La loi ORE (Orientation et Réussite des Étudiants) va-t-elle se heurter au mouvement social qui touche actuellement plusieurs universités françaises ? Une grande majorité des présidents d’université (63) publient en tout cas ce jeudi une tribune dans le journal Le Monde pour faire part de leur soutien à cette loi, tout en réclamant qu’elle s’accompagne de moyens humains et financiers. Signataire de cette tribune en sa qualité de président de l’université Toulouse III - Paul Sabatier, Jean-Pierre Vinel était l’invité du 18h Sud Radio pour expliquer cette démarche et présider les demandes adressées.
"En difficulté en termes d’enseignants, de personnels administratifs et de locaux"
"Il s’agit essentiellement de moyens financiers, le nombre d’étudiants dans les universités ayant considérablement augmenté ces dernières années sans que les moyens suivent. Nous sommes donc aujourd’hui en difficulté en termes de nombre d’enseignants, de personnels administratifs et même de locaux. (…) Cette situation due à des carences depuis plusieurs années ne pourra clairement pas être corrigée en quelques mois, et il est nécessaire qu’un plan pluriannuel soit établi pour que nous puissions accompagner activement les étudiants dans ce que porte la loi ORE", déclare-t-il avant d’illustrer sa situation personnelle par deux chiffres.
"Si l’on divise le budget de l’université Paul-Sabatier par le nombre d’étudiants, nous disposions il y a une dizaine d’années de 9800 euros par étudiant. Actuellement, nous avons à peine un peu plus de 8000 euros par étudiant, tout compris (entretien des locaux, électricité, chauffage, etc.). Cette diminution ne nous permet pas de prendre efficacement en charge tous les étudiants aujourd’hui", indique-t-il.
"La rentrée 2018 sera déjà un progrès par rapport aux années passées"
Réagissant au mouvement social actuel dans plusieurs universités de France, Jean-Pierre Vinel confie, sans surprise, son opposition. "La situation actuelle est liée à des inquiétudes qu’on peut entendre, mais qui de notre point de vue ne sont pas fondées. D’où cette tribune que nous avons signé avec une très grande majorité des présidents d’université", souligne-t-il. Il n’en oublie pas par ailleurs d’adresser un bon point au moins au ministère de l’Enseignement supérieur. "Frédérique Vidal est elle-même ancienne dirigeante d’université (à Nice). Elle connaît parfaitement bien ces problématiques. Le nombre croissant d’étudiants attendus à la rentrée 2018 s’accompagne pour la première fois depuis bien longtemps d’une augmentation de moyens qui devraient nous permettre d’améliorer la situation. Pas autant que nécessaire, d’où notre appel, mais c’est déjà un progrès par rapport aux années passées", rappelle-t-il.
Réécoutez en podcast l’interview de Jean-Pierre Vinel dans le 18h Sud Radio