Les stations de ski ne rouvriront pas pour les vacances de février, tandis que la question de la réouverture des bars et restaurants reste en suspens, avec un horizon assombri. Philippe Martinez estime qu’il "y a beaucoup d’incohérence" dans le plan du gouvernement. "On peut aller s’entasser dans les centres commerciaux, et on ne pourrait pas s’asseoir sur un télésiège tout seul au grand air", souligne-t-il. Des incohérences qui entraînent "beaucoup d’incompréhension des citoyens vis-à-vis des mesures qui sont pour le moins discutables", déplore le secrétaire général de la CGT.
"C'est une catastrophe"
Le gouvernement semble privilégier le principe de précaution, dans ses décisions, mais pour le syndicaliste "ce principe de précaution n’est pas appliqué partout de la même façon". Dans un centre commercial "on est quand même serrés", explique Philippe Martinez, alors que dans une station de sports d’hiver "on peut appliquer les gestes barrières", note-t-il. "Ce que je vois c’est que ça a des conséquences dramatiques pour des vallées, et puis pour des populations, parce que ce sont des milliers d’empois", rapporte le syndicaliste qui ajoute qu'au niveau social, "c'est une catastrophe".
L’incompréhension est totale au sein des populations concernées. "Le propos n’est pas de dire il ne faut pas se protéger, c’est ‘pourquoi il y a des mesures dans certains endroits d’une certaine façon, et tout le contraire dans d’autres ?’", précise Philippe Martinez. "A moins qu’on ne me démontre le contraire, en plein air on a moins de chances d’être contaminés que dans un lieu clos", souligne-t-il, a fortiori avec les tenues de ski qui protègent tout le corps. "Les mesures doivent s’appliquer de façon cohérente et partout de la même façon", appelle le porte-parole du syndicat.
"Des salariés perdent 500, 600 euros par mois"
Le secrétaire général de la CGT observe une forte colère qui anime le pays, et il en a prévenu le gouvernement. "La colère elle est sourde, elle n’est pas forcément visible, mais elle est très présente", avertit Philippe Martinez qui réclame "plus de justice et de cohérence sur un certain nombre de mesures". Pour le syndicaliste, "le quoi qu’il en coûte a été un peu raillé sur le fait que je dise qu’il n’y avait pas grand-chose pour les salariés", visant notamment le chômage partiel. "Les entreprises qui sont remboursées à 100 %, les salariés ne perçoivent que 84 %" sans compter des primes qui sont supprimées. "J’ai entendu des salariés qui perdent 500, 600 euros par mois", rapporte-t-il.
Il critique également l’augmentation du SMIC, fixée à 0,99% à la suite du calcul mathématique : "ils n’ont même pas eu la décence d’arrondir à 1 %", déplore Philippe Martinez qui juge qu'il y a "besoin de dire ‘vous avez fait des efforts, il faut reconnaître vos qualifications’". Le secrétaire général de la CGT ne manque pas d’étriller Sanofi qui a annoncé un plan de suppressions d’emplois. "On va autoriser Sanofi à supprimer encore des emplois, et puis leur donner de l’argent public, et puis sacrifier la recherche et le développement ?", interroge le syndicaliste.
De fait, "le chômage, il est subi"
Les diverses mobilisations lancées par la CGT "ne sont pas à la hauteur", concède Philippe Martinez qui estime que c’est lié à la situation sociale. "Ceux qui se disent que c’est dans la boîte d’à côté que les licenciements sont annoncés, ils se disent que peut-être il faudrait pas trop se montrer", rapporte-t-il, en précisant qu'il y a des endroits "où il y a des grèves, même des grèves reconductibles et des mobilisations tous les jours".
Sur la réforme de l’Assurance-chômage, toujours dans les cartons du gouvernement, la position de la CGT n’a pas changé. "On annule cette réforme et on réfléchit sur la base simple de dire ‘moi je ne connais aucun jeune qui sorte de l’école en disant mon métier ça sera chômeur’", estime Philippe Martinez. De fait, "le chômage, il est subi", rappelle-t-il en demandant des solutions pour que les chômeurs "puissent trouver du boulot".
Le problème "ce sont les orientations politiques"
Si Philippe Martinez ne se prononce pas sur la réouverture, ou non, des universités durant la pandémie, il demande que soient "donnés des moyens aux universités". Le problème, en ce moment, "ce sont les orientations politiques", déplore le secrétaire général de la CGT qui prend en exemple la vaccination. "Début décembre, il ne fallait pas aller trop vite. Et puis monsieur Macron a dû se rendre compte que les sondages n’étaient pas bons, donc il a tapé du poing sur la table" pour accélérer. "Et puis, maintenant, il n’y a plus de vaccins", s'indigne-t-il. "Ce ne sont pas les fonctionnaires qui posent problème, c’est les ordres qu’on leur donne."
Les commerçants ont quant à eux entamé la période des soldes en plein couvre-feu. Résultat, une grande partie d'entre eux souhaitent ouvrir les quatre dimanches des soldes pour tenter de faire de cette période un succès. Philippe Martinez n’y est pas favorable : "si on continue comme ça, il faudra inventer un huitième jour de la semaine".
Pour la CGT, la solution se trouverait davantage dans la réduction du temps de travail. "On propose que les salariés puissent partir un peu plus tôt, ou qu'ils aient un après-midi par semaine", annonce Philippe Martinez. Une solution qui permettrait de "réduire les encombrements le samedi et le dimanche et aux commerçants de travailler dans de bonnes conditions". "Si tout le monde travaille plus, les commerçants vont être obligés de travailler 24h sur 24 en dehors des couvre-feux", prévient le syndicaliste qui craint que "les grandes distributions" soient bénéficiaires aux dépens des petits commerces.
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