Hier, c’est devant les députés de la Commission des Lois que le ministre de l’Intérieur s’est exprimé. Aujourd’hui, il fera face aux sénateurs et devra répondre à leurs interrogations. Pierre Laurent, secrétaire national du parti communiste et sénateur de Paris attend beaucoup de cette audition : "Nous allons pousser les questions car la vérité n’est pas totalement établie. Hier, il y a eu des déclarations qui mettent à mal la version de l’Élysée, donc il faut aller plus loin dans les investigations. Il y a des faits très graves qui mettent directement en cause l’Élysée et le président Emmanuel Macron".
Le sénateur, qui s’étonne que Gérard Collomb ne soit pas au courant de grand-chose, espère donc qu’il sera plus précis aujourd’hui. La version donnée par le ministre de l’Intérieur face aux députés ne satisfait pas en effet le sénateur qui juge sa version "peu crédible", notamment quand le ministre d’État affirmait ne pas connaître Alexandre Benalla "alors que cet homme est très souvent avec le Président".
Des versions qui ne collent pas, des réponses floues voire des questions sans réponses... Pierre Laurent souhaite aller plus loin et auditionner Emmanuel Macron lui-même, "car il détient manifestement une part essentielle de la vérité dans cette affaire".
En attendant qu’une telle chose puisse se réaliser, l’heure est à la préparation de l’audition de Gérard Collomb. Le Sénat, qui contrairement à l’Assemblée Nationale, n’est pas en majorité LREM, espère pouvoir apporter plus d’opposition, être "incisif et précis" afin d’obtenir des informations supplémentaires.
Outre le ministre d’État, une autre audition est également à prévoir : celle des syndicats de policiers. Un son de cloche qui risque d’être différent estime Pierre Laurent car "cette affaire jette le trouble sur leurs activités, ce qui provoque visiblement une grande colère" tout en ajoutant : "Là encore il y a des choses à éclaircir car il semble que Benalla ne se contentait pas d’intervenir de manière inapproprié mais qu’il donnait des ordres. Une situation confuse pour les policiers qui ne comprenaient pas son rôle".
Pour le sénateur de Paris, l’affaire Benalla est symptomatique de "la dérive" présidentielle d’Emmanuel Macron, "un homme seul qui concentre tous les pouvoirs". Une situation qu’il faut contrer, selon lui, en renforçant les contre-pouvoirs tels que la presse ou le Parlement.
L’audition de Gérard Collomb aura lieu à 17h45 ce mardi au Sénat. Marie-France Monéger-Guyomarc'h, directrice de l'Inspection générale de la police nationale, sera, elle, entendue à 18h30 à l'Assemblée.
>>>> Réécoutez l'interview de Pierre Laurent par Philippe Verdier