"C’était l’État dans toute sa splendeur centralisatrice". Sur le plateau de Territoires d'Infos, la matinale de Sud Radio et Public Sénat présentée par Cyril Viguier avec la presse quotidienne régionale, le sénateur (LR) de la Manche, Philippe Bas, est revenu sur les rapports budgétaires entre État et collectivités locales ces dernières années. "Ces dernières années, les collectivités locales ont servi de variables d’ajustement au budget de l’État. J’espère qu’on va passer de Jupiter à la démocratie. La démocratie, c’est faire en sorte que l’État ne fasse pas ses fins de mois au détriment des collectivités", a-t-il déclaré, alors que s’ouvre ce lundi une grande conférence des territoires en présence d’Emmanuel Macron.
"Les compensations de l’État, on n’y croit plus !"
Alors que ce dernier prévoit de supprimer la taxe d’habitation pour près de 80% des Français, Philippe Bas s’élève contre ce projet. "Les communes n’auraient plus d’autonomie financière sans taxe d’habitation. Je suis contre le principe. Les compensations de l’État, on n’y croit plus ! (…) Le président de la République se heurtera par ailleurs à de très grosses difficultés constitutionnelles s’il poursuit son chemin dans cette direction. La Constitution réclame que 60% des recettes d’une commune viennent de ressources locales. Si on descend en-dessous, il n’y a plus d’autonomie financière, et on sort de la Constitution", avertit-il.
L’ancien ministre de Dominique de Villepin s’est également exprimé sur le projet de loi d’habilitation à gouverner par ordonnances pour réformer le Code du travail. Une loi qu’il compte bien voter. "Nous sommes contre le principe généralement, mais nous sommes prêts à voter pour quand il y a suffisamment de précisions dans la loi d’habilitation. Et il faut créer dans notre pays les moyens pour nos entreprises de créer des emplois en levant les craintes à l’embauche qu’elles peuvent avoir", précise-t-il.
Le président du Conseil départemental de la Manche s’est aussi confié sur les tensions récentes entre Emmanuel Macron et le général Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées. "Emmanuel Macron est le chef des armées. Ce qui m’a surpris, c’est qu’il ait ressenti le besoin d’affirmer de manière si forte son autorité que personne ne conteste. Le général De Villiers n’avait fait aucune déclaration publique, il était interrogé par la commission de Défense de l’Assemblée nationale à huis clos ! (…) Qu’ils en parlent entre eux, nous n’avons pas besoin d’être témoins de tout cela", préconise-t-il.
"Le rétablissement des emplois familiaux, un vote accidentel"
Président de la Commission des lois du Sénat, Philippe Bas est également revenu sur le vote du Sénat en faveur de l’interdiction des emplois familiaux dans le cadre de la loi sur la moralisation de la vie publique, alors que cette mesure avait été supprimée à la surprise générale par les sénateurs dans un premier temps. "Il y a eu un vote accidentel. Tous les groupes politiques avaient décidé qu’il fallait mettre un terme aux emplois familiaux, car cela crée du doute chez beaucoup de nos concitoyens. Je peux témoigner que beaucoup de nos collègues emploient réellement ces collaborateurs, mais si nos concitoyens pensent qu’il faut faire une ligne de partage absolu, je crois qu’il fallait le faire, même si ça peut parfois être une petite injustice", assure-t-il.