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Sarah El Haïry : L'Unef fait un "glissement idéologique" et "se politise"

Sarah El Haïry, secrétaire d'État chargée de la Jeunesse et de l'Engagement, était l’invitée du “petit déjeuner politique” de Patrick Roger le 22 mars 2021 sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 7h40.

Sarah El Haïry interviewée par Patrick Roger sur Sud Radio le 22 mars 2021  à 7h40.

Sarah El Haïry-Covid-19 : "Ce n’est pas le moment de baisser la garde, ce n’est pas le moment de baisser les efforts"

16 départements en France ont été placés sous cloche, mais le reconfinement, pour les Français, ne semble pas en être un. "Moi, ce que je vois, c’est qu’il y a 16 départements où il y a une situation sanitaire plus dure qu’ailleurs", explique Sarah El Haïry, secrétaire d'État chargée de la Jeunesse et de l'Engagement. Le gouvernement "s’adapte" et "crée de nouvelles règles" afin de "garder le même capOn territorialise la réponse pour protéger les Français" et "retrouver la vie normale le plus vite possible. On accélère la vaccination, parce qu'on sait que c'est la réponse. Oui, c’est pas facile et oui, c’est long, concède la secrétaire d’État, mais en attendant, on apporte des réponses territoire par territoire".

Un carnaval sauvage a eu lieu à Marseille, provoquant l’indignation générale : plusieurs milliers de personnes étaient rassemblées dans la rue sans aucun respect des gestes barrières, dans une manifestation non autorisée. "Franchement, ça c’est pas sérieux" juge Sarah El Haïry. Elle estime que "ce n’est pas le moment de baisser la garde, ce n’est pas le moment de baisser les efforts". Elle souligne qu’il y aura une enquête pour définir qui sont les responsables et les organisateurs. "On a tous vu ces images, elles sont scandaleuses. D’autant plus qu’on a vu également la casse des petits commerces sur la fin."

"Dire que le RSA est la réponse unique c’est mentir à notre jeunesse"

Le RSA pour les moins de 25 ans, aujourd’hui exclus du dispositif, est une demande récurrente des associations et de certains élus. "J’ai mieux que ça", estime la secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et de l'Engagement. "En réalité, aujourd’hui, les conséquences de la Covid-19, elles sont multiples, précise-t-elle. Elles sont économiques, mentales ou encore sur l’énergie, et tout cela appelle à plusieurs réponsesJe regarde de manière assez honnête, et en face, les difficultés de notre jeunesse, et on apporte des réponses à chacune d’entre elles", explique Sarah El Haïry.

Ces réponses visent à "stimuler l’entrée sur le marché du travail" par le biais d’une enveloppe de 9 milliards "pour accompagner les entreprises qui créent des emplois ou qui accompagnent l’entrée sur le marché du travail", notamment. "Toutes les mesures d’aides à l’accompagnement et à l’embauche des jeunes continuent jusqu’à la fin de l’année. Et ça, c’est un vrai message de soutien."

La secrétaire d’État est toutefois consciente que ces mesures ne parlent "qu’à une partie de notre jeunesse" alors qu’une autre partie est "vraiment dans une grande précarité". Pour eux, "il y a la garantie jeune" qui représente la même somme que le RSA mais avec, en plus, "l’accompagnement d’hommes et de femmes dont c’est le job de vous trouver des solutions pour vous en sortir plus durablementLe vrai sujet, c’est que François Hollande lui-même a oublié que c’est lui qui a créé la garantie jeune", une solution que le gouvernement Macron a "élargie", précise la secrétaire d’État. "Dire que le RSA est la réponse unique c’est mentir à notre jeunesse et ne pas s’en occuper, parce que c’est très partiel."

