Robert Redeker : "Chez Google il y a un projet politique et anthropologique"
Si Twitter et Facebook étaient les armes létales de Trump parce qu’il a grandi en utilisant ces réseaux sociaux "ça s’est aussi retourné contre lui", explique Robert Redeker, auteur de Réseaux sociaux : la guerre des Léviathan. Celui-ci explique qu’il n’a "pas voulu défendre Trump". "Ce qui m'intéressait dans ce phénomène c’est la fabrique de la personne qu’il faut haïr" et plus encore "la fabrique universelle de la personne qu’il faut haïr", déclare le professeur de philosophie.
Pour Robert Redeker "cette fabrique-là a beaucoup servi à la croissance des réseaux sociaux comme puissance rivalisant, ou aspirant à rivaliser avec les Etats". Il y a par exemple "chez Google, tout un projet politique et anthropologique de fabrication d’une nouvelle espèce d’être humain, de trans-humains", explique Robert Redeker, "cela fait partie du projet Google". "Ce qui est très intéressant", ajoute-t-il, c’est "que le compte twitter de Trump est suspendu à la différence de celui des talibans qui ne l’est pas".
"Les politiciens sont désormais des gens à courte vue"
"Je crois que nous sommes dans le post-politique", déclare Robert Redeker au micro d’André Bercoff sur Sud Radio. Pour l’auteur de Réseaux sociaux : la guerre des Léviathan, "nous employons les mots : les politiques ou les politiciens, mais quand nous pensons à ce qu’étaient les politiciens ou les politiques il y a une quarantaine, voire il y a une cinquantaine d’années, dans l’univers du sens et dans l'univers de la cohérence, c’est quelque chose qui a disparu", juge le philosophe. Pour lui, c’est la politique même qui a disparu. Robert Redeker prend l’exemple de Napoléon Bonaparte, "ça c'était de la politique, il y avait un projet universel", explique-t-il.
Pour Robert Redeker, "nous sommes aujourd’hui plutôt dans l’ère du vide". "Dans le présent liquide, ce que nous appelons les politiciens, sont désormais des gens à courte vue, court-termistes et arc-boutés sur leurs carrières sans avoir véritablement de projets de haut-vol", estime l’auteur de Réseaux sociaux : la guerre des Léviathan. "Donc nous sommes dans le post-politique", répète-t-il. Robert Redeker juge qu’il en est de même des masses. "Il y a cinquante ans, voire soixante ans, le parti communiste c'était quelque chose et c’était quelque chose grâce aux masses. Le RPR aussi, c’est-à-dire que le sens et l’histoire étaient vécus par les masses, et celles-ci participaient profondément à la fabrique de l’histoire", explique Robert Redeker, "c’est pour cela que je peux vous dire que nous sommes dans une ère post-politique". Pour le professeur agrégé de philosophie, "nous sommes dans l’insignifiance, les politiciens d’aujourd’hui sont dans l’insignifiance d’où le fait qu’ils peuvent se renvoyer la balle avec twitter, les réseaux sociaux, les gafas, etc. et réagir à chaque instant".