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Interview d'Emmanuel Macron : à quoi s'attend-on ?

Par Jean-Baptiste Giraud

Qu'attendre de l'interview d'Emmanuel Macron ce soir sur France 2 ? Benjamin Glaise en parle sur Sud Radio avec Patrick Kanner, président du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain au Sénat et ancien ministre des Sports et Marc Perelman, (“pé-rel-mane”) professeur émérite des Universités et auteur de 2024, les Jeux olympiques n’ont pas eu lieu (Éditions du Détour).

Patrick Kanner et Marc Perelman
Patrick Kanner et Marc Perelman, invités de Benjamin Glaise dans "Les grands débats du matin".

Emmanuel Macron accordera une interview à France 2 à 20h10, ce mardi 23 juillet 2024. Cette prise de parole à quelques jours de l’ouverture des Jeux olympiques n’est-elle pas déplacée ?

Patrick Kanner : "Emmanuel Macron a été débordé par la situation qu'il a lui-même provoquée"

"À 48 heures de l'ouverture des Jeux, je ne suis pas choqué que le principal personnage de l'État puisse s'exprimer. Simplement, chacun sait maintenant, et j'ai eu quelques informations, que l'intervention ne portera pas que sur les Jeux olympiques. Alors qu'il a demandé une trêve politique pendant cette période. Mais qu'il y a aussi, comme on dit dans notre jargon, de la popole, donc de la politique politicienne. Donc on va voir ce qu'il va dire.

Je ne suis pas inquiet, mais je pense qu'il va être encore une fois dans le disruptif, dans le transgressif. Alors qu'il est responsable d'une situation politique chaotique à quelques jours du plus grand événement mondial. J'ai envie de dire à Emmanuel Macron : ‘Bah écoutez, Monsieur le Président, on vous a évité le pire, à savoir avoir Jordan Bardella à vos côtés à l’inauguration des jeux olympiques. Maintenant on attend de vous, je l'espère, un peu de un peu de raison'. Même si je sens beaucoup, beaucoup de lassitude chez nos concitoyens, qui ont subi trois tours d'élections à quelques semaines de distance en pleine période de vacances. Cela a créé un climat d'anxiété que notre pays pouvait éviter s'il n'y avait pas eu cette décision brutale d'un homme vexé qui a voulu casser son jouet qui s'appelle la République, et qui a été débordé par la situation qu'il a lui-même provoquée. C'est l'arroseur arrosé, l'apprenti sorcier et tout ce qu'on veut avec ce type de de métaphore. On a un président de la République qui a perdu sa boussole", a déclaré Patrick Kanner, président du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain au Sénat et ancien ministre des Sports.

Marc Perelman : "On veut nous faire croire que les Jeux olympiques, c'est la trêve, alors que c'est un lieu où les armes sont présentes"

N'est-ce pas une mauvaise idée de mélanger Jeux olympiques et politique ? "Les Jeux olympiques ne sont pas en dehors du système politique général. C'est le cas de Macron pour ce soir, mais ça a toujours été le cas pour l'ensemble des politiques, qui ont toujours saisi l'occasion des grands évènements sportifs. Souvenons-nous, en 1998, c'est exactement pareil : Chirac et Jospin qui ont fait venir la Coupe du monde à l'Assemblée nationale, à l'Élysée etc.

Donc oui, les Jeux olympiques sont totalement politiques. Contrairement d'ailleurs à ce que dit Monsieur Macron, qui nous disait ‘il ne faut pas politiser les Jeux olympiques’. Je pense qu’il fait une grande erreur. Les Jeux olympiques ont toujours été très politiques. C'est même le lieu d'une politique particulière, d'une politisation particulière. On l'a vu en particulier pendant l'ère des boycotts entre les années 1950 et 1980. Et puis on le voit encore aujourd'hui, hein, où les athlètes russes et biélorusses ne sont pas invités en tant que délégation", a répondu Marc Perelman, professeur émérite des universités et auteur de 2024, les Jeux olympiques n’ont pas eu lieu (Éditions du Détour).

Que dire de la militarisation des Jeux olympiques ? "Les Jeux olympiques n'auront jamais été aussi militarisés. Il suffit de se balader un petit peu : c'est la police, c'est des militaires, c'est des drones absolument partout. Donc, on nous explique que c'est la fête. Sauf qu’il y a des militaires partout et des drones au-dessus de la tête. Dans le village olympique aussi, la délégation israélienne est obligée de venir avec un service de sécurité armé. Les Américains ont dit eux aussi qu'ils viendront avec un service de sécurité armé. Quand on pose la question au CIO, le CIO botte en touche et admet que beaucoup de délégations viendront armées. Alors, on nous parle de trêve olympique. Mais dans le lieu même qui se veut le lieu de la trêve olympique, tout le monde est armé. Cela pose quand même un vrai problème sur la nature réelle des Jeux olympiques. On veut nous faire croire que les Jeux olympiques, c'est la trêve, que c'est la grande communauté des hommes, frères entre eux etc. Mais quand on regarde exactement, quand on essaie d’ouvrir un tout petit peu les yeux, on s'aperçoit que les Jeux olympiques, quoi qu'ils disent, quoi que dise le CIO, c'est quand même un lieu armé, c'est un lieu où les armes sont présentes", a déclaré Marc Perelman.

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