"L'agrément jeunesse éducation populaire doit être réexaminé tous les 8 ans"

Lors d’une rencontre avec des jeunes sur le thème de la laïcité qui s’est tenue en 2020 à Poitiers, Sarah El Haïry avait été chahutée, ce qui l’a conduite à demander un rapport. "J’ai voulu comprendre comme ça s’est passé", explique-t-elle, et quel a été l’encadrement de ces jeunes. L’inspection générale a écouté "toutes les parties prenantes" et a conclu que "la Fédération des centres sociaux a respecté strictement les règles d’encadrement" ; mais le fait de faire appel à une association tierce qui "n’avait aucune expertise pour accompagner les jeunes dans un sentiment de cohésion sur les sujets du fait religieux" a conduit à "une sorte de glissement" lors des échanges. "La laïcité n’a pas été au cœur des échanges, ce qui est nécessaire."

La secrétaire d'État précise qu'à la suite de cet événement et de ce rapport, elle "a pris 4 actions principales : demander au préfet et au directeur académique du territoire de réexaminer l'agrément, car ce sont des enfants qu'on leur donne entre les mains. De l'autre côté, ils ont dans leurs documents la charte de la laïcité et ils ne l'ont pas suffisamment fait vivre, estime-t-elle. Je le leur rappelle et je leur demande de manière très concrète une méthodologie de mise en œuvre des recommandations du rapport. Mais je ne m'arrête pas là : quand vous aviez un agrément jeunesse éducation populaire, vous l'aviez un peu à vie ; je vais faire évoluer cette règle en me basant sur un amendement gouvernemental dans le cadre du projet de loi qu'il y a au Sénat actuellement pour que cet agrément jeunesse éducation populaire soit réexaminé tous les 8 ans. Je m'aligne sur le sport", souligne-t-elle.

D'après Sarah El Haïry, "s'il y a aujourd'hui, dans notre pays, une partie des gens qui utilisent de magnifiques véhicules comme la structure associative pour ne pas défendre ce qui fait notre unité, il y a toute une partie du monde de l'éducation populaire qui accompagne nos gamins pour les émanciper, trouver les bonnes réponses, sont à leurs côtés. Et je me dois de les outiller ! On va renforcer les modules du Bafa, avec des modules beaucoup plus forts sur les principes de la République et sur la laïcité".

 

Unef : "Choisir les gens en fonction de leur couleur de peau, pour moi, ça s’appelle du racisme"

L’Unef organise, comme de nombreuses autres associations et organisations, des réunions en non-mixité. "Je suis absolument en colère contre ça, précise la secrétaire d’État. Je condamne fermement un, l’organisation de réunions comme ça, et deux, la dérive. J’étais à l’université, et j’ai combattu l’Unef, parce qu’on n’était pas dans la même philosophie, précise Sarah El Haïry. Pour elle, l’Unef n’est absolument pas dans le rôle, aujourd’hui, d’une organisation syndicale" qui consiste à défendre "les droits des étudiants" ou encore l’accès aux bourses. Pour la secrétaire d’État, l’Unef "est en train de faire un glissement idéologique qui, au lieu d’être dans ce débat, aujourd’hui, elle se politise". Néanmoins, Sarah El Haïry appelle à ce que les membres de l’Unef se saisissent "des propos de sa présidente" qui, elle l'espère, "ne sont pas partagés très largement".

Si elle ne juge pas que l’Unef fait de l’appel à la haine, elle demande : "quand vous dites 'c’est ouvert aux non blancs et fermé aux blancs', alors moi je me mets où ? Choisir les gens en fonction de leur couleur de peau, pour moi, ça s’appelle du racisme." Sarah El Haïry explique qu’elle luttera toujours contre le racisme, "qu’il soit porté par l’Unef, par la voix de sa présidente, ou par Marine Le Pen, qui divise".

 

Droit de vote à 16 ans pour les municipales, "ça vaut le coup de creuser !"

Sur le droit de vote à 16 ans pour les municipales, "ça vaut le coup de creuser ! estime Sarah El Haïry. On a une aspiration de notre jeunesse qui a envie de prendre pleinement sa part dans notre débat public. Quand on a ouvert la réserve civique pendant le premier confinement, nous avons des jeunes dès 16 ans qui se sont engagés, rappelle-t-elle. Cette jeunesse, entre 16 et 18 ans, elle s'engage. Les élections municipales ont la particularité d'être très proches. Ça vaut le coup d'ouvrir ce débat-là aujourd'hui, je n'ai pas d'avis extrêmement tranché sur le sujet".

 

 

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