Olivier Faure : "Les décisions prises sont refusées depuis des mois"
L’organisation de vaccinodromes est lancée en France, après un refus catégorique de la part de l’exécutif en début d’année. Un changement de stratégie qui est "évidemment ce qu’il faut faire", estime Olivier Faure qui se demande pourquoi "ils ne l’ont pas fait plus tôt ?", alors que les parlementaires et l’opposition ont répété cette proposition. Le gouvernement avait refusé l’idée en expliquant que ceux qui la proposaient étaient "inconscients de l’organisation pour la mise en place", rappelle le premier secrétaire du Parti socialiste.
"C’est toujours la même histoire depuis un an : on se demande comment ce gouvernement réfléchit et pourquoi il n’anticipe jamais sur rien", regrette le député de la Seine-et-Marne qui souligne que les solutions qui sont décidées sont généralement refusées depuis des mois, "par un espèce d’orgueil incroyable".
[#SudRadio] @faureolivier " Évidemment il faut vacciner matin midi et soir, mais que ne l'a t-il fait plus tôt ? C'est toujours la même histoire depuis un an : le #gouvernement n’anticipe jamais sur rien. Comment est-ce possible ? Est ce par orgueil ? " #vaccins
— Sud Radio (@SudRadio) March 24, 2021
Le gouvernement assure que les retards dans la vaccination sont liés aux livraisons de doses. "Des doses, on en a exactement de la même façon que les autres Européens", affirme le député. "Pourquoi diable on est toujours en train de procrastiner ?", dénonce-t-il.
Confinement : "Nous avions alerté dès janvier"
Le gouvernement a lancé le troisième confinement pour freiner la pandémie qui accélère en France. "Là aussi, avec le président Delfraissy, l’ensemble du corps médical, l’ensemble des partis politiques, nous avions alerté", et ce dès janvier sur la base de graphiques fournis par le gouvernement. Dans ces documents, explique Olivier Faure, il était précisé que dès février dernier "le variant anglais serait majoritaire en France, et que nous aurons des problèmes dès la mi-mars".
"Pourquoi est-ce que le freinage intervient maintenant alors qu’il aurait dû intervenir dès le mois de janvier ?", s'interroge l'élu. "Le risque que l’on prend est que demain nous ayons à trier les malades, à choisir qui peut vivre et qui ne le peut pas, ce qui est insupportable", prévient Olivier Faure.
[#SudRadio] @faureolivier " Nous prenons le risque de devoir trier les malades. Nous sommes toujours en retard "
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La question de la prise de décision reste en débat : "malheureusement, le sentiment c’est qu’il y en a qu’un seul qui décide", visant Emmanuel Macron comme responsable de la désorganisation. Or, quand toute la chaîne "attend la décision d’un seul, rien n’avance entre temps", estime le premier secrétaire du PS. Le résultat est "qu’on a toujours des gens qui n’ont pas anticipé, et on est toujours en retard", déplore-t-il.
"Nous n’avons jamais été consultés"
Un débat sans vote sur la gestion de la crise sanitaire a lieu mercredi 24 mars à l’Assemblée nationale. "Ça ne sert qu’à alerter l’opinion car, pour le reste, nous n’avons jamais, je dis bien jamais, jamais été consultés réellement par le chef de l’État ou le Premier ministre", assure le député.
Les réunions qui ont lieu avec les responsables politiques ne sont que "pour la forme", regrette l’élu de Seine-et-Marne car il ne s’y "dit rien" ni ne s’y "décide rien". Pour autant, le débat ne sera pas boycotté. "Ce ne sera pas pour la gloire, c’est pour l’Histoire".
"Déscolariser les enfants, ça a un coût social et humain dramatique"
Les écoles sont restées ouvertes, y compris dans les départements soumis au troisième confinement et ce malgré une augmentation des contaminations dans les établissements scolaires. Pour autant, "ça fait partie des sujets sur lesquels moi je suis d’accord avec le gouvernement : je pense que déscolariser les enfants, ça a un coût social et humain qui est dramatique", juge Olivier Faure pour qui "il y a quand même un lien entre le soutien parental, l’accompagnement et puis la déshérence dans laquelle entrent les enfants".
"Il faut effectivement maintenir l’école aussi longtemps qu’il est possible", estime le porte-parole du Parti socialiste, tout en prenant des mesures "drastiques" autant pour les enseignants que pour l’ensemble du personnel qui intervient à l’école. Tous prennent "beaucoup de risques pour eux-mêmes" et "pour les enfants", rappelle le député.
[#SudRadio] @faureolivier " Je suis d'accord avec le #gouvernement : la déscolarisation a un coût social dramatique, cela creuse les inégalités. Il faut maintenir l'école aussi longtemps qu'il est possible, mais prendre aussi des mesures drastiques "
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"La question n’est pas de séparer, c’est au contraire de fédérer"
Le syndicat étudiant proche du Parti socialiste, l'Unef, est toujours au cœur d'une polémique, concernant l’organisation de réunions non-mixtes, après l’affaire de Grenoble. Sur cette dernière, Olivier Faure rappelle qu’on "ne peut pas désigner à la vindicte un enseignant, tout simplement parce qu’on n’est pas d’accord avec lui".
