Ces deux-là n’ont jamais vraiment été amis, et ne devraient pas le devenir dans un futur proche. Alors que Florian Philippot a annoncé ce jeudi matin son départ du Front national, poussé vers la sortie par les critiques adressées en interne à son encontre, Robert Ménard a réagi au micro de Sud Radio à cette décision. "Bien sûr que c’est une bonne nouvelle. Je n’ai jamais caché que je réclamais ce départ, même si je ne suis pas membre du Front national. Je pense que pour le parti, c’est une étape nécessaire si on veut tirer tous ensemble les leçons des échecs consécutifs, et gagner demain. Le départ des frères Philippot était une condition pour aller plus loin, mais ça ne suffit pas. Si c’est pour faire du Philippot sans Florian Philippot, honnêtement ça ne changera rien. C’est maintenant à Marine Le Pen de rompre avec ce qu’incarne M. Philippot. Ce n’est pas le personnage qui pose problème, c’est sa ligne politique. Nous verrons si elle le fera", déclare-t-il.
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Le maire de Béziers plaide maintenant pour un abandon pur et simple de la ligne politique défendue par Florian Philippot au FN. "Il fallait rompre avec une ligne politique anti-européenne dans tous les sens et arrêter de penser que la question de l’euro est une question essentielle et un préalable à tout le reste. Ensuite, il fallait arrêter avec ce gauchisme social qui fait qu’aujourd’hui, quand on entendait M. Philippot – et souvent Marine Le Pen –, on avait l’impression que c’était le même discours que M. Mélenchon, mais dit de l’autre côté de l’échiquier politique. Il faut arrêter avec la retraite à 60 ans, les 35 heures, la sortie de l’euro… C’est ça, la ligne Philippot. Personnellement, je n’ai rien contre lui mais contre la ligne qu’il incarne", assure-t-il.
"Même s’ils ne s’aiment pas, il faut un mariage de raison entre LR et le FN"
Robert Ménard se projette déjà sur l'avenir politique de la droite désormais. "Sa ligne a au moins servi à dédiaboliser le Front national, mais pas suffisamment. La preuve, ce sont les trois échecs aux régionales, à la présidentielle et aux législatives. Dans la vie, vous vous fichez éperdument de faire 34% des voix. Ce qu’il faut faire, c’est 51%. Il ne s’agit pas d’avoir de bons résultats mais de gagner des élections, et la ligne Philippot ne peut pas faire gagner le FN. Il est en effet impossible avec elle de s’allier avec le reste de la droite. Or, Les Républicains ne pourront pas gagner sans le Front national, et inversement. Même s’ils ne s’aiment pas, il faudra un mariage de raison. (…) Il s’agit de s’ouvrir au reste de la droite en faisant en sorte que tous les gens qui pensent à peu près la même chose à droite (et ils sont 90% dans ce cas-là) se retrouvent coude à coude aux élections, et non plus séparés. Sur l’immense majorité des questions de société, sur l’immigration, l’islam, la sécurité, la famille et l’école, la droite pense à peu près la même chose. Arrêtons de nous diviser et de faire le jeu de la gauche", conclut-il.
Propos recueillis par Félix Mathieu.