Un décret qui devrait être signé dans les prochains jours proposera "d'aller jusqu'à 5 ans, soit 60 mois", pour les entreprises des secteurs qui ont fait l'objet de fermeture et dans l'outre-mer.
Le ministre se réjouit de voir le nombre de défaillances d'entreprises (liquidation ou redressement), "rester très bas". Les chiffres devraient "rester en 2021 à peu près identiques aux chiffres de 2020", soit entre 30.000 et 35.000 défaillances. "C'est très bas par rapport à la moyenne habituelle", note-t-il. Un niveau dû aux outils d'accompagnement et au contexte actuel, "avec une croissance la plus élevée de la zone euro".
"L'État engage 12 milliards entre septembre 2021 et fin 2022"
Le ministre chargé des Comptes publics reconnait une inflation en cette fin d'année, marquée par la hausse des prix de l'énergie, mais aussi des matières premières. "Nous apportons des réponses", assure-t-il, notamment le chèque-énergie pour 5,8 millions de ménages et l'indemnité-inflation qui concernera 38 millions de personnes, à hauteur de 100 euros. Un dernier chèque refusé par le Sénat qui appelle à mieux cibler. "Il dit 150 euros de prime d'activité mais pour 6 à 7 millions de personnes", rapporte Olivier Dussopt qui souligne qu'avec la proposition de la Chambre, "ni les retraités, ni les indépendants ne seraient aidés". "C'est un drôle de choix que je ne comprends pas", réagit-il, assurant que l'Assemblée nationale va "rétablir cette disposition".
Une autre aide pourrait-elle intervenir ? "Nous sommes le seul pays à apporter une aide de 100 euros aux ménages et à coupler à la fois une aide de 100 euros et bloquer les prix du gaz et de l'électricité", souligne Olivier Dussopt pour qui, "quand on regarde ce que l'État engage, entre septembre 2021 et fin 2022", l'État perd 8 milliards d'euros.
Jean-Christophe Lagarde-Zemmour : "C'est un dérapage, c'est clair"
Jean-Christophe Lagarde a créé la polémique, dimanche 21 novembre, déclarant sur Franceinfo, à propos d'Éric Zemmour qui se revendique du RPR, que "si Monsieur Pasqua (l'un des fondateurs du RPR, ndlr) était là, il te filerait une balle dans la tête". Jean-Christophe Lagarde s'est tout de suite excusé et Éric Zemmour lui a répondu via une lettre fleurie... Écart de langage ou faute politique de la part de Jean-Christophe Lagarde ? Olivier Dussopt condamne cette phrase. "C'est un dérapage, c'est clair, mais la politique mérite mieux, j'essaie de ne pas commenter. Je fais attention à ne pas m'y prêter", réagit-il.
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