Il rappelle que le Parti Socialiste n’a plus "de lien organique avec cette organisation depuis des années". D’ailleurs, Olivier Faure déclare : "je ne me retrouve pas, je ne me reconnais pas dans ce que fait l’Unef aujourd’hui". Sur le racisme, notamment, il estime que "la question n’est pas de séparer, c’est au contraire de fédérer l’ensemble du milieu étudiant". Il juge d’ailleurs qu’il y a un "danger" à estimer que "sont légitimes à parler du racisme les seules personnes qui en sont victimes". "C’est tout l’inverse qu’il faut chercher", encourage-t-il.
[#SudRadio] @faureolivier " #UNEF : nous n'avons plus de liens organiques avec l'#UNEF. Je ne me reconnais pas dans ce que fait l'@unef aujourd'hui. Sur la question du #racisme, il ne faut pas séparer mais fédérer. Je suis un républicain, universaliste et laïque "
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"Tout le monde a le droit de critiquer les religions en France"
Le premier secrétaire du PS rappelle que son parti a pris position, depuis plus d'un an, "sur le rapport à ce que certains appelle l'islamophobie". Selon lui, "l'islamophobie est un problème d'en parler tel quel", reconnaissant par ailleurs "un racisme antimaghrébin et antimusulman". Olivier Faure estime "qu'il n'y a pas d'islamophobie dans le sens où tout le monde a le droit de critiquer les religions en France, ce n'est pas un problème".
Selon notre conception de la laïcité, "la parole est libre tant que nous n'appelons pas au meurtre et à la haine raciale", rappelle le député qui précise qu'on a "le droit d'avoir une pensée irrespectueuse concernant les religions". Une prise de position qui a "posé des questions au sein de la gauche", souligne-t-il, se félicitant de voir une "évolution".
"Les syndicats ont une vocation universelle"
Le premier secrétaire du Parti socialiste dénonce "une instrumentalisation" de la part du gouvernement, déplorant les déclarations de Jean-Michel Blanquer qui a qualifié l'Unef "d'organisation fasciste". "Les mots ont un sens, ce n'est pas parce que vous faites des réunions non-mixtes que vous êtes fasciste", répond-il. Selon lui, si ces réunions non-mixtes posent un problème, "c'est parce qu'elles sont dans le cadre syndical, alors que les syndicats ont une vocation universelle".
Olivier Faure pourrait concevoir que "pour des associations qui feraient parler des victimes du racisme comme pour les victimes d'abus sexuels", les réunions soient non-mixtes. Il qualifie plutôt de "fascistes" ceux qui "appellent au meurtre et au viol de la porte-parole de l'Unef".
Élections : "Nous avons un intérêt évident à s'allier"
À l'approche des prochaines échéances électorales, la question des futures alliances se pose pour les socialistes. "Je pense que nous avons à faire progresser la gauche", se fixe Olivier Faure comme objectif. "Nous avons un intérêt évident à s'allier ensemble pour les élections départementales et régionales, puis pour les élections présidentielles", appelle-t-il, notamment à destination des écologistes.
Le maintien des élections régionales et départementales en juin prochain doit être confirmé d'ici début avril. "Il faut être responsable", estime Olivier Faure qui attend le rapport Delfraissy. "Être responsable c'est à la fois ne pas dire 'coûte que coûte' mais regarder ailleurs dans le monde", estime le porte-parole du PS qui souligne que la France "est le seul pays où la question de l'interruption du processus électoral se pose, partout on vote".
"J'aimerais que l'on parle de ceux qui vont faire maintenant"
Manuel Valls rôde de nouveau autour de la classe politique, laissant présager un futur retour, après avoir quitté le Parti socialiste. "Nous avons des désaccords profonds, il ne se sentait plus à l'aise avec sa famille politique", rapporte le député qui "a du mal à comprendre où il se situe". "C'est à lui de se définir", lance-t-il en rappelant "qu'il y a une génération au PS qui a fait beaucoup, parfois bien, parfois mal". Désormais, "plutôt que de parler de ceux qui ont été, j'aimerais que l'on parle de ceux qui vont faire maintenant", recommande le porte-parole.
Olivier Faure renouvelle sa confiance envers le vaccin AstraZeneca, interrompu il y a une semaine au nom du principe de précaution. "Il y a des cas qui sont peut-être des coïncidences avec des gens qui ont été vaccinés", souligne-t-il, rappelant "qu'il y a des gens qui meurent tous les jours". Le député appelle les sceptiques à "y aller", voyant le vaccin comme "seul horizon disponible". "Pour vaincre les grandes pandémies, la seule solution, c'est le vaccin", insiste-t-il.
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