La République En Marche (LREM) est-elle finalement un parti comme les autres ? Si le mouvement créé par Emmanuel Macron l’an dernier s’est toujours voulu moderne et différent, l’élection – la désignation par l’Élysée, diront certains – sans aucun suspense demain de Christophe Castaner à la tête du parti fait grincer des dents. Alors qu’une centaine de militants ont décidé de claquer la porte pour dénoncer le manque de démocratie en interne, le député (LREM) de Paris Pierre Person était l’invité politique du Grand Matin Sud Radio ce vendredi pour évoquer ce dossier.
"J’ai longtemps été au PS, j’ai vu comment ça se passait"
"La République En Marche est le parti dans lequel les Français ont le plus confiance, selon un sondage sorti il y a trois semaines. On peut toujours discuter des règles internes, mais elles sont claires. Il y a 25% d’adhérents dans notre Conseil national, je pense que c’est inédit et que ça ne s’est jamais vu dans les autres partis. Il y a quand même une démocratie qui est assez forte", se argumente-t-il d’entrée avant de souligner les qualités de Christophe Castaner. "Il faut expliquer pourquoi il est seul en lice pour le poste de délégué général. Il est seul parce qu’il fait l’unanimité. Ce n’est pas seulement le candidat d’Emmanuel Macron mais le candidat de tous les marcheurs et le plus légitime d’entre nous. J’ai été longtemps au Parti socialiste, j’ai vu comment ça se passait. Le congrès d’un PS se joue dans une antichambre, on a déjà à la virgule près le résultat du vote qui aura lieu le lendemain…", assure-t-il.
"S’il n’y a qu’un seul candidat, c’est parce qu’il est unique et légitime. C’est le seul. Demandez à n’importe quel marcheur : Christophe Castaner est celui qui est le plus apprécié, qui est le plus proche de Macron, qui a toujours été dans l’ADN du mouvement, c’est un militant de la première heure. Il faut quelqu’un de légitime. Si aucun autre député ne s’est porté candidat, c’est que personne ne faisait le poids face à lui", martèle-t-il une nouvelle fois.
"Sarkozy a été trois ans à la tête de l’UMP et du ministère de l’Intérieur"
Alors que la volonté du ministre des Relations avec le Parlement serait de rester à son poste tout en prenant la tête de LREM, ce cumul des fonctions fait tiquer, y compris au sein du mouvement (plus d’informations ici). Pour Pierre Person, cela se comprend néanmoins. "La décision lui revient. Il faut revenir à la lettre des statuts. On a prévu que le poste de délégué général était bénévole. Quel procès lui aurait-on fait s’il avait démissionné de son poste au gouvernement pour redevenir député ! On lui aurait dit qu’il ne pouvait pas non plus cumuler la tête de LREM et son rôle de député… Je ne pense pas que ce soit antinomique. Nicolas Sarkozy a été président de l’UMP pendant trois ans alors qu’il était aussi ministre de l’Intérieur, François Bayrou aussi… Il y a eu des précédents, ce n’est pas inédit. (…) Il n’y a pas de problème de constitutionnalité. Vous avez un ministre qui est dans son rôle aux Relations avec le Parlement. C’est d’ailleurs une fonction qui lui permet d’avoir ensuite une proximité avec les parlementaires, ce qui est une force car ils ne sont pas suffisamment inclus dans LREM. Il faut qu’il y ait du liant entre les élus et les adhérents", clame-t-il.
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— Sud Radio (@sudradio) 17 novembre 2017
Enfin, interrogé par un auditeur de Sud Radio sur la gestion du retour des jihadistes français et de leur famille après un séjour en Irak ou en Syrie, Pierre Person a mis en garde contre toute instrumentalisation. "Il faut être très vigilant tout en évitant absolument de tomber dans la stigmatisation. Il y a évidemment des problèmes juridiques, légaux et sécuritaires avec ces retours. C’est un problème plus global et on entend aujourd’hui de nombreuses voix s’exprimer sur la laïcité. Je suis toujours pour une laïcité apaisée. La laïcité, c’est la liberté pour tout le monde d’exercer son culte. Les instrumentalisations qui sont faites ne me paraissent pas saines. L’État doit être proactif en la matière. On ne retrouvera une laïcité apaisée que si chacun est dans son rôle. Je suis contre les prières de rue, mais si on donne à ces personnes les moyens d’exercer leur culte dans des conditions satisfaisantes", déclare-t-il.
Retrouvez en podcast toute l’interview de Pierre Person dans le Grand Matin Sud Radio