Le Journal du Dimanche a eu accès aux 19 PV d'auditions que contient le dossier confié aux juges Tournaire, Buresi et Tacheau en charge de l'instruction. À l'intérieur, les témoignages de proches de François Fillon - son épouse Penelope, ses enfants Marie et Charles ou encore son ami Marc Ladreit de Lacharrière, propriétaire de la Revue des deux mondes - mais aussi des personnages-clés au cœur de l'enquête, parfois malgré eux.
Au cœur de l'enquête, Penelope Fillon a répondu aux nombreuses questions des policiers le 31 janvier dernier. Dans le compte-rendu de son interrogatoire, elle explique son rôle en tant qu'assistante parlementaire de son mari, qui a fixé lui-même la rémunération. "J'ouvrais le courrier arrivant à mon domicile, je le triais et je réfléchissais à ce que l'on pouvait faire pour y répondre", a déclaré Penelope Fillon ajoutant avoir écrit des mémos et participé à plusieurs manifestations publics.
François Fillon a vu son épouse "travailler des jours et des jours"
L'épouse de l'ex-Premier ministre revient aussi sur sa collaboration avec Marc Joulaud - "Ma présence aidait Marc Joulaud à s'imposer au niveau local" - et sur son travail pour la Revue des deux mondes pour laquelle elle "pense avoir rédigé une quinzaine de notes de lectures" et a donné des "conseils oraux".
Un récit confirmé par François Fillon, notamment sur le travail de son épouse pour la Revue des deux mondes. Le candidat Les Républicains a assuré face aux enquêteurs avoir vu son épouse "travailler des jours et des jours sur chaque livre", remettant en cause les propos de Michel Crépu. L'ancien directeur de la Revue des deux mondes a affirmé n'avoir publié que deux notes de lectures de Penelope Fillon et ne pas avoir été au courant de son rôle de "conseiller littéraire". "Je ne pouvais pas associer Michel Crépu à cette initiative sur un futur auquel il ne serait pas associé", a répondu Marc Ladreit de Lacharrière, le propriétaire de la revue.
"Je n'avais pas à en savoir"
Mais d'autres témoignages viennent mettre à mal la défense des époux Fillon. Des anciennes assistantes parlementaires de François Fillon assurent n'avoir jamais travaillé avec son épouse même si elles étaient au courant de sa fonction d'assistante. "C'est la raison pour laquelle j'étais payée à mi-temps", a déclaré Nathalie Blin, ancienne assistante du député de la Sarthe, aux policiers.
Autre ancienne assistante parlementaire interrogée, Jeanne Behre-Robinson - qui avait déclaré au Canard Enchaîné ne pas être au courant de la fonction de Penelope Fillon - a maintenu ne pas avoir "connaissance du caractère contractuel de sa fonction", se justifiant : "Je n'avais pas à en savoir".