Président de Régions de France, Renaud Muselier et ses homologues "participent à la démarche" pour sortir de cette crise. "On travaille avec Jean-Michel Blanquer et les recteurs", précise-t-il, reconnaissant "être mis devant le fait accompli sur les dates". "C'est donc à nous de nous débrouiller et c'est là où il y a une discussion possible", reconnaît l'élu. Les présidents de régions sont "dans une logique où il faut qu'on retourne à la vie normale", tout en respectant le confinement "jusqu'au 11 mai", jusqu'à "inventer de nouvelles solutions". "On va rencontrer pleins de difficultés, et on va les traiter au fil de l'eau", annonce Renaud Muselier.
Une nécessaire réouverture des écoles
"L'économie est complètement à l'arrêt", s'inquiète le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Pour faire redémarrer le marché, "on ne peut pas reprendre le travail si les enfants ne sont pas à l'école...", estime-t-il. Dans les lycées, établissements sous la responsabilité de la région, "il faut réinventer la vie, prendre de nouvelles mesures parce que demain ne sera pas comme hier. On essaye d'être imaginatif, de mettre les barrières de distanciation, le gel hydro alcoolique et les masques". Renaud Muselier confirme donc que "nous rouvrirons les lycées, remettrons les trains, les bus et les transports scolaires en route...". "Nous allons modifier nos habitudes et nos horaires et on va essayer de relancer le tourisme dans notre région qui est dans une situation catastrophique", annonce-t-il. Le président de région n'entend pas "attendre en permanence des décisions qui ne tombent pas !".
La région a commandé plusieurs millions de masques depuis le début de la crise. "J'ai 5 millions de masques qui sont livrés aujourd'hui : 3,5 millions pour les professionnels de la santé, 500.000 pour les forces de l'ordre et 1 million pour les maires des petites communes", détaille-t-il. Une filière sécurisée mise en place par la région qui permet la livraison de "5 millions de masques par semaine". Renaud Muselier annonce même une nouveauté : "les entreprises peuvent commander des masques, j'ai ouvert une cagnotte d'une centrale d'achat à hauteur de 10.000 masques par entreprise".
Pour un déconfinement progressif et décentralisé
Pour le président de Régions de France, le déconfinement devra être "progressif avec une décentralisation par région". "On ne peut pas décentraliser le Grand Est comme la Bretagne qui était particulièrement préservée", argumente-t-il. Renaud Muselier propose même des méthodes comme l'ouverture des terrasses à midi. "Au lieu de 20 tables, on en mettra que dix, ce qui permettra une distanciation", recommande-t-il. "Il y a des barrières sanitaires à mettre en place avec des fonctionnements à l'extérieur et à l'intérieur qui seront différents", prévient l'élu Les Républicains. Pour assurer un fonctionnement des commerces de proximité, des bars et des restaurants, le président de région demande "une doctrine nationale à partir de laquelle il faut faire une différenciation, une décentralisation", justifiée par "des régions très touchées et d'autres non".
Président d'une région particulièrement touristique, Renaud Muselier annonce "un grand plan tourisme" qui doit s'organiser "tant au niveau national qu'au niveau local". "On va profiter de nos petits plaisirs, au début on va être dans sa ville, ensuite dans son département, dans sa région et après plus loin", affirme le président de la Provence-Alpes-Côté d'Azur. "Il faut qu'on arrive à respirer, travailler et donner la possibilité à nos commerces de le faire", estime Renaud Muselier. Et pour les vacances, les campings pourraient bien rouvrir. "Il faut modifier le fonctionnement pour pouvoir les rouvrir et tenir des barrières", recommande le président de région. "Pas de fête et pas de boîte de nuit", annonce-t-il. Dans les départements, "nous avons supprimé tous les festivals parce qu'il n'y a pas la possibilité d'avoir ces barrières de distance", rappelle Renaud Muselier qui veut faire primer "la santé avant tout".
"Dans un mois cette courbe est à plat"
Le professeur Raoult a annoncé que le virus pourrait disparaître dans les pays tempérés d'ici un mois, Renaud Muselier espère "que Didier Raoult a raison". "Toutes les informations qui nous ont été présentées à la télévision pour nous expliquer que la courbe descend, si on prend la projection de cette courbe avec la projection de Monsieur Raoult, il n'a rien inventé sur ce point, dans un mois cette courbe est à plat", constate le médecin qui tient à préciser que "le professeur Raoult n'a jamais dit qu'il fallait prendre la chloroquine toute seule !". "Il a dit que la chloroquine et la nitroglycine, c'est un copain médicamenteux pour des patients à l'entrée et au début de la maladie parce qu'après c'est trop tard", rectifie-t-il.
Une étude américaine démontre que la chloroquine ne suffirait pas à guérir les malades. Pour Renaud Muselier, les résultats de l'étude de Didier Raoult sur plus de 3.000 patients "ne correspondent pas du tout aux données américaines". "Si vous regardez sur la carte française, nous constatons quand même un mortalité moins élevée ici, à 7,2 contre 10 à l'échelle nationale pour 1.000 habitants", précise-t-il. "Je ne sais pas si c'est lié aux traitements du docteur Didier Raoult mais les chiffres nous sont favorables", estime l'élu.
Deux crises, deux problèmes
Si Renaud Muselier fait partie des initiateurs de la reconnaissance faciale dans les lycées, qui a été interdite par la Cnil, le président de la région "est un peu plus partagé sur le tracking". "Je suis un grand défenseur de la liberté, mais on a bien compris que quand on était malade, il était indispensable de pister le malade, de le dépister et soigner tout son entourage", estime-t-il. Mais si les projections sont exactes, "le temps qu'on en discute à l'Assemblée nationale, la situation sera réglée", espère l'élu.
Le pouvoir a deux problèmes à régler, selon lui : "la crise sanitaire et la crise économique". "Sur la crise économique, ils ont parfaitement intégré les dispositifs, ils ont mis les moyens conséquents à la disposition du monde économique pour éviter trop de casse et on verra à la sortie", juge-t-il, rappelant "que c'est un peu plus facile, parce que c'est plus classique même si c'est exceptionnel et d'une brutalité extrême". Mais concernant la crise sanitaire, Renaud Muselier est un peu plus sévère. "Je ne suis pas convaincu que la position qu'ils ont prise sur les masques et les tests soit adaptée". Pour le président de région, "les politiques doivent décider, pas les conseils scientifiques". "On s'est trop caché derrière les conseils scientifiques pour prendre des décisions. Le politique doit trancher", rappelle-t-il.
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