Philippe Pascot a déjà recensé plus d'un millier d'affaires de corruption, de détournement d'argent public, de conflits d'intérêt... En l'espace de six livres, il est devenu un des lancers d'alerte les plus réputés de sa catégorie et n'entend pas en rester là, et ce, malgré la censure et la démotivation.
"Quand tu t'indignes, tu dénonces"
"Il y a des soirs où j'en ai ras le bol, je me dis que ça ne changera jamais", confie-t-il d'entrée au micro d'André Bercoff. Mais ce qui lui fait continuer, c'est lorsque qu'il croise "des gens de 80 ans, qui me disent qu'ils n'ont pas une thune parce que quelque part, la corruption se met en place et qu'on ne laisse rien à ces gens-là". "Je ne peux pas faire autrement que de m'indigner. Et quand tu t'indignes tu te lèves, quand tu te lèves tu marches, quand tu marches tu dénonces", exhorte Philippe Pascot.
Il est dans un rôle qu'il affectionne tout particulièrement. "J'adore être la mouche du coche", reconnaît-il. "Elle fait chier grave le cheval, elle pique, revient et charge", décrit l'auteur qui reste persuader "qu'à un moment ou un autre, ça marchera !" Mais pour que cela marche, Philippe Pascot appelle chacun des Français à "se servir de ses libertés". "On est dans un pays où on a encore un petit peu d'espace de liberté, pour l'instant" et rappelle que "moins on s'en sert, plus on nous la retire, donc il faut s'en servir, c'est le seul truc qui ne s'use pas quand on s'en sert".
Des "mensonges" de la part des politiques
Et justement, question libertés, Philippe Pascot peut témoigner. "Pas un seul mot dans les journaux, pas un seul passage sur les grandes chaînes de télévision", déplore-t-il. Pourtant les journalistes le connaissent bien. "Ils se servent de mes bouquins pour en faire des articles", avance le lanceur d'alerte, regrettant de ne jamais être cité. Il rapporte que certains journalistes lui disent en privé "c'est génial ce que tu as écrit". Mais lorsqu'il demande à être invité, la réponse est catégorique : "Ah non pas chez moi ! J'ai un patron, un fournisseur, tu attaques Coca Cola, Mc Donald, je ne peux pas". Alors l'ancien homme politique s'interroge. "C'est quoi leur boulot aujourd'hui ? Être aux ordres des lobbys, des politiciens corrompus ?"
Philippe Pascot note quelques exemples tirés de ses enquêtes. "Tout est fait pour que la justice ne s'applique pas à certaines personnes. Tout est fait pour verrouiller les lanceurs d'alerte, pour que quelque part, nous ne puissions plus dire la vérité à l'état pur", dénonce-t-il. Il dénonce des "mensonges" de la part de la classe politique, prenant exemple sur une note officielle qui dit "que l'on va voir si on touche au juge en fonction du député en place". "Un truc de fou" pour lui, surtout lorsque la Garde des Sceaux parle de "maladresse". "Ils trichent avec un texte de loi, avec une réforme de la justice et ça passe comme une lettre à la poste, sans hurlement médiatique sur ce sujet", regrette le lanceur d'alerte. "Il y a 20 ans, tous les journaux auraient hurlé", estime-t-il. "Le mensonge est devenu la norme, la vérité, l'exception", une phrase que lui a inspiré George Orwell. Et pour lui, "on est en plein dedans". "Le mensonge s'est industrialisé avec Macron depuis mars 2017. Avant c'était une exception, aujourd'hui c'est monnaie courante", constate Philippe Pascot.
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