La situation autour de la guerre en Ukraine s’est envenimée après le clash en direct entre Donald Trump, J.D. Vance et Volodymir Zelensky à la Maison Blanche. Claude Blanchemaison, ancien ambassadeur de France à Moscou, auteur de "Vivre avec Poutine" (Éditions Temporis) explique que "la difficulté de la situation actuelle est qu’il y a trois sujets sur la table".
Sauver l'Ukraine, "ce n’est pas la priorité de Trump"
"Le premier sujet est que Trump veut rétablir des relations normales entre les États-Unis d’Amérique et la Russie de Poutine." Ensuite, il y a l’Ukraine qui "pour Trump, est un sujet secondaire" et enfin, le fait que l’Europe "doit s’organiser à moyen et long terme pour avoir sa propre défense". Or, concernant l’Ukraine, la question reste de savoir comment la sauver, souligne l’ancien ambassadeur. Et "ça va être difficile, car ce n’est pas la priorité de Trump".
Trump, qui veut donc renouer avec la Russie, place déjà ses pions : "accords économiques", relance des liens diplomatiques, et incitation à l’investissement en Russie de la part des entreprises américaines. "C’est quand même un peu gênant pour l’Europe parce que l’administration américaine précédente avait entraîné l’Europe dans un boycott complet de la Russie" et a conduit à couper tout dialogue. Les paquets de sanctions, dont le 16e a été adopté fin février, "font que les flux économiques ont tari".
Les États-Unis "ne vont pas sortir de l'OTAN"
Concernant le réarmement de l’Europe, l’Union est largement en retard. Or, ce n’est pas forcément la faute des États-Unis, explique Claude Blanchemaison, puisque les administrations américaines précédentes disaient déjà : "il faut prendre en charge votre défense, votre sécurité". Mais "ça va prendre du temps, des années. Et en plus, il faut qu’on s’organise". L’économie n’est en outre pas en "économie de guerre" et nous n’avons plus d'"arsenaux".
L’ancien ambassadeur n’est néanmoins pas contre le fait que la France se charge de la dissuasion nucléaire pour l’Europe, "tout en gardant le bouton". La France pourrait donc "étendre, de facto, une partie de notre dissuasion nucléaire à nos pays voisins". Mais si l’arme nucléaire n’est que faite pour dissuader, elle n’est donc pas "faite pour s’en servir". "Et si on ne s’en sert pas, ça veut dire qu’il faut des moyens conventionnels." Mais ça nécessite une véritable industrie de l’armement européenne. "Actuellement, 70% des achats d’armement sont faits aux États-Unis", rappelle Claude Blanchemaison.
Mais alors que Donald Trump et certains élus proches de ce dernier menacent de sortir de l’OTAN, Claude Blanchemaison n’y croit pas : "ils ne vont pas sortir de l’OTAN, il ne vont pas tuer l’OTAN". "Ne serait-ce que parce que les entreprises américaines qui fabriquent de l’armement ne le toléreraient pas."
Emmanuel Macron a proposé une trêve partielle d’un mois, sauf concernant le conflit sur terre. "C’est très court. Ça correspond probablement à la période de Pâques", notamment car la Pâques orthodoxe et la Pâques romaine tombent quasiment en même temps cette année 2025. "Pourquoi pas", commente l’ancien ambassadeur à Moscou. Mais "je ne suis pas sûr que l’Ukraine soit enchantée de cette idée" et "on ne peut pas faire sans l’Ukraine".
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