Nouveau chef de file du parti LR, Laurent Wauquiez est censé incarné le renouveau de la droite avec l'ambition avouée de constituer la première force d'opposition au président Macron, afin d'aboutir à une victoire à l'élection présidentielle de 2022. Cependant, l'ex-ministre de l'Enseignement supérieur ne fait pas tout à fait l'unanimité, au sein même de son propre camp. Plusieurs voix s'élèvent ainsi chez les Républicains pour dénoncer la dérive droitière de l'intéressé. Une droitisation qui n'a pas échappé à Philippe Langénieux-Villard, maire de la commune d'Allevard (Isère) et auteur d'un portrait au vitriol de celui qui est également président de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Un ouvrage "sobrement" intitulé "Le dangereux".
"Mon livre n'est pas une caricature, je raconte le parcours et la dérive de Laurent Wauquiez"
Invité de Patrick Roger ce jeudi dans le Grand Matin Sud Radio, l'élu, qui a claqué la porte des Républicains pour manifester son opposition au nouveau président du parti, s'est ainsi montré très critique à l'encontre de ce dernier, qu'il a côtoyé au quotidien dans les murs du Conseil régional. "J'ai quitté le parti le 11 décembre dernier, le lendemain de l'élection de Laurent Wauquiez", rappelle-t-il dans un premier temps, avant d'expliquer en détail la démarche de son livre dans lequel il n'a de cesse d'égratigner son ex-collègue : "Dans ce livre, j'ai essayé de dresser un portrait, ce n'est pas une caricature, je raconte son parcours et cette dérive", assure-t-il. "Le sujet n'est pas tellement la gestion de la région Rhône-Alpes. Dans le livre, j'en dit même plutôt du bien. Mais j'ai noté, en revanche, qu'au fur et à mesure des mois qui passaient, une espèce de dérive droitière du discours de Laurent Wauquiez s'est installée. C'est allé jusqu'à cette élection à la présidence des Républicains, où il a vraiment réduit à peau de chagrin le discours de la droite, c'est-à-dire que les sujets essentiels que sont l'environnement, la culture, la famille, l'éducation ou l'Europe ont été totalement abandonnés au seul bénéfice d'un sujet 'médiéval', qui est celui de la sécurité et de l'immigration", affirme-t-il ainsi.
"Je suis un homme de droite et si l'on veut que la droite l'emporte à des élections nationales, régionales ou autres, il faut qu'il y ait des principes : le premier, c'est qu'il faut rassembler. Or, à chaque fois que quelqu'un quitte notre formation politique, Laurent Wauquier dit : 'Bon débarras'. Ensuite, il faut faire des propositions intéressantes. Le dernier point, c'est qu'il faut aussi attirer et je n'ai pas le sentiment qu'un discours d'invective, extrêmement brutal et clivant, soit un discours qui attire nos concitoyens", poursuit-il sans ménagement.
Et l'intéressé de critiquer cette stratégie, dont il dénonce la dangerosité, comme le laisse supposer le titre de son ouvrage. "Aujourd'hui, je pense que la démarche de Laurent Wauquiez est dangereuse pour notre pays et c'est pourquoi j'ai voulu écrire ce livre parce que je pense qu'il n'a pas la personnalité d'un homme d'État", déplore-t-il ainsi. "Pour être un chef d'État, il faut être équitable. Or on constate, notamment dans sa gestion régionale, qu'il soutient un certain nombre d'amis et punit un certain nombre d'adversaires. Ce sont des méthodes qui ne sont pas celles de quelqu'un qui veut faire président', insiste-t-il encore.
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