Après une séquence électorale printanière désastreuse (présidentielle et législatives), le Parti socialiste se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Coincé politiquement entre les mouvements incarnés par Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, le parti de la rue de Solférino doit par ailleurs faire face à la défection de plusieurs leaders et à une nette cure d’austérité. Coordinateur et porte-parole du PS, membre de sa direction collégiale, Rachid Temal était l’invité politique de Sud Radio ce vendredi pour évoquer notamment la situation de son parti.
"Je regrette que deux candidats à la primaire, Manuel Valls et Benoît Hamon, qui ont souhaité porter nos couleurs, soient aujourd’hui partis. Par rapport à nos militants, je pense que c’est une faute politique. Il y a quelques mois encore, ils souhaitaient incarner le Parti socialiste et porter ses couleurs à l’élection présidentielle. Partir quelques mois après, c’est un manque de respect. Les militants socialistes sont fiers de leurs valeurs et travailleront pour préparer l’alternance dans ce pays", regrette-t-il.
"Hamon est manifestement fâché avec les chiffres"
Alors que le mouvement lancé par Benoît Hamon revendiquerait près de 30 000 adhérents, Rachid Temal ne souhaite pas s’étendre outre-mesure sur le sujet. "Benoît Hamon est manifestement fâché avec les chiffres. Qu’il fasse son parti après avoir porté nos couleurs et sans s’être expliqué sur sa campagne, c’est son droit. Nous comptons aujourd’hui 90 000 militants. Notre enjeu, ce n’est pas Benoît Hamon mais d’avoir un projet crédible aux yeux des Français et de combattre la droite et ce gouvernement", assure-t-il.
Reste à savoir désormais quel leader peut émerger pour mener le Parti socialiste dans sa refondation. Mais pour le sénateur du Val-d’Oise, la question n’est pas là. "C’est un faux débat. Pour avoir parlé avec beaucoup de militants dans les fédérations, ce qui manque aujourd’hui, ce ne sont pas des leaders. Chacun peut, un jour, être un leader. Mais il nous faut rebâtir, ensemble, sur le fond. L’histoire de la gauche et du PS, c’est le combat contre les injustices sociales et pour l’émancipation individuelle et collective. Il faut l’adapter aux temps d’aujourd’hui. C’est d’abord et avant tout un projet de société que nous devons redéfinir ensemble. C’est pour ça que nous lançons la semaine prochaine les forums de la refondation, ouverts aux Français. Le moment venu, vous aurez un candidat à l’élection présidentielle", déclare-t-il.
#GdMatinSudRadio ➽ @RachidTemal : "Macron n'est pas le maître des horloges, qui sont totalement déréglées depuis quelques semaines" pic.twitter.com/19CFEthX3c
— Sud Radio (@sudradio) 20 octobre 2017
"Macron n’est pas le maître du temps et des horloges"
Rachid Temal ne s’est par ailleurs pas montré tendre envers Emmanuel Macron et sa politique. "Emmanuel Macron veut tout diriger. Il veut expliquer ce que doivent être les élus, la société française. Ce n’est pas le maître du temps et des horloges. Finalement les horloges sont totalement déréglées depuis quelques semaines. Si on prend le budget, l’ISF, les emplois aidés, les premiers de cordée… Qu’est-ce que ça veut dire ? Concrètement, on leur retire de l’ISF 3,5 milliards ! Les premiers chèques vont arriver, alors qu’on rajoute du poids sur ceux qui sont en bas de la cordée avec les APL", fustige-t-il.
Le sénateur s’est également réjoui que François Hollande n’ait pas délaissé le PS ("C’est déjà une bonne chose !") et a assuré qu’il n’y a "pas de tabou" rue de Solférino quant au bilan du quinquennat précédent. Enfin, il a tenu à souligner le rôle joué par l’ancien Président dans le domaine de l’écologie. "L’Accord de Paris, le premier accord international posant des contraintes, c’est sous François Hollande. Les lois de transition énergétique, c’est sous François Hollande. Aujourd’hui, tout existe. Mais on note que le ministre actuel, Nicolas Hulot, a beaucoup de difficultés à se faire entendre de ses petits collègues", pointe-t-il.
Réécoutez en podcast l’interview de Rachid Temal dans le Grand Matin Sud Radio